Publié le 7 Aug 2013 - 14:27
MARCHÉS PUBLICS DES VÉHICULES DE L'ADMINISTRATION

 Serigne Mboup seul face au lobby des concessionnaires

 

S'estimant écarté dans la commande publique notamment de voiture, le Président directeur général du Holding CCBM,  Serigne Mboup, affirme que son usine de montage de Pick up risque la fermeture.

 

 Dans la bataille à l'accès à la commande publique, le groupe CCBM semble condamné à toujours perdre, en ce qui concerne le matériel roulant. Selon son Président directeur général Serigne Mboup, le groupe CCBM court à la ''fermeture de son usine de montage de Pick up, Station Wagon et Berlines, et la perte de plus de 1 000 emplois directs et 10 000 induits'', si ''les pratiques tendant à l'écarter de la commande publique'' devaient se poursuivre.

Son groupe a décidé de saisir l'Autorité de régulation des marchés publics (ARMP), après la diffusion de l'avis d'attribution provisoire N°743 du 10 mai 2013 pour l'acquisition de matériels roulants par la Direction du Matériel et du Transit administratif. Pour cet appel d'offres, le groupe conteste le rejet de ses lots 04, 05, 06, 07, et 08. Le groupe a d'abord réagi, en envoyant une lettre de demande de recours gracieux à la Direction du Matériel et du Transit administratif, en date du 18 juillet, pour être édifiée sur les motifs du rejet de ses offres.

D'autant que pour le lot 4 de 30 véhicules tout terrain 4x4 diesel station wagon, l'offre de la CCBM, arrêtée à 537 millions F Cfa, est moins disante et laisse apparaître une différence de 258 millions F Cfa par rapport à l'attributaire provisoire (795 millions F Cfa). La direction du Matériel a motivé son rejet par le fait que ''le prospectus proposé ne renseigne pas sur la puissance fiscale requise dans le document d'appel d'offres'' et par le fait que le véhicule de marque Haval 5 proposé dispose d'un réservoir de 70 litres au lieu des 80 litres exigés. Ce que CCBM conteste. ''Nous avons bien proposé dans les spécifications techniques de notre offre que la puissance fiscale du véhicule Haval H5 est  de 11cv'', peut-on lire dans la correspondance adressée au comité de Règlement des différends de l'Armp. CCBM ajoute que le véhicule dispose bien d'un réservoir de 80 litres exigé. Même cas de figure pour les lots 06, 07 et 08. À chaque fois, la CCBM a fait une offre moins disante que l'attributaire. En témoigne le lot 06 de 03 bus de 30 à 35 places de 34 millions. Le groupe de Serigne Mboup a offert 87 millions contre  121 millions pour l'attributaire provisoire. Le lot 05 de 40 véhicules Pick up double cabine est également passé sous le nez du groupe, alors que la CCBM estime que le véhicule de l'attributaire provisoire ne comporte pas les deux airbags requis par le DAO.

 

10 appels d'offres perdus, depuis le début de l'année

Au total,  depuis le début de l'année 2013, la CCBM a perdu 10 appels d'offres et est en passe de perdre le onzième. Le coup est d'autant plus rude que, selon Serigne Mboup, ''le montant des marchés déjà attribués à la concurrence depuis le début de cette année s'élève à 5 833 832 000 F Cfa là où nos propositions financières sont de 3 692 800 000 F Cfa, soit une différence de 2 141 032 000 F Cfa (58%)''. Y a-t-il une conspiration des lobbies d'affaires français et libanais qui contrôlent ce secteur au détriment d'une entreprise cent pour cent sénégalaise ? Le patron de CCBM fait en tout cas remarquer que son groupe constitué avec un capital à 100% sénégalais, a créé la première usine de montage Pick up, Station Wagon et Berlines qui a nécessité un investissement de plus 15 milliards. À ce titre, ''exclure l'industrie locale créatrice de valeur ajoutée et d'emplois'' est contraire aux ''principes d'équité de justice et d'égal accès de tous à la commande publique''.

En effet, les principaux griefs retenus contre les véhicules montés par le groupe sont, entre autres, le nombre de places pour les 4x4 stations wagon (7 places assises au moins). Le patron de CCBM fait remarquer que ''ce critère ne contribue qu'à exclure de la compétition plusieurs concessionnaires''. D'autant que ''l'usage privatif d'un véhicule de service est strictement interdit conformément à l'article 10 du décret n°2008-695 du 30 juin 2008'' et de ce fait ''ne sera jamais appelé à transporter 07 personnes''. La tendance mondiale, se défend la société, est la réduction ; ces véhicules n'étant pas destinés au transport en commun. On reproche aussi à ces véhicules de ne pas être équipés de moteur grosse cylindrée (3000cc) qui ''sont grande consommatrice de carburant, alors que la tendance mondiale va dans le sens du moteur turbo de cylindrée moindre avec une consommation réduite, mais une puissance plus importante. Compte non pris des avantages sur le plan de la protection de l'environnement.

En tout cas, le bras de fer se poursuit pour que les attributions ne soient pas pliées avant même que les appels d'offres ne soient lancés, souvent pour ne mettre que les formes en se réfugiant derrière des procédures pilotées par des mains bien invisibles.  

 

 

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