Les sept vigies bénissent la phase test

Alors que l’opposition sénégalaise nourrit beaucoup d’inquiétudes et de soupçons sur la vérification des parrainages, les sept observateurs cooptés par le Conseil constitutionnel rassurent sur la fiabilité du dispositif mis en place dans sa phase test.
Le Conseil constitutionnel n’a pas encore commencé la vérification des parrainages des candidats à la présidentielle du 24 février 2019 qu’il reçoit, depuis le 11 décembre dernier. Mais, il tout de même testé le dispositif devant vérifier la validité des signatures collectées à cet effet. Selon les sept observateurs cooptés par le juge des élections, qui en ont fait la révélation hier au cours d’une conférence de presse tenue à Dakar, ce test rassure. ‘’Il y a un dispositif de vérification des parrainages mis en place par le Conseil constitutionnel avec un logiciel et des informaticiens. On n’a pas encore commencé les opérations de vérification, mais le test auquel on a assisté, récemment, nous rassure déjà’’, a déclaré Valdiodio Ndiaye, l’un des sept observateurs cooptés par le Conseil constitutionnel.
Seulement, il précise que cela ne veut pas dire que le dispositif est fiable. ‘’On ne peut pas dire que le dispositif mis en place pour le contrôle des signatures est fiable ou ne l’est pas. Un test qui est fait sur un échantillonnage de 1 000 personnes est différent d’une opération sur plusieurs millions de signatures’’, soutient-il d’emblée.
Pour donner des gages de transparence et de clarté dans la vérification des signatures collectées dans le cadre du parrainage, le Conseil constitutionnel sénégalais a jugé utile d’y associer la société civile. C’est ainsi que sept d’entre eux ont été cooptés. Outre Valdiodio Ndiaye, il y a Mazide Ndiaye, Pr. Babacar Guèye, abbé Alphonse Seck, Maïmouna Dieng, Rokhaya Gassama et Moundiaye Cissé. Selon ce dernier, contrairement aux idées reçues, ils ont tous été cooptés et non nommés par le Conseil constitutionnel. ‘’Nous avons un statut d’observateur indépendant. Notre mission au Conseil constitutionnel est ponctuelle et s’arrête après la proclamation de la liste des candidats à l’élection présidentielle de 2019’’, confie-t-il, tout en soulignant qu’ils s’engagent à mener leur mission en toute indépendance, transparence et rigueur. ‘’Nous jugeons l’acte du Conseil constitutionnel comme un gage de transparence et de bonne foi quant à un contrôle juridictionnel neutre et indépendant. Mais nous allons signaler les dysfonctionnements partout où il y en a’’, soutient Moundiaye Cissé.
Revenant sur le processus qui a abouti à cette mission, ce dernier confie que c’est eux-mêmes qui ont demandé au Conseil constitutionnel d’ouvrir à la société civile la commission de vérification des signatures.
3 000 relayeurs sur le terrain, le jour du scrutin
‘’Cela entre dans le cadre de notre mission d’observateur électoral. Au-delà de cette mission que nous allons faire au Conseil constitutionnel, nous allons faire du monitoring électoral’’. D’ores et déjà, souligne le Pr. Babacar Guèye, ‘’nous avons rencontré toutes les composantes de l’opposition sénégalaise. Il ne nous reste qu’à rencontrer la majorité’’. ‘’Nous allons interpeller la majorité, parce que notre objectif, c’est de l’amener à s’asseoir avec l’opposition autour d’une table pour discuter des points où ils n’ont pas pu trouver de consensus, notamment sur le fichier électoral et sur la personnalité devant se charger de l’organisation des élections’’, déclare-t-il. Soulignant ainsi que dans le domaine de la sensibilisation, ils ont déployé sur l’ensemble du territoire national 2 000 relayeurs qui vont aider ceux qui n’ont pas encore pu retirer leurs cartes d’électeur à le faire avant les élections et orienter ceux dont les bureaux de vote ont été changés dans le cadre de la modification de la carte électorale. Le jour du scrutin, ils comptent déployer sur le terrain 2 000 autres observateurs qui viendront s’ajouter aux 1 000 autres de la mission Caritas au Sénégal.
Pour l’abbé Alphonse Seck, leur mission ne se limite pas seulement à aller vérifier les signatures au Conseil constitutionnel. Mais de superviser tout le processus électoral jusqu’à son terme. ‘’Nous sommes des citoyens sénégalais. Nous sommes préoccupés par la transparence des élections et l’apaisement de la tension préélectorale. Nous prenons nos responsabilités pour amener les uns et les autres à se parler. Avec nos différentes organisations, nous allons donc observer tout le processus électoral et faire en sorte que les élections se passent en toute transparence’’, soutient-il.
Etant donné que le Sénégal est un pays de longue tradition démocratique qui a connu deux alternances pacifiques, Rokhaya Gassama estime, elle, que notre pays doit pouvoir organiser des élections apaisées, transparentes, sans heurts et sans contestations majeures au lendemain du scrutin. Elle pense ainsi que la situation qu’on a connue en 2000 et en 2012, où il y a eu des pertes en vies humaines, ne doit plus se répéter.
ASSANE MBAYE