Publié le 6 Aug 2016 - 17:07
PUBLICATION DES RESULTATS DU BAC DE 2013 A 2016

Les conséquences des grèves à travers une courbe

 

L’Union nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal (Unapees) a sorti un tableau résumant les résultats du baccalauréat de 2001 à 2016. Une analyse approfondie des chiffres révèlent clairement que la chute du taux de réussite est intervenue en 2008. L’année qui marque les premiers effets des grèves cycliques dans le système éducatif.

 

Les résultats au baccalauréat ont suivi une courbe en deux temps entre 2001 et 2016. L’Union nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal (Unapees) qui s’est appuyée sur les informations de l’Office du bac a dressé un tableau pour aider les parents d’élèves et autres intéressés. Le graphique indique des résultats qui n’ont presque cessé de croître jusqu’en 2007 pour ensuite chuter régulièrement depuis lors. Ainsi, de 35,1% en 2001, le taux de réussite au baccalauréat est passé à  48,6% en 2007. Dans cet intervalle, il n’y a eu qu’une petite baisse en 2005. Le taux a été de 45,4% cette année-là contre 46,1% en 2004. Et dès 2006, la courbe a augmenté à nouveau pour s’arrêter à 48,8%. De véritables performances qui, si elles étaient maintenues, auraient conduit le Sénégal sans doute à plus de 50% aujourd’hui.

2006 est donc l’année pendant laquelle le taux de réussite a été le plus élevé durant ces 15 derniers examens du bac. Elle est aussi l’année charnière. Celle qui marque le début de création des syndicats du moyen-secondaire mais aussi le déclenchement des hostilités. Ces résultats graduels ci-dessus s’expliquent donc par leur contexte. A l’époque, il n’y avait pas encore de nombreuses perturbations dans le système. Les grèves, s’il y en  avait, étaient très minimes et n’avaient pas un impact négatif réel sur les enseignements/apprentissages.

Par contre, à partir de 2008, le taux de réussite s’est littéralement effondré. Il est de 41,8% cette année-là.  Celle qui l’a suivie a été marquée par une chute libre. Les résultats ont été catastrophiques, 34,7% (2009). 2010 a connu un léger mieux (42,2%) avant que la courbe ne baisse à nouveau : 38%, 38,2% et 38,5% respectivement en 2011, 2012 et 2013. Certainement que la politique de l’accès à l’éducation menée par le gouvernement n’a pas manqué d’augmenter considérablement le nombre de candidats. Mais les grèves ne sont pas étrangères à cette situation.  ‘’Quand il y a des grèves cycliques, l’espace scolaire est perturbé et il y a des conséquences négatives sur les enseignements/apprentissages. C’est ce qui fait que les taux de réussite baissent’’, explique Abdoulaye Fané, président de l’Unapees.

La logique de la confrontation

Le bras de fer a véritablement démarré en 2008, lorsque la tutelle a refusé de négocier avec les enseignants, privilégiant la confrontation. Les conséquences sur les apprenants n’ont pas échappé aux parents d’élèves. ‘’Cette situation nous pousse à dire que les élèves qui sont actuellement en Terminale vivent les conséquences des grèves de 2007 au moment où Kalidou Diallo était le ministre de l’Education nationale’’, se rappelle notre interlocuteur. La situation est restée toujours la même, puisque le pouvoir actuel est aussi dans cette même logique d’affrontement.

Pour éviter que la courbe ne cesse de décroître et qu’il remonte surtout, l’Unapees invite les acteurs à profiter des vacances pour trouver un terrain d’entente afin d’apaiser le climat social. Seulement, avec la déclaration d’avant-hier du président de la République, ça sent plus le roussi que la solution. Macky Sall a soutenu qu’il ne céderait plus au chantage d’une minorité syndicale bruyante qui s’accapare tout au détriment de la grande majorité silencieuse.

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Babou Diaham  sur la non-publication des rapports sur le site de l’office du bac.

 ‘’Ce n’est pas important…’’

L’office du bac avait pour tradition de publier sur son site les rapports sur les examens du baccalauréat. De 2001 jusqu’à 2013, les documents à ce sujet ont été rendus publics sans discontinuité. Cependant, depuis 2014, le citoyen n’a plus droit à ces informations, via le support électronique. ‘’Nous sommes juste étonnés que l’Office du Bac ne publie plus son Rapport sur le Bac depuis 2014 ! Même s’il est bien évidemment trop tôt pour une publication du rapport 2016, ceux de 2014 et 2015 manquent cruellement pour suivre l’évolution de notre système éducatif’’, s’inquiète l’Unapees.

EnQuête a contacté la structure pour en savoir plus. Ce qu’il y a à tirer de cet échange, c’est que désormais, pour disposer du document, il faut nécessairement se déplacer à l’Office du bac et en faire la demande. ‘’Si vous en avez besoin, vous venez ici, on vous le donne’’, répond au bout du fil le directeur de la structure Babou Diaham. Selon lui, les rapports n’ont pas été publiés parce que ‘’ce n’est pas important’’. ‘’Les gens qui en ont besoin viennent nous voir et on le leur donne. On regarde aussi la fréquentation du site. S’il n’y a pas beaucoup de consultations, on… (Il ne termine pas)’’, poursuit-t-il.

A l’heure où Internet permet à chaque citoyen de disposer de l’information sans pour autant être obligé de se déplacer, Babou Diaham s’étonne qu’un journaliste puisse se poser des questions sur la non-publication des rapports sur le site officiel de l’organe dédié. ‘’Il faut faire des investigations sur des choses qui méritent ça (sic). Si vous avez besoin des informations, vous nous demandez, on vous donne. Mais  ne nous demandez pas pourquoi nous n’avons pas publié. Je ne vois pas l’intérêt de faire un papier sur ça’’, lance-t-il.

Le gouvernement avait organisé le forum de l’Administration pour identifier les goulots d’étranglement dans la Fonction publique pour ensuite les éradiquer. Quelques mois après, à l’aune de cette réponse, il s’avère évident que le combat est loin d’être gagné. 

AIDA DIENE

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