Publié le 11 Jul 2017 - 16:53
DE RETOUR A DAKAR HIER

Wade déclenche une liesse populaire

 

C’est un bis repetita de son accueil du 25 avril 2014. Abdoulaye Wade a atterri hier à l’Aéroport international Léopold Sedar Senghor, accueilli par une marée humaine.

 

A ses nombreux doctorats, licences et maîtrises, Abdoulaye Wade peut prétendre au diplôme virtuel de maître ès mobilisation. Il faut croire que les effets du temps n’arriveront pas à éroder la capacité du ‘‘Vieux’’ à mobiliser, et surtout à déclencher l’hystérie collective. ‘‘Lii mayu Yàllà là’’, ‘‘C’est un don de Dieu’’, s’époumone un vieux perché sur les barrières métalliques de la gendarmerie, à la vue de la mobilisation générale des militants et sympathisants du Parti démocratique sénégalais (PDS). Dans un ensemble traditionnel aux couleurs de ce parti, bleu jaune, il fait office de crieur public, annonçant, dans un divertissement qui dérida jusqu’aux gendarmes, les arrivées du professeur Malick Ndiaye, Bakhaw Ndiongue, Babacar Gaye, Me Madické Niang, Serigne Assane Mbacké, et enfin celle de la délégation de la Coalition gagnante Wàttu Senegaal, dirigée par Oumar Sarr.

Juste avant 17h, le jet privé F900 qui transportait l’ancien président de la République Abdoulaye Wade, son épouse Viviane, et d’autres dignitaires du parti, avait déjà atterri. Mais le Pape du Sopi a fait durer le suspense pour apparaître au grand jour, exactement à trois minutes de 18h. Le buste émergeant du toit ouvrant, drapé dans un immense grand boubou bleu brodé de motifs jaune, une chéchia rouge et une écharpe blanche, il a aussitôt mis fin à la ‘‘flemmardise’’ des gendarmes qui jusque-là s’étaient contentés de maintenir, verbalement, la foule derrière les barrières métalliques installées pour l’occasion. Malgré le ciel un peu couvert, et une  chaleur poisseuse, l’aéroport LSS était noir de monde brandissant les pancartes louant les mérites de Karim Wade ‘‘cinquième président’’, soufflant dans des vuvuzela et des sifflets aux couleurs or azur, et scandant l’habituel refrain ‘‘Goor gi moo bari doole’’ ; ‘‘goor gi mo yëngël Macky’’ ; et une chanson plus empreinte de regrets : ‘‘Maam baalñu dañoo juum’’ (pardon Papy, on s’est trompé).

 ‘‘C’est le peuple qui est mobilisé ici et non le PDS. Tout ce dont se prévaut le Président Sall, c’est Abdoulaye Wade qui l’a fait’’, défend Bouba Dème, membre du comité directeur du parti démocratique sénégalais, perdu au milieu des militants. Ces derniers, surexcités, qui ne l’avaient pas revu depuis l’après-verdict de son fils en 2015, s’en sont donné à cœur joie. De l’aéroport LSS jusqu’à Liberté 6-Grand-Yoff, la procession de Me Abdoulaye Wade a obligé les riverains à sortir le saluer de leurs balcons, et a occasionné de gros embouteillages. Le leader du PDS qui livre son baroud d’honneur politique a fini son petit bain de foule à la permanence Omar Lamine Badji du Pds pour y livrer son message.

‘‘Le doute n’est pas permis’’

La Coalition gagnante Wàttu Senegaal saura-t-elle capitaliser la sympathie que suscite Abdoulaye Wade en dividendes électorales ? ‘‘Le doute n’est pas permis’’, assure celui qui est officiellement à la tête du Parti depuis le départ de l’ex-président, Oumar Sarr. Ce dernier, revigoré par l’arrivée de son secrétaire général, assure que ‘‘la campagne pour ces élections va connaître une nouvelle tournure’’.  Quant au membre du comité directeur du Pds, Bouba Dème, il est d’avis que ‘‘si l’émergence avait été notée au Sénégal, Wade ne se serait pas donné la peine de revenir’’.

Malgré le jeu d’intimidations de part et d’autre qui a émaillé une fois encore l’atterrissage le plus attendu de l’année au Sénégal, Abdoulaye Wade est bel et bien présent. Le troisième accueil, depuis sa défaite de 2012, tout aussi triomphant dans un contexte électoral chargé. Le Pape du Sopi, 91 ans, arrive pour injecter du sang neuf à un PDS sur les rotules. Malgré leur statut de chef de l’opposition, les dernières consultations populaires (Locales 2014, référendum, élections HCCT), n’ont pas été à l’avantage des libéraux. Le parti-lead de la Coalition gagnante Wàttu Senegaal  avait besoin d’un déclic pour entrer de plain-pied dans la campagne et envisager les élections avec plus de perspectives de succès. L’implication de Wade va peut-être changer la donne.

OUSMANE LAYE DIOP

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