Publié le 5 Feb 2016 - 18:01
PROCES DE L’EX-PRESIDENT TCHADIEN

Les avocats de Habré font un réquisitoire contre les Chambres africaines 

 

Absents du procès de leur client, les avocats de Hissein Habré font un bilan très négatif du déroulement du jugement de l’ex-chef d’Etat tchadien. Ils estiment que l’histoire leur a donné raison, car le monde entier vient de découvrir que c’était une « mascarade et un règlement de compte politique ».

 

Les avocats de Hissein Habré voient les Chambres africaines extraordinaires (CAE) comme un peloton d’exécution des décisions politiques de l’Union africaine. En conférence de presse hier à Dakar, les conseillers de l’ex-président tchadien ont fait un bilan pas du tout élogieux du procès de leur client.  Conformément à la ligne de défense qu’ils ont toujours adoptée, ils dénoncent un procès « honteux » fait par une institution illégale. Selon maître François Serres, l’histoire leur a donné raison, car le déroulement du procès a clairement montré que les CAE sont au service d’Idriss Déby et des ONG occidentales. « Le procureur général Mbacké Fall est un avocat du Tchad et d’Idriss Deby qui a renversé Habré avec l’aide  des services secrets français. Sa mission est claire, c’est de détruire physiquement et politiquement Habré », a dénoncé l’avocat. 

Il affirme que l’ensemble de la procédure et l’instruction sont viciées. «  Mbacke Fall a violé ses obligations. Il n’a jamais enquêté personnellement. Il s’est contenté de prendre ce que les autorités tchadiennes ont fait et ce que les OGN ont dit dans leurs rapports. Le procureur des CAE n’a jamais enquêté à décharge, ni transmis aucun élément à décharge à la défense, comme la loi l’y oblige », a accusé Me François Serres. Selon lui, les juges d’instruction qui sont des enquêteurs doivent être indépendants, impartiaux et enquêter à charge et à décharge. « Mais  toutes les audiences ont démontré que la Chambre d’instruction a totalement failli à sa mission. Aucune enquête n’a été faite par eux sur aucun fait », soutient le défenseur de Habré.

L’actuel président de la République du Tchad et le ministre de la justice du Sénégal, Me Sidiki Kaba, n’ont pas été épargnés par les coups des avocats de Habré. A en croire ses derniers, tout a été orchestré par Human Right Watch (HRW). Selon Maître Ibrahima Diawara, membre du pool d’avocats de l’ancien président du Tchad, Mbacké Fall porte la parole de Me Sidiki Kaba qui a passé toute sa vie à demander qu’il soit condamné.  « Tout ce que l’actuel ministre de la justice a eu au niveau international, c’est grâce à son combat contre Habré, depuis 30 ans », a-t-il soutenu. Il a aussi rappelé que ce sont eux seuls qui sont les avocats de l’ancien chef d’Etat, car c’est lui-même qui les a choisis. « Pour être avocat de quelqu’un, il faut qu’il vous choisisse. Ils ont désigné des conseillers d’office qui n’ont jamais rencontré l’accusé. Ce sont des avocats des Chambres africaines extraordinaires », a dénoncé Me Diawara. Il affirme que c’est la première fois qu’on voit dans un procès que les juges, les avocats et le procureur soient payés par une seule personne.  

A propos des témoins, les défenseurs ont relevé plusieurs violations de la loi. Le témoignage de 90 personnes annoncé par la cour est « totalement faux ». Il explique que, selon le code pénal, le témoin est défini comme quelqu’un qui n’est ni partie civile, ni plaignant encore moins victime. « Mais contrairement à tous ces faits, toutes les personnes qui sont passées devant le juge ont déclaré être victimes, en espérant être indemnisés financièrement », a révélé Me François Serres. Lui et ses camarades réaffirment le maintien de leur stratégie de défense qui est le silence. Ils estiment par ailleurs qu’en le comparant avec le procès de Laurent Gbagbo à la Haye, on constate facilement que les CAE ne répondent pas aux standards des cours  internationales de justice. « Ils vont le condamner à perpétuité pour faire plaisir à Deby et les bailleurs de fonds pour le Sénégal. Mais nous ne regrettons rien quant à notre stratégie de défense. La décision qui sera rendue au mois de juin est déjà nulle », a conclu l’avocat français, Me Serres.      

ABDOURAHIM BARRY (STAGIAIRE)

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