Publié le 24 May 2019 - 02:48
RAPPORT SUR LA PRESIDENTIELLE 2019

Les observateurs africains notent le Sénégal

 

La Moesca (Mission d’observation électorale de la société civile africaine) a rendu public son rapport final sur la Présidentielle sénégalaise du 24 février 2019. Les observateurs ont certes délivré un satisfécit à notre pays, mais ils ont relevé des griefs.

 

‘’La Présidentielle du 24 février 2019, en République du Sénégal, est intervenue dans un contexte politique et électoral tendu, ayant laissé craindre légitimement des risques de violences aggravées. La Moesca a relevé, avec satisfaction, que malgré un tel risque, finalement, tout s’est déroulé dans le calme et la sérénité. Preuve, encore une fois, de la maturité du peuple sénégalais et de la retenue citoyenne pour certains, ou abstention pacifique pour d’autres des acteurs politiques sénégalais, honorant tout de même ainsi, et de manière civilisée, notre continent’’.

Le constat est de la Moesca (Mission d’observation électorale de la société civile africaine) qui a rendu son rapport final sur ces joutes électorales. Cependant, malgré ce satisfecit, les observateurs n’ont pas manqué de soulever quelques griefs. ‘’L’élection de  2019, à notre entendement, s’est inscrite dans un contexte de faible dialogue entre le pouvoir en place et les partis d’opposition, entrainant de surcroît un déficit de confiance entre les acteurs’’, déplore la Moesca dont l’un des griefs est relatif au déroulement de la campagne électorale.

Ainsi, elle a relevé l’absence de code de conduite encadrant le comportement des partis politiques. ‘’Cette lacune n’est pas de nature à créer un climat propice à une conduite apaisée des activités de campagne des candidats et de leurs militants’’, souligne-t-elle, tout en déplorant les violences électorales. L’absence de législation encadrant les dépenses de campagne électorale est également fustigée. Cette absence, notent les observateurs, ‘’n’est pas de nature à favoriser le principe d’égalité de chances entre les candidats en compétition pour la magistrature suprême’’. Le coordonnateur général de la Moesca, Dr Dagbara Innocent Touré et ses collaborateurs ont constaté aussi ‘’la disproportionnalité des affiches et encarts publicitaires des candidats dont la forme et la taille rivalisaient en fonction des moyens déployés par tel ou tel candidat’’. 

Aux acteurs politiques, invite leur est faite de ‘’cesser la politique de boycott ou de la chaise vide, concernant tout aspect de recherche de consensus à faire à l’échelon national entre acteurs et participer à chaque fois dans un cadre citoyen et républicain au dialogue politique et à la concertation permanente sur tous sujets, même jugés de fâcheux nationaux dont on ne réussit pas à s’accorder (mais dont solution idoine n’arrivera que par cette même concertation à force d’en discuter ensemble), tout comme sur le cadre légal relatif aux élections et aussi concernant la loi sur le parrainage et la structuration efficiente des organes en charge des élections au Sénégal, afin de parvenir à des dispositions consensuelles propices à la tenue d’élections apaisées’’.

En fait, selon la Moesca, ‘’le boycott est une disposition de liberté de choix et de liberté d’expression’’ certes, mais qui peut ‘’grandement desservir qui l’utilise fréquemment en Afrique. Il convient d’en tenir compte de ces divers enseignements par quiconque, pour avancer et glaner des points ou gagner des paris par le dialogue’’.

Quant au gouvernement, le rapport final lui recommande ‘’d’aller plus loin dans les réformes institutionnelles électorales en vue de mieux se conformer à la Charte africaine pour la démocratie, les élections et la gouvernance, au Protocole de la Cedeao sur la démocratie et la gouvernance, sans oublier de rester fidèle aux exigences et traités universels qui fondent une nation démocratique’’.

Le bulletin unique, réforme du parrainage et de la parité

Il lui est aussi demandé d’entamer des réflexions et des consultations nationales pour renforcer l’indépendance et l’impartialité des organes en charge des élections, conformément aux requis de la zone Cedeao, tout comme ceux relatifs de l’Union africaine, afin de renforcer les conditions de confiance nécessaire à un processus électoral de confiance en amont et apaisé’’.  

Même s’il est jugé ‘’salutaire’’ par les observateurs, le parrainage est également critiqué, puisque le gouvernement est invité, à cet effet, ‘’à fixer avec clarté et dans la transparence toutes les modalités de validation des parrainages afin de vaincre le climat de suspicion à l’égard de l’intégrité du processus électoral’’. 

S’agissant de la parité, les observateurs proposent la mise en place des mécanismes concrets, y compris à travers une réforme de la loi, pour accroître davantage la participation des femmes dans les postes décisionnels autres que électifs et semi-électifs.

En outre, la mission préconise que le candidat arrivé en second de la présidentielle, jouisse automatiquement du statut de leader de l’opposition. L’instauration du bulletin unique est suggérée. Car, pour la mission, ‘’ la loi sur le parrainage mettant barrage à la pléthore de candidatures, des fois certaines fantaisistes, peut être un facteur important pour l’introduction au Sénégal du bulletin unique à souches, afin de suppléer la donne actuelle des bulletins multiples (bulletins par candidat),  lequel peut permettre à l’Etat, dans le cadre de la bonne gouvernance, de faire des économies importantes par rapport au phénomène des bulletins multiples (bulletins par candidat) au Sénégal qui coûtent cher pour beaucoup dans l’organisation des élections’’.

FATOU SY

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