Publié le 21 Nov 2012 - 09:20
RDC

Les rebelles contrôlent Goma, le Rwanda appelle Kabila à négocier

 

 

Les rebelles du M23 ont pris mardi le contrôle de Goma, capitale régionale de la riche région minière du Nord-Kivu dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), une ville réoccupée pour la première fois depuis sa conquête en 1998 par des rebelles pro-rwandais.

 

 

Le Rwanda, accusé par Kinshasa et l'ONU de soutenir le Mouvement du 23 Mars (M23) a pris acte de la chute de la ville et demandé aux gouvernement congolais de négocier avec les rebelles. Le M23 n'a guère rencontré de résistance de l'armée qui s'est regroupée à Saké, à une vingtaine de kilomètres au sud-est, selon plusieurs témoignages, et Goma semblait calme dans l'après-midi, a constaté l'AFP.

 

Le M23 "contrôle la ville de Goma et poursuit l'ennemi (. . . ) en débandade", a proclamé peu après midi le porte-parole du M23, le colonel Viannay Kazarama. Il a demandé à tous les militaires et policiers congolais en poste dans la ville de se rendre. Le chef militaire rebelle, Sultani Makenga, a ensuite fait son entrée avec une escorte. Cet officier qui avait fait défection de l'armée régulière en mai pour créer le M23 est accusé "d'horreurs à grande échelle (. . . ) contre les civils", par Washington qui l'a placé sur une liste noire de personnes sanctionnées.

 

De Kinshasa, le président congolais Joseph Kabila a demandé à tous les Congolais de se mobiliser pour "défendre leur souveraineté" contre l'agression dont la RDC se dit victime de la part du Rwanda. Kigali, qui dément soutenir le M23, a appelé le gouvernement congolais à un "dialogue politique" direct avec les rebelles, des négociations avec toute l'opposition déjà exigées par les rebelles lundi mais auxquelles Kinshasa s'est jusqu'ici refusé. "Ce qui s'est passé aujourd'hui à Goma montre clairement que l'option militaire (. . . ) a échoué et que le dialogue politique" est la seule option, a affirmé la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo.

 

Joseph Kabila s'est rendu mardi après-midi à Kampala, pour discuter de la crise avec le président ougandais Yoweri Museveni et les autres Etats de la région des Grands Lacs. L'Ouganda a aussi été mis en cause par l'ONU pour son aide au M23. La France a réclamé une révision du mandat des 17. 000 Casques bleus déployés en RDC, qui n'ont pas été en mesure d'intervenir pour s'opposer à "quelques centaines d'hommes". "Déployer 17. 000 hommes et fixer un mandat qui ne permet pas d'intervenir, c'est absurde", a insisté le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.

 

A Goma, l'ambiance s'est détendue dans l'après-midi : les habitants ont recommencé à apparaître dans les rues alors que les soldats du M23 circulaient sans incident. La ville ne portait pas de traces de destruction. Mais 37 personnes blessées par balles, dont 12 enfants, étaient soignées à l'hôpital Heal Africa. Les rebelles ont aussi pris le contrôle des deux postes-frontières avec la ville rwandaise voisine de Gisenyi, a constaté l'AFP. Goma avait déjà été occupée à deux reprises en 1996 et 1998 par des rébellions, appuyées par le Rwanda voisin. En 2008, une précédente rébellion, menée par Laurent Nkunda, s'était arrêtée aux portes de la ville après avoir défait l'armée.

 

Les nouveaux combats de ces derniers jours ont provoqué d'importants mouvements de population et notamment le déplacement de camps entiers de populations déplacées, désormais affamées, selon Médecins sans Frontières. "Il y a urgence car cela représente plus de 100. 000 déplacés, sans aucun abri, sans accès à l'eau, sans aucune nourriture et une partie d'entre eux sont porteurs de choléra", a souligné le Dr Marcela Allheimen, une responsable de MSF à Paris. L'ONU a par railleurs accusé les rebelles d'avoir enlevé des femmes et des enfants.

 

Le M23 a été créé début mai par des militaires, qui après avoir participé à une précédente rébellion, ont intégré l'armée congolaise en 2009, à la suite d'un accord de paix. Ils se sont mutinés en avril, arguant que Kinshasa n'avait pas respecté ses engagements. Ils refusent notamment d'être mutés dans d'autres régions, ce qui les éloignerait de leur zone d'influence dans l'est. Les provinces des Nord et Sud-Kivu sont le théâtre de conflits quasiment ininterrompus depuis une vingtaine d'années en raison de leurs richesses en ressources minières et agricoles, que se disputent le gouvernement congolais, divers mouvements rebelles et les pays voisins de la RDC, l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi.

 

 

Jeuneafrique

 

 

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