Publié le 27 Mar 2023 - 17:05
PÊCHE

Joal, le nouveau hub de transformation de produits halieutiques

 

La note  de conjoncture de la DPEE revient sur la situation économique du dernier trimestre de l’année 2022. Les ménages et les travailleurs du primaire n’ont pas été à la fête.

 

La crise économique internationale affecte les ménages sénégalais. Les conséquences de la pandémie de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine sur les cours mondiaux ont haussé l’inflation qui a atteint 11 % en juillet 2022.

Selon les statistiques du Fonds monétaire international (FMI), ‘’l'inflation moyenne (en 2022) a atteint 9,7 %, son plus haut niveau depuis plusieurs décennies, en grande partie du fait de la flambée des prix des denrées alimentaires’’. L’impact de ces chiffres a été mesuré par la Direction de la prévision des études économiques (DPEE) dans la note de conjoncture économique du quatrième trimestre 2022. L’enquête de perception de la conjoncture par les ménages (EPCM) fait ressortir qu’à Dakar, ‘’un peu plus de la moitié des familles enquêtées (51,90 %) assurent trois repas par jour au quatrième trimestre, contre 66,0 % au trimestre précédent, soit une baisse de 14,1 points en variation trimestrielle’’.

En d’autres termes, seul un ménage sur deux assure les trois repas quotidiens. Une situation beaucoup plus alarmante pour 15,8 % d’autres familles.

En effet, le document indique qu’il s’agit de la proportion de ménages qui n’assurent qu’un seul repas par jour. Par déduction, ceci correspond à 32,3 % des ménages qui ne prennent que deux repas par jour.

Dans toutes ces familles, la hausse des dépenses alimentaires constitue le plus gros choc à encaisser. Et malgré les subventions de l’énergie réalisées par le gouvernement au cours de l’année, 64,1 % des foyers ont noté une hausse entre leurs deux dernières factures d’électricité.  

Une bonne campagne agricole 2022-2023

Les prévisions établies par les économistes au cours du dernier trimestre 2022, tablent sur une campagne agricole 2022-2023 meilleure que celle de l’année précédente.

En effet, une hausse des récoltes de céréales est attendue, malgré un recul des superficies cultivées : ‘’La production céréalière, au titre de la campagne agricole 2022-2023, devrait s’établir à 3 663 690,2 t, en hausse de 5,3 % par rapport à la précédente, malgré une légère baisse des superficies (-0,5 %).’’

Dans le détail, ces statistiques devraient s’appliquer à travers les hausses enregistrées au niveau de la production de riz (+6,2 %), de mil (+5,5 %), de maïs (+4,4 %) et de sorgho (+3,0 %) avec des quantités respectives de 1 409 120 t, 1 097 033 t, 787 750 t et 363 164 t.  

Concernant le riz, l’accroissement serait essentiellement lié aux performances relevées dans le Sud, notamment dans les départements de Kolda (+4,3 %), Bignona (+165,4 %) et Goudomp (+29,1 %) avec des productions respectives de 156 709 t, 130 806 t et 126 377 t. Ces progressions, analysent les économistes, résulteraient d’une hausse des surfaces exploitées de 7,2 % à Kolda, 101,3 % à Bignona et 3,5 % à Goudomp.

Par contre, la production dans le département de Dagana s’est établie à 276 279 t, en baisse de 24,6 %, suite au fort repli des superficies mises en valeur (-26,6 %).

Les bonnes performances attribuées au mil sont plus notables dans le centre du pays, entre Foundiougne (+11,3 %), Koungheul (+20,6 %) et Kaffrine (+19,7 %) et, d’autre part, Fatick (-6,1 %) et Nioro du Rip (-18,1 %). S’agissant du maïs, le renforcement de la production (+4,4 %) reflète les performances enregistrées à Vélingara (+5,1 %) et à Nioro du Rip (+7,5 %), malgré le recul noté à Sédhiou (-10,5 %).

Une pluviométrie abondante

Selon le document partagé par la DPEE, la hausse des productions est également la conséquence d’une pluviométrie excédentaire sur l’ensemble des zones concernées. Les activités pluvieuses ont été plus abondantes dans pratiquement tout le pays, avec des hausses de 48,4 % au Sud, 37,9 % au Centre, 19,5 % à l’Est, 24,8 % au Nord et 41,2 % à l’Ouest.

Tout ne sera pas rose dans les perspectives de la fin de la campagne 2022-2023. Les économistes précisent que les cultures destinées à l’industrie et/ou aux exportations présentent un bilan agricole négatif sur la plupart des spéculations.

En effet, la production arachidière a baissé de 10,5 % (1 501 498 t), le fruit des contreperformances notées, en particulier à Nioro du Rip (-4,9 %), à Médina Yoro (-21,8 %) et à Foundiougne (-15,2 %) avec des quantités respectives de 108 090 t, 95 985 t et 80 517 t.

De plus, les superficies cultivées ont été réduites de 11,3 %. D’autres fléchissements ont été relevés sur le niébé (- 36,4 %), la pastèque (-7,4 %) et le manioc (-0,5 %) avec des quantités respectives de 152 211 t, 1 492 625 t et 1 322 803 t.

Par contre, la production de sésame a progressé de 7,5 %, s’établissant à 40 401 t.

La fin d’année 2022 s’est également illustrée par un recul de prises dans la pêche artisanale. Celle-ci a reculé de 2,2 % par rapport au trimestre précédent, en liaison avec le retrait des débarquements dans les régions de Thiès (-6,0 %), Dakar (-6,7 %) et Louga (-14,5 %). Dans ces différentes régions, explique la DPEE, les contreperformances sont imputables aux changements climatiques, à l’arrêt de la pêche nocturne et à la rareté progressive des ressources halieutiques.

Recul des prises de la pêche artisanale

Sur un an, l’activité de pêche s’est repliée de 12,4 % au quatrième trimestre 2022, sous l’effet de la contraction de sa composante artisanale (-23,4 %). Le recul de cette dernière reflète les mauvais résultats enregistrés dans les régions de Dakar (-34,3 %), Thiès (-26,9 %), Saint-Louis (-16,6 %) et Ziguinchor (-29,0 %), suite au prolongement de la saison des pluies et au démarrage tardif de l’upwelling.

Toutefois, ces contreperformances sont minorées par les prises de la pêche industrielle qui ont connu une hausse de 26,8 % de la production au quatrième trimestre 2022, en rythme trimestriel. Sur l’année 2022, une contraction de 4,7 % de la pêche est notée, portée aussi bien par la pêche industrielle (-3,0 %) que celle artisanale (-5,7 %). Pour cette dernière, le repli enregistré est consécutif à la baisse des captures dans les régions de Dakar (-14,5 %) et Thiès (-16,3 %), dans un contexte de rareté progressive des espèces. Pour sa part, le recul de la pêche industrielle, sur la période, est en liaison avec la diminution des entrées de bateaux au niveau du port de Dakar (3 473 navires sur l’année 2022, contre 3 699 navires sur l’année 2021).

Lamine Diouf

 

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