Publié le 22 Sep 2022 - 14:26
UMARO SISSOCO EMBALO

“Les 46 soldats ivoiriens ne sont pas des mercenaires”

 

Le chef de l'État bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo préside actuellement la Cédéao qui réunit demain jeudi 22 septembre à New York un sommet extraordinaire de l’Organisation ouest-africaine. Les 46 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis le 10 juillet doivent être libérés sans conditions, déclare-t-il à RFI.  Il s’exprime aussi sur un autre pays suspendu à la suite d’un coup d’État militaire, la Guinée Conakry. Umaro Sissoco Embalo répond à Christophe Boisbouvier et Marc Perelman de France 24.

 

Monsieur le président, vous avez convoqué, ce jeudi, ici, à New York, un sommet extraordinaire de la Cédéao. Pourquoi cette décision ?

C’est le premier sommet que l’on va faire, depuis que j’ai pris la fonction de président en exercice, pour réexaminer la situation de la Guinée et celle du Mali. Parce qu’il n’y a pas de grands enjeux avec le Burkina Faso. Les choses se passent très bien au Burkina Faso. Ils respectent la feuille de route et le calendrier en particulier.

Mais il semble, quand même, qu’il y a un troisième dossier qui motive cette réunion. C’est le dossier des soldats ivoiriens détenus au Mali. Cette question sera tout de même abordée.

Évidemment. Évidemment que l’on va discuter ce sujet aussi.

Depuis le 10 juillet, il a 46 soldats ivoiriens qui sont détenus au Mali. D’après Bamako, ce sont des « mercenaires ». Mais d’après Abidjan, on dit que ce sont des « otages ». Parce que le Mali, en échange de leur libération, réclame, aujourd’hui, l’extradition de trois opposants maliens réfugiés en Côte d’Ivoire. Quelle est votre opinion ? Plutôt des « mercenaires » ou plutôt des « otages » ?

Moi, je pense que ce ne sont pas des mercenaires. On vient de voir, avant-hier, la déclaration du Secrétaire général de Nations unies qui dit que ce ne sont pas des mercenaires. Moi, à la place des Maliens, j’aurais relâché ces 49 soldats.

C’est-à-dire que vous n’êtes pas d’accord pour qu’il y ait un échange entre les soldats ivoiriens et les opposants maliens ?

Ce n’est pas à moi d’être d’accord ou pas. Mais moi, à la place des Maliens, je n’aurais pas émis ces conditions.

Justement, il y a eu, ces dernières semaines, des tentatives de médiations : il y a eu le Nigeria, il y a eu, notamment, le Togo. Très concrètement, avez-vous récemment parlé au colonel Assimi Goïta de cette question ? Et est-ce que, ici, à New York, vous allez rencontrer le chef de la délégation malienne, le Premier ministre par intérim, Abdoulaye Maïga, pour essayer de dénouer ce problème ?

Non, ce n’est pas prévu. Depuis que j’ai pris la fonction de président en exercice, je n’ai pris aucun contact avec Goïta. Donc, il n’est pas prévu non plus que je rencontre la délégation malienne.

Vous avez pris la présidence de la Cédéao au moment où cette organisation a levé les sanctions économiques et commerciales contre le Mali. C’était au début du mois de juillet. Si l’on n’arrive pas à régler ce problème des soldats ivoiriens, de nouvelles sanctions pourraient-elles être mises sur la table ?

Tout est possible. Tout est sur la table. On va réexaminer aussi, depuis que l’on a levé les sanctions, où nous en sommes. Parce que l’on ne peut pas banaliser notre organisation sous-régionale. Il y a des principes de la Cédéao et tout le monde doit les suivre.

Justement, il semble que le pays dans lequel il y a eu un putsch et avec lequel, c'est le plus compliqué, c’est la Guinée. Vous y êtes allé. Vous avez demandé un chronogramme de deux ans pour une transition. La junte a dit « non, c’est trois ans, on ne bougera pas ». Est-ce qu’il y a là un blocage complet ?

Non, il n’y a pas de blocage. Je ne pense pas que la junte ait dit trois ans, je n’ai pas entendu ça.

Trente-six mois et ils le réaffirment.

Non. Je pense qu’il y a une incompréhension. C’est inacceptable pour la Cédéao. Inacceptable et non négociable.

Cela veut dire que si la junte maintient trois ans, là, pour le coup, il y aurait des sanctions ?

Absolument.

Vous n’hésiteriez pas ?

Absolument. De lourdes sanctions même. On ne peut pas accepter cela.

Et le colonel Doumbouya, vous échangez avec lui ou cette fois encore, les ponts sont fermés ?

Non, non, non. Je suis allé là-bas, en Guinée Conakry. On a discuté. On est arrivé au consensus que l’on ne peut pas dépasser les 24 mois.

Oui, mais une fois que vous êtes tombé d’accord avec le colonel Doumbouya pour 24 mois, les autorités guinéennes ont démenti. Elles ont dit « non, non, c’est 36 mois ».

Tout cela, on va le voir demain pendant notre sommet. Et là, on va voir le dispositif que l’on va prendre par rapport à ça. Mais une chose que je peux vous assurer, c'est que pour la Cédéao les 36 mois ne sont pas négociables.

rfi

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