Publié le 3 Oct 2022 - 20:33
SUR LES 1 903 CAS DE CANCER RECENSÉS À L’HÔPITAL LE DANTEC EN 2020

Les 32 % sont des cancers du sein et 18 % du col de l’utérus  

 

En 2020, l’institut Joliot-Curie de l’hôpital Aristide Le Dantec a enregistré 1 903 cas de cancer, avec une prédominance du cancer du sein et du col de l’utérus. L’annonce est du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Dr Marie Khémesse Ndiaye, qui a profité de l’occasion pour parler des mesures que l’État compte prendre pour lutter contre la maladie. 

 

La cérémonie officielle de lancement de la campagne ‘’Octobre Rose’’, édition 2022, a eu lieu, avant-hier à Keur Massar. Présidant la rencontre, le ministre de la Santé et de l’Action sociale a confié qu’en 2020, l’institut Joliot-Curie de l’hôpital Aristide Le Dantec a enregistré 1 903 cas de cancer, avec une prédominance du cancer du sein (32 %) et du col de l’utérus (18 %). Les taux d’incidence et de mortalité, renseigne Dr Marie Kh. Ngom Ndiaye, devraient augmenter de plus de 40 %, d’ici à 2030. Les femmes sont les plus touchées, constate-t-elle. 

La forte mobilisation de la commune et du département, à l’occasion de cet important événement, poursuit-elle, est la preuve, s’il en est encore besoin, de l’engagement de la population à lutter efficacement contre le cancer, surtout contre le cancer du sein.  

Pour vaincre ce fléau, poursuit la ministre, le gouvernement a mis en œuvre des stratégies adaptées, sous l’impulsion du président de la République qui fait de la lutte contre le cancer une de ses grandes priorités. Ces stratégies reposent sur le renforcement de la collaboration multisectorielle, la consolidation d’un environnement favorable à la santé, l’amélioration de la prise en charge des maladies non transmissibles et le développement de la recherche.  

Prévention primaire et détection précoce du cancer

Dans ce cadre, son département, renseigne-t-elle, a fait de la prévention primaire et de la détection précoce du cancer les pièces maitresses de la lutte, en adoptant une approche intégrée de soins contre le cancer du sein et le cancer du col de l’utérus à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. C’est ainsi qu’informe-t-elle, 21 structures sanitaires ont été équipées en appareils de mammographie.

Ainsi, durant tout le mois d’octobre, le coût sera ramené à 15 000 F pour renforcer la détection ; la vaccination contre le HPV a été introduite dans le Programme élargi de vaccination depuis le 31 octobre 2018, afin de renforcer la prévention du cancer du col de l’utérus ; 70 centres de dépistage et de traitement de lésions précancéreuses du col de l’utérus ont été installés, permettant l’intégration du dépistage du cancer du col de l’utérus en routine et le projet pilote sur le dépistage du cancer du col de l’utérus par l’utilisation du test HPV viral, et le traitement des lésions précancéreuses par thermoablation dans les districts sanitaires de Dakar-centre, Guédiawaye, Fatick et Mbour a été mis en œuvre, avec une extension dans cinq autres districts sanitaires.

À ces réalisations, vient s’ajouter l’installation d’un quatrième appareil de radiothérapie dans le public au sein du nouvel hôpital Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba. ‘’Ces efforts seront poursuivis et accentués, notamment à travers les pôles régionaux de Saint-Louis, Ziguinchor et Kaffrine. Je rappelle déjà que d’importantes mesures sociales avaient été prises par Monsieur le Président de la République, à savoir la subvention sur la radiothérapie qui a été portée à 75 %, permettant de maintenir le coût à 150 000 F CFA. Cette mesure a permis, depuis 2018, à plus de 2 500 patients de bénéficier d’une prise en charge. Il y a également la gratuité, depuis le 1er octobre 2019, de la chimiothérapie pour les cancers du sein et du col de l’utérus, à côté d’une subvention à 60 % pour les autres types de cancer’’, déclare la ministre.

