Publié le 4 Feb 2022 - 11:34
SYRIE

Le chef du groupe Etat islamique tué lors d’une opération militaire

 

Plus de deux ans après l’élimination de son prédécesseur, le dirigeant du groupe djihadiste Etat islamique (EI), Abou Ibrahim Al-Hachimi Al-Qourachi, a été tué lors d’une opération des forces spéciales américaines, jeudi 3 février avant l’aube, en Syrie. L’opération héliportée s’est produite à Atmé, une région de la province d’Idlib, et a fait treize morts dont quatre femmes et trois enfants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

L’armée américaine a « éliminé du champ de bataille » le dirigeant du groupe ultraradical lors d’une opération conduite dans le nord-ouest de la Syrie, a annoncé le président américain à Washington dans un communiqué. Tous les soldats américains sont sains et saufs, a précisé Joe Biden, en annonçant qu’il s’adresserait au peuple américain plus tard dans la matinée.

Dans une courte allocution, Joe Biden a salué l’action des forces américaines et justifié cette action commando plutôt qu’un bombardement, pour minimiser les pertes civiles. Il a rappelé qu’Abou Ibrahim Al-Hachimi Al-Qourachi, un Irakien âgé de 45 ans, avait pris la tête de l’EI après la mort, en octobre 2019, d’Abou Bakr Al-Baghdadi, tué dans un raid dans la région d’Idlib contrôlée en grande partie par les djihadistes et les rebelles.

En 2014, avant de prendre la tête de l’EI, il avait présidé au massacre de la minorité kurdophone des yézidis. Depuis qu’il avait pris la tête de l’EI, il contrôlait le réseau de « franchises » du groupe terroriste de l’Afrique à l’Afghanistan. Plus récemment, il a supervisé l’attaque contre la prison d’Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, le 20 janvier, reprise par les Forces démocratiques syriennes.

Le chef de l’EI s’est suicidé plutôt que de se rendre, a ajouté le président, qui a affirmé avoir privilégié  

Evacuation des maisons alentours

D’après l’OSDH, les militaires ont atterri en hélicoptère près de camps de déplacés de la localité d’Atmé et des affrontements ont ensuite éclaté. Selon des correspondants de l’Agence France-Presse (AFP) sur place, l’opération a visé un bâtiment de trois étages dans une zone entourée d’arbres. Une partie du bâtiment a été détruite et le parterre des pièces était couvert de sang.

Des habitants ont indiqué avoir entendu le bruit des hélicoptères, puis des « explosions ». Selon l’OSDH, les hélicoptères américains ont décollé d’une base militaire dans la ville syrienne de Kobané à majorité kurde, près de la frontière turque. Des membres des forces spéciales des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et formées par les Etats-Unis, ont participé à l’opération, toujours d’après l’ONG.

Avant l’annonce américaine, Farhad Shami, le porte-parole des FDS, avait déclaré sur Twitter que l’opération « visait les terroristes internationaux les plus dangereux ». Dans un enregistrement audio attribué aux forces américaines et ayant circulé parmi la population, une personne parlant en arabe demande aux femmes et aux enfants d’évacuer les maisons dans la zone visée.

500 000 morts depuis 2011

Selon des experts, des camps de déplacés surpeuplés de la région d’Atmé, située dans le nord de la province d’Idlib, servent de base aux chefs djihadistes qui s’y cachent. Une grande partie de la province d’Idlib ainsi que des secteurs des provinces voisines de Hama, d’Alep et de Lattaquié sont dominés par Hayat Tahrir Al-Cham (HTS), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda. Des groupes rebelles et d’autres factions djihadistes comme Houras Al-Din y sont également présents.

Ces factions ont déjà été la cible principalement de raids aériens du régime syrien, de son allié russe, mais aussi de la coalition internationale antidjihadistes dirigée par les Etats-Unis et des forces spéciales américaines. Néanmoins, les opérations héliportées restent très rares en Syrie, où des troupes américaines sont déployées dans le cadre de la coalition antidjihadistes.

L’opération de jeudi est intervenue quelques jours après la fin d’un assaut de l’EI contre une prison tenue par les FDS, dans la région de Hassaké (nord-est). Cet assaut fut la plus importante offensive du groupe djihadiste depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019 face aux FDS aidées par la coalition internationale. L’attaque de la prison et les combats ayant suivi, ont fait 373 morts – 268 jihadistes, 98 membres des forces kurdes et sept civils selon l’OSDH.

L’EI, rival d’Al-Qaïda, a été chassé de ses fiefs en Syrie et en Irak mais continue de mener des attaques dans ces deux pays voisins à travers des cellules dormantes. La guerre complexe en Syrie, pays morcelé où interviennent différents protagonistes, a fait environ 500 000 morts depuis 2011.

Le Monde avec AFP et Reuters

Crise en Ukraine : la Russie exhorte les Etats-Unis « à cesser de nourrir les tensions »

La diplomatie russe juge « injustifiée » et « destructrice » la décision américaine d’envoyer 3 000 soldats supplémentaires en Europe de l’Est.

La Russie a exhorté, jeudi 3 février, les Etats-Unis à « cesser de nourrir les tensions » dans la crise russo-occidentale autour de l’Ukraine. Cette demande est formulée au lendemain de la décision américaine d’envoyer 3 000 soldats supplémentaires en Europe de l’Est.

« L’inquiétude de la Russie est claire et parfaitement justifiée », étant donné que ce sont « des Américains qu’on envoie dans des pays européens », a dit le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. La veille, la diplomatie russe avait jugé « injustifiée » et « destructrice » l’annonce de l’envoi de ces renforts, qui « réduisent le champ pour les décisions politiques ».

Ces renforts, qui s’ajoutent aux 8 500 soldats placés en état d’alerte le mois dernier en vue d’un possible déploiement sur le sol européen, vont être envoyés en Pologne, en Allemagne et en Roumanie, a précisé le département de la défense américain. L’objectif est de « rassurer [les] alliés de l’OTAN » (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) et d’« envoyer un signal fort » au président russe, Vladimir Poutine, a justifié le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

Russes et Occidentaux sont engagés dans de multiples formats de discussions diplomatiques. Chaque camp affiche l’objectif d’une désescalade, mais aussi une volonté de ne rien céder sur ses positions de principe.

« Indivisibilité de la sécurité »

Moscou a déployé des dizaines de milliers d’hommes depuis des mois aux frontières de l’Ukraine, ce qui, pour l’Occident, est le signe d’une opération militaire d’envergure. La Russie dément. Le Kremlin dit en retour que l’OTAN menace la sécurité de la Russie et réclame, pour faire baisser les tensions, la fin de la politique d’élargissement de l’Alliance et son retrait d’Europe de l’Est. Ce qu’Européens et Américains refusent.

Washington propose que les rivaux s’engagent à ne pas déployer de moyens militaires offensifs en Ukraine, que Moscou inspecte certaines infrastructures militaires qui l’inquiètent en Europe, et que les deux pays s’accordent sur des mesures de contrôle des armements.

Les Etats-Unis se disent également prêts à discuter de l’« indivisibilité de la sécurité ». Le Kremlin se fonde sur ce concept pour réclamer un recul de l’OTAN de son voisinage, arguant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle d’autres, en dépit du droit de chaque Etat, et donc de l’Ukraine, à choisir ses alliances.

Emmanuel Macron et le chancelier allemand, Olaf Scholz, envisagent, pour leur part, de venir à Moscou rencontrer Vladimir Poutine. Le Kremlin a confirmé des discussions en ce sens.

RFI

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