Publié le 29 Jun 2018 - 23:17
SERVICE DE SOINS A LA COMMUNAUTE

L’implication des médecins décriée

 

La propension des praticiens à s’occuper des affaires administratives au détriment des soins n’est pas du goût de tous. Un panel organisé hier sur la question a permis au professeur Anta Tall Dia d’appeler les médecins à beaucoup plus de responsabilités.

 

Dans la pratique, la santé publique au Sénégal a un malaise qu’on n’arrive pas à guérir : le fonctionnement. Cet aspect cause d’énormes difficultés, ce qui pousse les populations à s’indigner et les jeunes praticiens à chercher ailleurs. Pour soigner les différents maux dont souffre la santé publique, un panel a été organisé  par l’Association sénégalaise des professionnels de santé publique (Aspsp) sur la question. Selon la présidente de ladite association, les gaps se trouvent à tous les niveaux du système de santé, que ça soit opérationnel, intermédiaire ou régional.  Même si un déficit est noté en termes de personnel et de qualité des interventions.

L’objectif de la rencontre, a souligné le professeur Anta Tall Dia, n’est pas seulement de passer en revue ces manquements, mais surtout de réfléchir ensemble sur les solutions à apporter, au grand bénéfice de la population. ‘’Nous avons vu qu’il y a des éléments qui sont fondamentaux dans l’équipe et le système de santé : ce sont les infirmiers et les sages-femmes. Les spécialistes ont souligné qu’il y a un gap à combler en matière de  formation. Parce qu’on fait une approche par les compétences. Quand on forme pour le système de santé, ce n’est pas seulement des compétences. Il faut que les gens puissent être utiles sur le terrain. L’approche est par compétence. Cela est décrié parce qu’il y a beaucoup d’écoles privées pour la formation des infirmiers et sages-femmes qui n’appliquent pas cette approche par compétence’’, regrette-t-elle.

Mme Tall invite le personnel médical, à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, (intermédiaire ou central) à avoir une certaine attitude. Selon le professeur, de plus en plus, on sent ces médecins se détacher de l’offre de soins au profit des tâches administratives. Alors que leur rôle central est de veiller à la mise en place d’un paquet de soins de qualité. ‘’Ces médecins ne peuvent pas se détacher complètement des soins. Ils doivent également veiller à ce que cette offre soit effective dans le système de santé. C’est bien d’organiser la gestion, de mettre en place les outils, de faire des évaluations, c’est le rôle central. Mais ce qui importe les populations, c’est d’avoir accès aux soins de qualité. Il faut qu’ils mettent la main à la pâte, parce qu’ils ont la tâche d’organiser de façon globale et le district et la région médicale’’, a précisé Pr. Dia.

Nécessité pour les médecins responsables de se mettre à la tâche

Selon toujours la directrice de l’Institut de santé et développement, le médecin de santé publique a des tâches d’organisation et de gestion, mais il faut qu’il trouve de la place pour la pratique. ‘’Nos ratios ne sont pas encore optimaux. Donc, quelqu’un qu’on a formé pendant 8 ans ne peut pas se départir de cette tâche de soins. Il faut qu’il trouve dans son emploi du temps un moment où il va mettre la main à la pâte, en encadrant les plus jeunes, en essayant, dans la formation continue, de se mettre au courant de ce qui a de plus récent et en l’appliquant sur le terrain. Pour régler le problème de santé des populations, ce n’est pas seulement le dialogue entre médecin et patient ; il faut y aller avec des  outils de santé publique’’, a-t-elle fait savoir.

Pour le cadre sage-femme Binta Ndir Diop, le plus gros problème réside dans la floraison d’écoles privées de santé. ‘’Les directions pédagogiques sont carantes parce que, souvent, ce sont les personnes qui viennent d’être formées qui sont recrutées dans ces écoles pour être directeur des études ou autres, alors qu’elles n’ont pas eu le temps d’aller sur le terrain pour avoir l’expérience nécessaire. Il y a également le personnel enseignant qui est insuffisamment formé. Normalement, l’enseignant qui encadre un étudiant en troisième année doit avoir la Maitrise. Mais actuellement, ils sont au même niveau que ceux qui les forment’’, a-t-elle dénoncé.

Au plan pédagogique, elle a fait savoir que  les méthodes sont peu adaptées, parce que les gens sont formés avec l’approche par objectif au détriment de l’approche par compétence. ‘’Le matériel éducatif est insuffisant, la période de stage et d’encadrement est souvent inapproprié. Dans la pratique professionnelle, il y a une répartition inéquitable du personnel, prioritairement concentrée au niveau supérieur et intermédiaire de la pyramide sanitaire. Les chefs de poste sont souvent dans leur bureau pour faire de l’administration et des consultations, mais ne vont pas vers la communauté’’.

Pour mettre fin à toute cette anarchie, Mme Diop a recommandé la mise en place d’un cadre de coordination entre les différents ministères concernés, d’adapter les textes réglementaires relatifs à la création et le fonctionnement des écoles, selon les normes. Elle a suggéré également de rendre effective l’institutionnalisation de l’approche par compétence et de créer l’ordre des infirmiers et vulgariser l’ordre des sages-femmes.  

VIVIANE DIATTA

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