Publié le 24 Jun 2013 - 17:53
REGLEMENTS DE COMPTES AU SOMMET DE L'ARMP

Qui veut la peau du Dg Saër Niang ?

 

L'Autorité de régulation des marchés publics (Armp) occupe encore les devants de l'actualité, depuis la fracassante démission du président du Conseil de régulation, Abdoulaye Sylla, rendue publique vendredi dernier par L'As et Libération. EnQuête, qui s'est intéressée aux dessous de cette affaire, est en mesure de révéler que les raisons de ce départ sont pour le moins troubles. Nous avons essayé de fouiner dans la mare apparemment calme de l'Armp, mais bien trouble.  

En vérité, même si la presse n'en a pas trop fait allusion, les relations entre le président de l'Autorité de régulation des marchés publics (Armp) Abdoulaye Sylla et le Directeur général Saër Niang sont tendues depuis plus d'un an. Des membres du Conseil de l'Autorité avec qui nous nous sommes entretenus font état d'échanges verbales musclées lors des réunions qui se passent à huis clos. Des divergences étalées autour des recrutements, avancements du personnel, avantages salariaux. Il nous revient à ce propos que le cas du président du Conseil de régulation Abdoulaye Sylla s'est retrouvé au premier plan. Plusieurs fois l'actuel Directeur général de l'Armp a posé le problème en conseil, interpellant M. Sylla sur une violation de la loi qui interdit le cumul de salaires.

Le Président du Conseil émargeait à l'Armp, à l'Ige et à la Primature

Mais une source à l'interne relativise, expliquant que ce que recevait le président Sylla à l'Armp ne peut pas être considéré comme un salaire, mais plutôt comme des indemnités. En tout cas, selon des informations dignes de foi, le désormais ex-président de l'Armp, qui était en vérité à quatre mois de la fin de son mandat, bénéficiait d'un salaire net de 2,8 millions de francs Cfa, sans la prise en charge au niveau des Impôts et Domaines. Ce qui faisait tourner son salaire en termes de perçu mensuel à 3,3 millions de francs Cfa. Si l'on met sur la balance ce qu'il touchait au niveau de l'Inspection générale d'Etat, trois millions de francs Cfa, cela porte l'ardoise à des sommets ''bien intéressants'', selon les termes d'un membre du conseil. Cela n'intègre pas le carburant dont il était doté mensuellement, le véhicule 4X4 qu'on lui a attribué et les avantages qu'il a à la Primature du fait de sa casquette de président de la Commission des véhicules de l'administration.. Visiblement, M. Sylla, qui avait son bureau, sa secrétaire etc, n'était pas malheureux. Et on n'est pas trop loin du président du Conseil d'administration de l'Agence de régulation des postes et télécommunications, version Abdoulaye Wade.

Népotisme et largesses suspectes

C'est Abdoulaye Sylla était bien puissant dans la boîte. Ce n'est donc pas en toute quiétude que Saër Niang va tenir le gouvernail. Car, si ce dernier est vu par des proches du  Président du Conseil comme quelqu'un de cassant, qui perd souvent du temps sur des détails, c'est parce qu'il s'est plusieurs fois opposé à des promotions et augmentations de salaire, initiées souvent par M. Sylla. Selon nos investigations, le pic de la crise entre les deux hommes a été atteint lorsque M. Sylla a demandé que sa nièce, recrutée comme assistante à l'Autorité de régulation, devienne Contrôleur interne de la structure. Refus catégorique du Directeur général qui a préféré en faire une chargée de programme au niveau de la même structure, pour éviter le népotisme, renseigne un membre du conseil qui reconnaît que cette affaire a été évoquée en réunion de conseil. On avance des relations de parenté très poussées avec un autre membre du Conseil, mais, selon nos informations, il y a une ''unanimité'' sur les compétences de ce dernier qui ne font pas l'objet d'un doute.

D'autres cas de conflits ouverts ont été indexés comme par exemple lorsqu'il a fallu nommer une directrice de formation à l'Armp. Nos sources avancent qu'un cabinet de la place avait été sélectionné pour trier la liste sur des bases objectives de compétence. Au terme des procédures, le magistrat Oumar Sarr avait été choisi. Seulement quelques semaines après ce choix, ce dernier se retrouve secrétaire général de l'Agence des grands travaux (Apix). Sa place étant restée vacante, le président de l'Armp demande alors de recommencer la procédure. Le Dg ne plie pas, expliquant qu'il faut simplement prendre la suivante sur la liste qui n'est autre que Poulméry Bâ, sociologue expérimentée, qui a fait Khâgnes Hypokhâgne en France. L'affaire est débattue en réunion de conseil et Saër Niang finit par avoir raison sur Abdoulaye Sylla.

Le fauteuil du Dg en question

En vérité, c'est une vraie bataille de territoire que se mènent les deux hommes. Le Dg refusant systématiquement que le président s'immisce dans la gestion courante. Les rapports de force qui sont souvent allés en faveur du président du Conseil de l'Armp ; ce dernier comptant de solides soutiens au sein de la boite dont René Pascal Diouf, Coordonnateur de la Cellule des Enquêtes de l'Armp et bien d'autres unis  par la même communauté d'intérêts qui se conjugue avec augmentation de salaires et avancements etc.

Toutes ces manœuvres obéiraient selon nos sources à un seul objectif : la place du Directeur général. Nommé par le décret n°2011-143 du 27 janvier 2011, Saer Niang qui avait remplacé Youssouf Sakho, a du mal à se maintenir en équilibre car la posture est bien stratégique et les peaux de bananes bien nombreuses. Toute la question est de savoir jusqu'à quand parviendra-t-il à rester sur ses deux jambes...

GASTON COLY & M. WANE
 

 

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