Publié le 2 Jun 2020 - 16:03
MANIFESTATION VIOLENTE AU CAP SKIRRING

Aux sources d’une explosion de violence

 

Au-delà de la question de l’accès à l’eau potable - une vieille doléance des populations - l’Etat d’urgence et le couvre-feu - selon nos sources, sont à l’origine des violences notées samedi dernier au Cap Skirring.

 

La problématique de l’eau et les questions d’assainissement ont toujours été une préoccupation majeure pour les populations de Cap Skirring. L’accès à une eau potable a toujours été un casse-tête quotidien pour les habitants. A ces contraintes, s’ajoutent la promiscuité et l’humidité. Une situation qui contraste avec l’autre visage qu’offre la station balnéaire. Cela indispose, depuis belle lurette, les 12 000 âmes qui y vivent et ne comptent que ou presque sur l’activité touristique. L’on se souvient qu’en 2019, ces mêmes populations avaient menacé de vote-sanction contre le président Macky Sall, parce que simplement, en mars 2018, le ministre de l’Hydraulique de l’époque, Mansour Faye, s’y était rendu pour ‘’servir des promesses qu’il n’a jamais respectées’’. C’est la raison de la manifestation violente, samedi dernier, des populations qui dénoncent le manque d’eau potable.

Le point de presse et la marche interdite qui devaient se tenir en vue de la remise d’un mémorandum au sous-préfet de Cabrousse se sont vite transformés en un face-à-face avec les forces de l’ordre. Il a fallu attendre les renforts venus de Ziguinchor pour contenir la colère des manifestants. Depuis, la situation est calme, même si la tension est toujours palpable. Les cinq leaders et onze autres personnes avaient été arrêtés par les gendarmes avant d’être libérés.

Selon une source, les leaders sont convoqués, ce mardi, par le procureur. 

Notre interlocuteur précise, toutefois, que la question de l’accès à l’eau potable n’explique pas à elle seule cette violence au Cap Skirring. ‘’La principale cause, c’est effectivement l’eau. Mais il y a problème dans notre localité. Chez nous, le port du masque, par exemple, est obligatoire sous peine d’amende qui varie entre 5 000 et 6 000 F, alors qu’à Cabrousse, à Djimbéring ou encore à Boucotte, les forces de l’ordre n’appliquent pas la même rigueur’’, regrette notre interlocuteur. Qui ajoute que les populations sont très remontées contre cette situation de confinement dans lequel elles vivent.

Autre explication, dit-il, avec la fermeture des hôtels, campements et bars restaurants, les populations, les jeunes notamment, sont désœuvrées. Ils ne peuvent même pas s’adonner à d’autres activités : jouer au ballon ou faire une promenade à la plage. Toutes choses qui expliquent, selon lui, cette violence notée samedi dernier. De l’avis d’une source proche des autorités territoriales, ces violences sont la conséquence d’une ‘’cristallisation de facteurs’’. Parmi eux, la forte réaction des forces de l’ordre.

 
Le procureur fait libérer les 16 manifestants interpellés
 
Ce samedi 30 mai, une partie de la population de la commune de Cap Skirring a organisé une manifestation publique qui a occasionné de graves troubles à l’ordre public, en dépit de l’interdiction du sous-préfet de Cabrousse. 
 
Selon un communiqué de la gendarmerie parvenu hier à notre rédaction, au Cap Skirring, les manifestants ont envahi ‘’illégalement’’ la place publique de la commune où se déroulait la distribution de l’aide alimentaire d’urgence, en début de matinée.
 
Devant des manifestants composés essentiellement de jeunes déterminés à en découdre et opposant une violente résistance, d’après le document, la brigade de gendarmerie de Cap Skirring a fait usage de la force pour rétablir l’ordre sur réquisition du sous-préfet. Faisant preuve toutefois de calme et de discernement, les commandants de brigade et du peloton spécial ont agi de façon ‘’progressive’’ et ‘’proportionnelle’’, dans le cadre des dispositions de la loi 69-29 du 29 avril 1969 relative à l’état d’urgence et la loi 70-37 du 13 octobre 1970. 
 
Le bilan des opérations est de 3 blessés évacués à l’hôpital de Ziguinchor du côté des manifestants et de 3 autres du côté des gendarmes de la brigade. Deux véhicules de l’unité ont été endommagés. Selon la note, 16 manifestants interpellés pour participation à une manifestation interdite, attaque et résistance avec violences et voies de faits envers la force publique ont été, par la suite, relaxés sur instruction du parquet de Ziguinchor. De ce fait, renseigne la note, ‘’Le Haut-Commandant de la gendarmerie nationale appelle les populations au calme et au respect des mesures édictées par les autorités administratives, conformément aux lois et règlements en vigueur’’, lit-on dans le communiqué.
 
CHEIKH THIAM
 
 
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

 

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