‘‘Nous ne nous endettons pas pour faire du fonctionnement’’

La dette du Sénégal est viable et sous contrôle. Les assurances sont du président de la République qui présidait hier la revue annuelle conjointe avec les partenaires au développement
Les propos de l’ancien président Abdoulaye Wade sur le taux d’endettement du Sénégal passent toujours mal. Après les nombreux démentis-précisions du ministre de l’Economie des Finances et du Plan, Amadou Ba, c’était hier au tour du président de la République de monter au créneau. ‘‘Je voudrais vous rassurer sur la dette. Il faut qu’on arrête d’en parler comme ça à tort ou à raison. Si l’on considère les critères et les normes de viabilité retenus pour la dette publique au plan international, l’un des deux critères fondamentaux reste le service de la dette sur les recettes budgétaires. Il faut qu’on soit capable de rembourser la dette. Si vous prenez ce ratio, nous sommes à 10,9% et la norme est de 30%. Où est le débat ?’’ s’est offusqué le Président Sall avant d’embrayer.
‘‘Deuxièmement, le service de la dette extérieure sur les exportations des biens et services est à 20 % alors que nous sommes à 9,1%. Donc on ne peut pas passer notre temps à spéculer’’, a-t-il poursuivi, après une interpellation du patron du Cnp, Baïdy Agne, parlant au nom du secteur privé. Le président de la République de préciser que ses propos étaient destinés aux gens qui extrapolent au sujet de la dette sénégalaise. De son avis, les satisfecit des institutions internationales sont les meilleures garanties quant à un éventuel risque de surendettement du pays puisque ‘‘les institutions comme le fonds monétaire international n’ont pas blacklisté le Sénégal’’.
Le dimanche 5 novembre 2017, l’ancien président de la République Me Abdoulaye Wade avait dénoncé, depuis la ville de Touba, la gestion de la dette. ‘‘Le pays s’est beaucoup dégradé depuis que je suis parti. Le taux d’endettement est de 65%. J’ai été professeur d’économie et tous les livres que j’ai explorés enseignent que le taux ne doit jamais excéder 17%. La situation financière est carabinée’’, avait-il lancé, provoquant des réactions en chaîne de toute l’administration monétaire.
Son successeur n’a pas manqué de mettre les point sur les i. ‘‘Nous ne nous endettons pas pour faire du fonctionnement, pour payer des salaires ou pour entretenir un train de vie dispendieux. Nous nous endettons pour construire le développement économique et social. Comment voulez-vous construire un développement sans dette ? Comment voulez-vous construire des routes, des chemins de fer sans une dette saine. L’essentiel de la dette est concessionnelle. Nous regardons avec beaucoup d’attention son évolution et sa viabilité’’, a rassuré Macky Sall.
‘‘Les indices de la dette se sont détériorés’’
La représentante du Fonds monétaire international (FMI), tout en se félicitant des performances macroéconomiques du Sénégal, et de la viabilité de sa dette, a quand même incité à plus de contrôle. ‘‘Le Sénégal développe un faible risque d’endettement mais les indicateurs de la dette se sont détériorés’’, a déclaré la représentante FMI au Sénégal, Cemile Sancak. En cause également, la dette intérieure qui plombe l’envol des entreprises et entrepreneurs locaux.
‘’Vous avez posé le paiement des créances des entreprises nationales. C’est une forme de dette. Je suis du côté des entreprises. Il faudra payer. Il faut veiller à ce qu’elles ne soient pas étouffées’’, a dû concéder Macky Sall aux complaintes du service privé.
OUSMANE LAYE DIOP