Publié le 18 Jul 2019 - 23:20
VIOL, DETOURNEMENT DE MINEURE ET PEDOPHILIE

Y. S., 13 ans, objet sexuel de trois gaillards 

 

10 ans. C'est la peine requise par le procureur Guèye contre Abdou Sinthiane Ba, El Hadj Kéba Mbaye Diop et Moussa Fall. Ils sont poursuivis pour les délits de viol, détournement de mineure et pédophilie sur Y. S., âgée de 13 ans. 

 

Bien qu’elle ait déjà le corps d’une femme adulte, Y. S., 13 ans, n’est qu’une gamine. Mais le plombier Abdou Sinthiane Ba, le pêcheur El Hadj Kéba Mbaye Diop et le puisatier Moussa Fall n’en avaient cure. Ils l’avaient transformée en objet sexuel. Au point que c’en était devenu pour eux une routine d'assouvir leurs pulsions sexuelles avec la gamine. Après leur sale besogne, ils ne manquaient pas de lui donner la modique somme de 1 000 ou 500 F Cfa. N'eût été la grossesse que traine la petite, le trio continuerait à abuser de sa naïveté.

Mais devant la barre du tribunal de grande instance de Mbour, les prévenus ont fait dans la dénégation. Ils ont nié avoir entretenu des relations sexuelles avec Y. S. Si Moussa Fall et El Hadj Kéba Mbaye Diop nient tout contact sexuel avec la gamine, Abdou Sinthiane Ba, lui, dit ne même pas la connaître. 

Moussa Fall raconte qu'il était au chantier, lorsque sa sœur l'a appelé pour lui dire qu'il y avait une plainte contre lui. ''Elle m'a appelé plusieurs fois. Je suis alors rentré pour voir ce qu’il en était". Le juge lui rappelle que, dans le procès-verbal, il avait dit qu’El Hadj Kéba Mbaye Diop lui avait présenté Y. S. en tant que prostituée. 

"Je n'ai pas dit ça. Et même si je l'avais dit, c'était sous l'emprise de la peur. Ils m'ont tellement torturé que j'ai avoué avoir entretenu des rapports avec elle", déclare Moussa Fall. 

Divorcé et père de 3 enfants, El Hadj Kéba Mbaye Diop a aussi été interpellé par le juge, lorsqu’il a raconté que la gendarmerie l'a arrêté en pleine nuit. "Il est écrit dans le Pv que vous avez couché trois fois avec Y. S. et que tu voulais la demander en mariage", lui a lancé le juge. El Hadj Kéba Mbaye Diop : "Je n'ai jamais dit cela. Ce n'est pas vrai. C'est une histoire montée de toute pièce. Ma fille aînée fait la classe de 1re. Les gendarmes ont écrit ce qu'ils voulaient."

Abdou Sinthiane Ba avait lui aussi dit à l'enquête avoir entretenu plusieurs rapports avec la fille. Mais devant la barre, il a tout nié. "Je viens de déménager dans ce quartier. Je n'ai fait que treize jours dans cette maison. Je n'ai jamais vu cette fille. Les gendarmes m'ont menacé de mort pour que je signe le Pv. Même si j'ai signé, ce n'est pas de ma volonté", a déclaré Abdou Sinthiane Ba. Là, le juge leur dit qu’il est intrigué par le fait que Y. S. les ait désignés tous les trois comme étant ceux qui ont abusé d'elle. Moussa Fall répond : "Ce qui vous intrigue, m'intrigue davantage.’’ 

‘’Un jour, sa femme nous a surpris’’

Toujours est-il que l’adolescente est restée constante dans ses déclarations. La voix pâteuse, elle a relaté : "Moussa Fall est mon voisin. Nos deux maisons se font face. Il a 2 femmes et 5 enfants. Il couche avec moi. Et sa mère nous voit, quand il m'emmène chez eux. Un jour, sa femme nous a surpris ; elle a alerté tout le voisinage par ses cris. Ses deux femmes ont quitté sa maison à cause de ça. Les deux autres, je ne connais pas leurs noms. Mais j'ai aussi couché avec eux. Ils me remettaient des billets de 1 000 F ou de 500 F."

 "Pourquoi tu n'as rien dit à tes parents ?", a questionné le juge. Sa réponse : "Ils m'ont dit que si je parlais de ça à quelqu'un, ils me tueraient. Et moi, je prends peur très vite.’’

Suffisant pour que le procureur requiert 10 ans contre les trois prévenus. Il considère que la gamine a bel et bien entretenu des rapports sexuels avec les prévenus qui "ont profité de sa naïveté, arguant qu'elle était de mœurs légères''.

Mais l’avocat de Moussa Fall, Me Moïse Ndior, ne s’est pas laissé faire. Il a passé ses nerfs sur les gendarmes et la manière dont ils ont auditionné son client. "Quand on est incapable de mener une enquête, il faut démissionner. Il a dit avoir fait ces déclarations parce qu'on l'a contraint à les faire. Il y a des méthodes peu orthodoxes qu'on utilise, lors des enquêtes", a fulminé l’avocat. Qui trouve insensé que Moussa Fall invite Y. S. chez lui, au moment où toute sa famille s'y trouve. Pour lui, l'existence de rapports sexuels est constante. "Mais qui en est l'auteur ? Est-ce que c'est parce qu'elle est mineure que vous prenez en compte tout ce qu'elle dit et que vous laissez en rade ce que dit mon client ?", a demandé Me Ndior. Qui a demandé le renvoi des peines de la poursuite contre son client.

Son confrère, Me Ousseynou Faye, qui défendait El Hadj Kéba Mbaye Diop, a abondé dans le même sens, en soulignant : "Sur le procès-verbal, on voit que mon client a refusé de signer. Le Pv est un fruit d’une invention. Il renferme des aveux circonstanciés. La grossesse existe, mais son imputabilité pose problème."

Les trois prévenus seront fixés sur leur sort, ce vendredi 19 juillet.

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