Les imams sermonnent la classe politique

La majeure partie de la communauté musulmane de Saint-Louis a célébré, dimanche dernier, la fête de la Tabaski. Une occasion qui a été saisie par les imams de la capitale du Nord pour inviter les fidèles à un retour sincère vers Allah. Unanimement, ils ont également demandé aux politiciens de prendre de la hauteur dans leurs discours, pour préserver l’unité nationale et la paix sociale du pays.
C'est un public de fidèles venus très nombreux qui a pris part à la prière des deux Rakaas de Tabaski dirigée par l'imam ratib Cheikh Tidiane Diallo de la grande mosquée de Saint-Louis. Dans son sermon, l’imam Diallo est revenu sur plusieurs sujets dominant l'actualité nationale.
Ainsi, il a invité les musulmans à se rapprocher de Dieu, s’ils veulent un monde meilleur et tranquille. "Tant que nous ne suivons pas la voie tracée par Allah et enseignée par son Prophète, nous serons toujours dans des difficultés. C'est pourquoi les musulmans doivent se purifier, se repentir, s’amender et se remettre définitivement sur le droit chemin", a déclaré Cheikh Tidiane Diallo.
Pour l'imam ratib de Saint-Louis, avec la fin du monde qui se rapproche de jour en jour, le musulman doit renier le mal, les péchés et autres pratiques malsaines qui l’éloignent du Tout-Puissant, Allah. "Malgré les difficiles situations que nous vivons, les populations ont toujours tendance à faire de la matière une fin en soi. On constate de plus en plus que les gens n’adorent plus Dieu, mais plutôt la matière. Pour obtenir quelque chose dans la société, on n'hésite plus à cultiver la haine, la calomnie et l’animosité", a-t-il dénoncé.
L’imam Diallo souligne qu’actuellement, la matière a supplanté Dieu, que l’individualisme a poussé de nombreux concitoyens à privilégier la famille nucléaire au détriment de la grande famille.
La tribune offerte a été aussi saisie par l'homme de Dieu pour alerter sur les dérives notées dans l'espace politique. À l'en croire, le Sénégal n’appartient pas aux politiciens. "Qu'ils sachent qu’ils sont minoritaires dans ce pays. Donc, pour défendre leurs propres intérêts, ils n'ont pas le droit de brûler le Sénégal par des discours irresponsables. Le pouvoir et l'opposition sont renvoyés dos à dos. Ils sont tous responsables de la situation délétère et tendue que nous vivons. Raison pour laquelle nous les exhortons à élever le niveau des discours et présenter de bons programmes, en cette période de campagne électorale des Législatives, pour épargner le Sénégal des heurts et des bains de sang. Que l'opposition s'oppose et que le gouvernement gouverne dans un respect mutuel et dans le respect strict des textes et lois qui régissent le fonctionnement d'un pays de droit", a invité l'imam ratib de la grande mosquée de Saint-Louis.
Les religieux tirent la sonnette d'alarme
Aux mosquées Mame Tidiane Niang de Pikine-Tableau et Serigne Madior Cissé de Sindoné, les imams se sont focalisés, dans leur sermon, sur les élections législatives dont la campagne électorale a démarré ce dimanche. S'adressant aux fidèles musulmans, l’imam Khalifa Niang a invité les politiciens à plus de responsabilités pour des élections apaisées. "Pour sortir les populations de leurs misères, il faut concevoir de bons programmes de développement et les appliquer. Au lieu de se livrer à des déballages, des invectives, des injures qui ne servent à pas grande chose. Instaurez plutôt des discours responsables pour l'unité nationale. Car chacun d'entre nous rendra compte devant Dieu de ce qu’il fait et de ce qu’il a dit sur terre", a-t-il martelé.
Un appel que l'imam ratib de la mosquée Alhisan du quartier Sud, Mouhamed Abdallah Cissé, a conforté dans son sermon, lors de la Tabaski. Pour l’imam Cissé, seuls les débats d’idées importent les populations sénégalaises. "Les Sénégalais ont suffisamment souffert de la cherté de la vie. Elles n'ont nullement encore besoin de violence physique ou verbale. Le Sénégal a été très longtemps une vitrine de la démocratie en Afrique. Il faut préserver cette flamme. Pour les prochaines élections, que le meilleur gagne et que le vaincu accepte le verdict des urnes et continue de travailler pour le pays", a invité l’imam Mouhamed Abdallah Cissé.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS