Publié le 30 Aug 2020 - 02:04
SORTIE DE CRISE AU MALI

La feuille de route de la CEDEAO 

 

Les pays d'Afrique de l'Ouest réunis en sommet sur le Mali, ont réclamé, hier, de la junte un retour rapide des civils au pouvoir, par le lancement immédiat d'une ‘’transition civile’’ et des élections d'ici 12 mois, en échange d'une levée progressive des sanctions.

 

Un président de la transition et un Premier ministre. Tous des civils. Ce sont les exigences de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) qui a tenu, hier, son deuxième sommet extraordinaire sur le Mali, après le compte rendu de son émissaire qui a discuté avec la junte militaire qui a pris le pouvoir.

Le président de la République du Niger, Mahamadou Issoufou, l’a fait savoir, dans son allocution à la fin de cette vidéoconférence. Par sa voix, les chefs d’Etats ouest-africains demandent la nomination d’une personnalité civile, ‘’reconnue pour ses qualités professionnelles et sa probité intellectuelle et morale, qui sera chargée de diriger la transition’’.

Mais aussi celle ‘’d’un chef de gouvernement reconnu pour ses qualités professionnelles et sa probité intellectuelle et morale. Il sera chargé de conduire le gouvernement sous la responsabilité du président de la transition’’. Ce gouvernement sera en charge de ‘’faire face aux différents défis du Mali et, en particulier, préparer les élections législatives et présidentielles, dans un délai de 12 mois’’.

Toutefois, le président de la transition et le Premier ministre ne seront pas candidats à la prochaine élection présidentielle.

Par cette position, la CEDEAO œuvre pour le retour des civils au pouvoir, puisqu’elle exige qu’aucune structure militaire ne soit au-dessus du président de la transition. Il est aussi demandé aux responsables du CNSP (Comité national pour le salut du peuple) d’engager une transition civile immédiatement, en consultation avec la Cour constitutionnelle, les partis politiques et les organisations de société civile et tous les autres acteurs engagés.

Le 18 août dernier, un groupe d'officiers a renversé le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, à la tête d’un pays qui s'enfonçait depuis des années dans une crise sécuritaire, économique et politique. Après avoir demandé son rétablissement, la semaine dernière, l’organisation sous-régionale a pris acte de la démission de ce dernier, rapportée par le chef de la délégation envoyée au Mali, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, de même que sa libération et celle des autres officiels détenus.

Toutefois, la CEDEAO maintient les sanctions contre la junte et le Mali, en imposant la fermeture de ses frontières avec ses États membres et l'arrêt des flux financiers et commerciaux. En échanges des propositions faites par le sommet d’hier, les chefs d’Etat ont décidé ‘’que les sanctions énoncées aux points 13 (h) et 13 (i) de la Déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement du 20 août 2020 seront levées progressivement, en fonction de la mise en œuvre des décisions’’ prises pour un retour de l’ordre constitutionnel au Mali.  

Par ailleurs, l’organisation sous-régionale appelle à la finalisation urgente d’un accord sur la transition politique entre la CEDEAO et le Mali, et invite l’Union africaine et les Nations Unies à l’endosser. Elle décide également de la mise en place d’un comité de suivi comprenant le médiateur, le président du Conseil des ministres et le président de la Commission de la CEDEAO et incluant les représentants de l’Union africaine et des Nations Unies à Bamako.

Un ensemble de mesures que le président en exercice de l’organisation, Mahamadou Issoufou, espère apte ‘’à guérir le Mali des démons du putschisme’’.

Après la réunion, le président du Comité national pour le salut du peuple a invité les représentants de la société civile, des partis politiques et les responsables de l’Accord d’Alger à participer à des échanges sur l’organisation de la transition qui doivent se tenir aujourd’hui.

Lamine Diouf

 

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