En détention depuis plus de 300 jours, Alhagie Abdoulie Ceesay, le journaliste directeur de la radio privée gambienne "Teranga FM" est mort en détention en Gambie. Il n’est pas le seul, puisque Solo Sandeng, le chef de file de la jeunesse de l'UDP, le plus grand parti d'opposition, a aussi trouvé la mort dans les mêmes conditions.

Le jeune responsable politique Solo Sandeng et le journaliste Alhagie Ceesay ont en commun de s’être opposés à la volonté du président gambien. Ils l’ont payé de leur vie. Nos sources à Banjul informent que les deux hommes sont morts de blessures consécutives à des actes de torture qui leur ont été infligés par leurs geôliers de la tristement célèbre NIA (les services de renseignements gambiens) et de la police du Président Yahya Jammeh. Solo Sandeng a eu le tort de diriger la manifestation pacifique de jeudi dernier contre le régime, pour demander des réformes de la loi électorale, en direction de la prochaine présidentielle prévue en décembre. Le jeune responsable politique espérait ainsi s'opposer à des modifications unilatérales du code électoral gambien, taillées sur mesure par et pour le Président Yahya Jammeh qui a augmenté la caution de la présidentielle, tout en forçant les partis de l'opposition à se soumettre à une nouvelle procédure de légalisation.

Mais des camions du personnel de la police d'intervention ont fait barrage au cortège des manifestants, avant de les disperser dans la violence. Solo Sandeng a été arrêté en même temps qu'une trentaine de personnes. "Divisés en groupe de cinq, ils ont été conduits à différents sièges de la NIA dans le pays, où ils ont été torturés", raconte l'une de nos sources sécuritaires en Gambie. "Les séances de torture se sont avérées insoutenables pour le chef de file des jeunesses de l'UDP qui est finalement tombé dans un coma duquel il n'est pas sorti. Il est mort de ses blessures hier vendredi matin", confie une autre source à la NIA. Selon nos contacts, quand le Président Yaya Jammeh a été informé de la mort du jeune Sandeng, il a ordonné à Yankuba Badjie, le directeur général de l'Agence nationale des renseignements, que la dépouille du jeune opposant soit enterrée dans les abords de la NIA du village Tanji où il a été torturé. La mort de Solo a provoqué des manifestations de rue ce samedi matin à Kanifing et à Serrekunda.

Alhagie Ceesay, 9 mois en enfer

Quant au journaliste de 25 ans, Alhagie Abdoulie Ceesay, il était gardé en détention dans l'aile de haute sécurité de la prison Mile II de Banjul, depuis plus de 300 jours. Pendant son long séjour, il a été torturé sévèrement, au point qu'il se soit écroulé lors de sa dernière apparition au tribunal de Banjul. Car au cours de ses 9 mois d'épreuves, il a développé une hypertrophie du foie, selon les organisations de défense des droits humains dont Human Rights Watch, Amnesty International et la Raddho qui ont tiré la sonnette d'alarme, il y a un mois, sur l’état de santé critique du journaliste.

LAMINE SENE