Des populations exposées au mal
Des personnes malintentionnées peuvent acquérir des sources radioactives et les mettre dans des dispositifs explosifs pour exposer les populations à des conséquences désastreuses sur la santé et l'environnement. La question a été abordée, hier, à Dakar, lors de la cérémonie d’ouverture du Cours régional sur la sûreté des matières radioactives en cours d'utilisation et d'entreposage.
Regroupant une cinquantaine de pays africains, le Cours régional sur la sûreté des matières radioactives en cours d'utilisation et d'entreposage se tient cette année au Sénégal pour outiller les inspecteurs de différents pays africains sur toutes les dispositions à prendre au plan national pour pouvoir renforcer la sécurité des sources radioactives qui sont dans leur pays.
Il a été organisé par l'Autorité de radioprotection, de sûreté, de sécurité nucléaire du Sénégal, en collaboration avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). "Ce cours permettra aux participants (inspecteurs) d'être bien outillés sur toutes les dispositions à prendre au plan national pour pouvoir renforcer la sécurité des sources radioactives qui sont dans leurs pays. Car on sait que, actuellement, la présence de ces sources va augmenter. Elles sont présentes dans nos pays et dans nos différents secteurs, que ça soit la médecine, l'industrie, dans l'agriculture, dans presque tous les secteurs de développement", a fait savoir la directrice générale de l'Autorité de radioprotection, de sûreté, de sécurité nucléaire du Sénégal, Professeure Ndèye Arame Boye Faye.
En effet, explique-t-elle, "si on prend le cas du Sénégal, au-delà de la médecine où les sources sont présentes dans la radiothérapie pour les soins du cancer, il y a les soins du cancer du sein dans le cadre d'Octobre rose. Il faut savoir que les sources sont utilisées pour soigner ce cancer, mais aussi celui du col de l'utérus. Elles sont d'une importance capitale pour la santé des populations. Ainsi, elles ont une énergie tellement importante qu'on peut les utiliser pour le traitement des cellules cancéreuses".
Mais, alerte la directrice générale de l'ARSN, ces sources peuvent être utilisées pour faire du mal. C'est-à-dire, explique-t-elle, ceux qui ont de mauvaises intentions peuvent acquérir ces sources et les mettre dans ce qu'on peut appeler des dispositifs explosifs ou des dispositifs pour exposer des populations avec des conséquences désastreuses sur la santé et sur l'environnement.
C'est pourquoi, dit-elle, ces sources sont encadrées au plan international par des conventions et des traités que les pays ont paraphés. "Le Sénégal a signé la plupart de ces conventions et traités. Et une fois que c’est fait, il est important, au plan national, d'avoir des dispositifs, qui sont des lois, des décrets, des textes réglementaires, qui intègrent ces dispositions réglementaires au plan international et avoir aussi le cadre juridique légal pour pouvoir mieux contrôler l'utilisation de ces sources", a expliqué la directrice générale de l'Autorité de radioprotection, de sûreté, de sécurité nucléaire.
Mécanismes mis en place
Selon elle, le premier mécanisme à mettre en place pour garantir la sécurité de ces sources est l’instauration d’une autorité réglementaire et c'est ce que le Sénégal a fait. L’ARSN a pour mission principale de contrôler l'utilisation de ces sources radioactives. "Ce mécanisme doit être accompagné du cadre juridique et légal pour pouvoir encadrer l'utilisation de ces sources et de contrôler par l'existence de ce qu'on appelle des inspecteurs. Au niveau de l'ARSN, nous avons des inspecteurs qui vont dans les structures, qui utilisent ces sources-là. Il y a un programme d'inspection annuel et ils vont aller inspecter dans les installations, sur comment les personnes qui y sont font pour respecter les textes réglementaires pour l'utilisation de ces sources", a indiqué la professeure Ndèye Arame Boye Faye.
Ainsi, poursuit-elle, "il y a des dispositifs qui concernent le bâtiment. C'est-à-dire sur comment le bâtiment est construit pour que les personnes puissent y accéder. Il y a également des dispositifs sur la compétence des personnes qui utilisent ces sources. Donc, il y a beaucoup de dispositifs réglementaires qu'on va contrôler pour pouvoir assurer leur sécurité". Au-delà des aspects réglementaires, dit-elle, il y a également des aspects techniques et organisationnels sur lesquels ils vont outiller les inspecteurs.
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)