«Macky Sall a commis beaucoup d’erreurs de communication»

Selon le sociologue, il n'est plus possible que le chef de l'État continue à subir les situations de confusion comme celle ayant trait à sa déclaration de patrimoine, cette audience accordée à Kalidou Diallo, ex-théoricien de la Génération du concret de Karim Wade.
Le M23 s’est réuni autour d’une table ronde à la salle Daniel Brothier pour apprécier le bilan de Macky Sall après un an au pouvoir. Et la note est très négative. Le Pr. Malick Ndiaye, conseiller technique du président de la République, n’a pas fait dans la dentelle. «Macky Sall a commis beaucoup d’erreurs, notamment en matière de communication», a-t-il déclaré. «Regardez la confusion qu’il y a eue avec l’histoire des 8 milliards (Ndlr : le patrimoine déclaré du chef de l'État), la nomination d'Aminata Niane (ancienne Dg de l’Apix) ou encore l’audience accordée à Kalidou Diallo (ex-responsable du Pds et de la Génération du concret», indique le sociologue. A ses yeux, le président de la République doit revoir sa démarche et rompre d'avec les vieilles pratiques.
Selon le Pr. Ahmet Ndiaye, cette situation est la conséquence de «l’hyper présidentialisme» de notre constitution. Introduisant le thème : «Quelle réforme institutionnelle pour renforcer l’État de droit ?», ce spécialiste du droit constitutionnel estime qu’il y a encore «une forte concentration de pouvoirs entre les mains du président de la République» qui a le droit de «nommer aux emplois civils et militaires». A cet effet, il préconise une «séparation des pouvoirs» effective et proclamée. «Nous avons un Parlement embastillé, une justice embrigadée», décrit-il. «Il faut que le président de la République puisse se débarrasser de son emblématique manteau d’offense au chef de l’État» pour lequel les citoyens ont été mis en prison, dit-il.
L’État de droit, selon Amadou Guèye, c’est aussi la possibilité pour les jeunes diplômés de trouver du travail une fois leur formation académique terminée. Le leader de l’Union des indépendants du Sénégal (Unis), qui planchait sur le thème de l’emploi des jeunes, rappelle que 62% des populations ont moins de 25 ans, et 45% des jeunes entre 14 et 19 ans n’ont pas d’éducation formelle. De plus, 200 000 demandeurs d’emploi arrivent chaque année sur le marché du travail, ce qui fait du chômage une «véritable bombe sociale». «L’État n’a aucun dispositif de politique d’emploi», déplore M. Guèye. Comme solution, il propose «l’érection d’un nouveau pôle de développement» dans le Sénégal oriental, précisément à Tambacounda qui représente 25% des richesses minières du Sénégal, et reste sous peuplée.
Mais Alioune Diack, l’ex-Pcr de Mbane, a attiré l’attention de tous sur les risques probables de conflit foncier entre promoteurs divers et autochtones. Le membre de Bés Du Ñakk en veut pour preuve les 100 000 hectares de terres octroyés à trois dignitaires de l’ancien régime à Mbane ; soit «deux fois la région de Dakar». Ce qui a créé la révolte des populations de cette localité du nord du Sénégal, et conduit à sa propre destitution à la tête de la communauté rurale.
DAOUDA GBAYA