Ainsi, s’agissant toujours de la gratuité, Dr Marie Kh. Ngom Ndiaye souligne que l’initiative a permis de prendre en charge, depuis 2020, plus de 15 000 patients dont les 80 % sont des femmes. ‘’En perspective, nous avons la construction du Centre national d’oncologie de Diamniadio dont les travaux ont démarré. C’est un centre totalement dédié à la prise en charge du cancer et doté de technologies de dernière génération. C’est dire combien le gouvernement s’investit dans la lutte contre le cancer, une maladie dont les coûts de prise en charge restent élevés et entrainent de nombreuses personnes dans la pauvreté ou les y maintiennent’’, annonce la ministre.

Le district sanitaire de Keur Massar, d’après le ministre, fait partie des districts choisis pour utiliser les tests HPV dans la prévention du cancer du col de l’utérus. Ainsi, elle a exhorté le médecin-chef de district à faire de ce projet une réussite et à travailler à une pérennisation de la disponibilité des tests HPV dans le district sanitaire. En outre, elle a demandé aux sages-femmes de faire du dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus, une réalité dans les activités de routine, pour permettre à nos concitoyennes de bénéficier d’une prise en charge précoce. 

Le bilan de la campagne ‘’Octobre Rose’’ en 12 ans 

Pour sa part, la présidente de la Ligue sénégalaise contre le cancer (Lisca) a confié que la campagne ‘’Octobre Rose’’, initiée depuis 2010 par la Lisca, a permis de dépister 32 536 femmes pour le cancer du sein et 21 399 femmes pour le cancer du col, la subvention de 19 300 bons de mammographie à 15 000 F CFA, la distribution de 2 137 bons totalement gratuits de mammographie à 30 000 F CFA. Selon Dr Fatma Guenoune, cette campagne a permis à la ligue, depuis 2014, de visiter 34 districts sanitaires, en assurant la formation de près de 1 630 sages-femmes d’État aux techniques de dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus par l’inspection visuelle à l’acide acétique (Iva) et de traitement par cryothérapie ou par thermoablation.

Ainsi, 38 villes du Sénégal ont pu être visitées. La Lisca, poursuit-elle, a fait de nombreuses activités, parmi lesquelles des campagnes de sensibilisation et d’information par des caravanes, des conférences pour des associations sénégalaises ou internationales et pour plusieurs écoles. Ces campagnes d’information et de communication sont destinées à inciter les femmes âgées de 40 à 74 ans, à participer au dépistage du cancer du sein.

‘’Dans le cadre de ce mois d’octobre 2022, il est important de rappeler que le cancer du sein demeure, malgré tous les efforts thérapeutiques, un enjeu de santé publique. Le cancer du sein est devenu le 2e cancer de la femme au Sénégal en nombre de cas et la deuxième cause de décès par cancer chez la femme. Aujourd’hui, le dépistage est une arme efficace contre ce cancer. Détecté à un stade précoce, le cancer du sein peut non seulement être guéri dans 90 % des cas, mais aussi être soigné par des traitements moins agressifs, moins mutilants ou entrainant moins de séquelles. C’est par le dépistage que nous réussirons à réduire la mortalité de ce cancer. Pour cette édition 2022, nous avons un objectif de subventionner 2 000 examens de mammographie et de consulter environ 6 000 femmes, grâce à l’implication et l’accompagnement de nombreux partenaires’’, révèle Dr Guenoune.

Également, pendant ‘’Octobre Rose’’, ils comptent visiter la Petite Côte, lors du dernier tiers du mois. ‘’La Lisca réalisera des formations sur le dépistage du cancer du col de l’utérus par Iva (inspection visuelle à l’acide acétique) et traitement par thermoablation des lésions précancéreuses pour 30 sages-femmes dans cette zone’’, annonce-t-elle. 

CHEIKH THIAM 

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