Publié le 21 Nov 2017 - 00:46
PETIT TOUR DANS LES BOITES DE NUIT A SALY

Une atmosphère trop polluée et… dévergondée

 

Pendant la nuit, Saly grouille de monde. Les discothèques sont prises d’assaut par des jeunes qui fument et boivent pour décompresser. Mais ils ne sont pas seuls, ils sont accompagnés par de grandes personnes qui ont l’âge de leur père, voire de leur grand-père. ‘’EnQuête’’ s’est invité à cette ambiance. Reportage.

 

Etouffant. C’est le mot qui décrit le mieux l’atmosphère qui règne dans les boites de nuit. Dès qu’on y entre, fini l’univers de la normalité, des principes, des us et des coutumes. Bienvenue dans un monde où cigarette et alcool font la loi et sont rois. Malgré les moult tentatives des autorités d’interdire et de décourager les usagers, la cigarette fait un tabac dans ces lieux ou vieux et jeunes convergent. Elle fait rage et demeure un vrai problème dans les discothèques. Les jeunes n’en ont cure des méfaits du tabac. Malheur à celui qui ne fume pas et qui entre dans une boite de nuit pour décompresser.

Car on y fume et enfume. L’air est tellement pollué que la salle est plongée dans une atmosphère suffocante. Rokhaya, qui s’est laissée entrainer dans le tabagisme, confesse : ‘’Nous avons tendance à être sous pression, dans la société. Alors, quand nous venons en boite, c’est pour décompresser, ôter notre anxiété du jour. On se détend. Moi, je ne fume qu’en boite.’’ La fille confie le faire pour la frime et pour être au diapason. ‘’Ça me procure une autre allure, dit-elle. C’est vrai que c’est très enfumé, mais on ne peut pas interdire aux uns et aux autres de le faire. J’ai pris l’habitude d’inhaler la fumée, du coup, je me suis mise à fumer. J’aime venir en boite pour retrouver une forme d’apaisement et d’harmonie. Je me sens dans un autre univers, tellement l’ambiance est très opposée au quotidien’’.

Même s’il y a des points d’aération, la ventilation est inefficace. Vu l’étroitesse de l’espace qui contient une centaine de personnes. Du coup, l’air ne circule point, produisant, de ce fait, d’importantes quantités de gaz carbonique. Selon des études, un air pollué est susceptible de réveiller des affections comme l’asthme ou d’autres maladies respiratoires. ‘’Trop de stress tue, alors, de temps à autre, pendant la nuit, je viens dans cette boite pour oublier la routine quotidienne. Il y a un remède à l’anxiété, au stress, c’est de s’amuser quand d’autres dorment’’, dit Ass.

Une fille de teint clair portant une jupe avec une fente qui lui arrive à la cuisse et un clope top, semble vivre dans sa bulle. Parfois, quand la musique la branche, elle monte sur la longue chaise sur laquelle elle est assise pour se trémousser. L’ambiance bat son plein. Et la montée de l’adrénaline peut amener, comme cette fille, à oublier le bons-sens. Il ne manquerait plus qu’elle dégringole de sa haute station.

Lieux de rencontres et de dépravation

Pour accéder dans de pareils endroits, le ticket d’entrée varie selon les privilèges qu’il offre. On débourse entre 3 000, 5 000 et 10 000 F Cfa. C’est selon la poche du client. Lieu de rencontres, de détente et de drague, les salles sont aussi bien aménagées. ‘’Il y a l’espace Vip qui est à 10 000 F Cfa. L’espace a ses propres serveuses et son propre bar, avec ses liqueurs plus chers aussi. Suit le ticket de 5 000 F Cfa, cette clientèle a la priorité de s’asseoir dans l’espace salon’’, explique un videur. L’autre catégorie, qui a payé 3 000 F, semble être là juste pour danser et à la recherche d’une proie facile. Le compartiment Vip est séparé par un mur du reste de la salle. Pour plus de discrétion, des rideaux sont accrochés. Un espace luxueux, doté de coussins plus moelleux, une climatisation qui marche à fond. Les entrées sont contrôlées et filtrées par un malabar.

D’ailleurs, les serveuses s’occupent uniquement des Vip. Dont certains sont chouchoutés par les videurs qui les laissent entrer sans débourser un sou. ‘’L’accès leur est offert. Mais ça peut se récupérer à l’intérieur, car ils peuvent consommer bien plus que le prix du ticket d’entrée’’, explique le videur.

Un lieu pour tous les âges

‘’La nuit, tous les chats sont gris’’. En boite, l’adage se confirme. Si la nuit, les boites de Saly ne désemplissent pas, elles ne drainent pas que la jeunesse. Des papys partagent ces lieux avec leurs petits-enfants et enfants. Dans un petit coin, un vieux de plus de 60 ans est attablé, il semble être un bon et assidu client. Car, dès qu’une serveuse l’aperçoit, elle se dirige vers sa table. Elle l’appelle affectueusement par son prénom et lui demande s’il prend la même chose que d’habitude. Coincé dans son costume-cravate gris, le vieux répond par l’affirmative, croise les pieds en attendant sa commande. Après quelques minutes, la serveuse revient avec une carafe pleine de vin.

Un autre vieux avec une tignasse touffue et toute blanche se pavane par ci et par là, comme s’il était à la recherche de quelque chose. Ici, l’âge ne compte pas. Il faut juste se faire plaisir. Les vieux passent inaperçus. Ce qui n’est pas le cas d’une fille qui arrive dans une tenue correcte. En effet, quand on entre dans ces milieux et qu’on porte une robe qui vous arrive à la cheville ou une chemise et un pantalon, on vous regarde de travers. Là, vous ne passez pas inaperçu. Les tenues indécentes ont droit de cité, et sont monnaies courantes. Sous-fesse, mini-jupe, robe courte en dentelle qui laisse entrevoir le soutien-gorge et le string, un simple haut, on ressent un parfum d’insouciance, de vulgarité et de dévergondage.

Selon, certaines d’entre elles il faut savoir taper à l’œil sinon on ne vous remarque pas. Et là, le mot d’ordre est de ne point passer inaperçu.    

KHADY NDOYE [MBOUR]

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