Publié le 29 Sep 2022 - 20:02
BCEAO ET ETAT DU SÉNÉGAL SUR L’INFLATION

Ñii di gass, ñii di suul (les uns creusent, les autres remblayent)

 

Dans son discours du 16 Septembre, le PR Macky Sall rappelait que l’Etat a mobilisé 620 milliards de FCFA pour soutenir les ménages, dont 120 milliards de revalorisation de salaires et 43 milliards sous forme de transferts d’argent. S’y ajoutent les 300 milliards de subventions à l’énergie et les 157 milliards de renonciation à des recettes fiscales. Donc il y a une injection de liquidités dans l’économie. 

Le problème c’est qu’au même moment la BCEAO cherche à les réduire en relevant ses taux directeurs de 25 points de base (0,25%) en septembre, après une hausse similaire en juin. En théorie, cela permet d’assurer la stabilité monétaire par la lutte contre l’inflation en défendant la valeur de la monnaie, rattachée à l’euro par une parité fixe. 

Pour faire simple, la BCEAO est comme un grossiste, les banques secondaires, des détaillants. Le relèvement des taux directeurs va rendre les emprunts plus chers pour les particuliers et les entreprises parce que les banques répercutent cette hausse sur les taux d’intérêt comme le ferait un détaillant pour qui le prix d’acquisition de la marchandise chez le grossiste augmente. Les dépenses de consommation baissent, de même que les investissements puisque les agents économiques sont moins enclins à emprunter pour financer leurs activités.

Dans la situation actuelle, on a plus affaire à une inflation importée puisque l’euro auquel est arrimé le Franc CFA est faible face au dollar et nous importons l’essentiel de ce que nous consommons qui est facturé en dollar. Il y a toutefois une part d’inflation par les coûts car les travailleurs demandent des salaires élevés pour faire face au coût de la vie, l’énergie coûte cher pour les entreprises, les intrants viennent souvent de l’extérieur. 

L’Etat et la BCEAO ont certainement les mêmes objectifs mais ne semblent pas regarder dans la même direction puisque l’un favorise la circulation de l’argent, l’autre le décourage, au nom de la lutte contre l’inflation et la défense de la parité fixe avec l’euro. Que veut-on finalement ? 

C’est très bien de soutenir la demande mais puisque dans notre cas, cette demande est surtout satisfaite par des importations, on doit aussi soutenir l’offre domestique. Pour cela, au lieu de serrer la vis pour les crédits, il faut plutôt les desserrer (BCEAO). De même, au lieu de s’en tenir à renoncer à des impôts et de payer des arriérés à des entreprises, il faut créer les conditions de développement d’un tissu industriel solide qui ne va pas tanguer à la moindre brise de mer venant de l’océan atlantique ou de la Méditerranée. 

Dans la logique de la suspension du pacte de convergence de l’UEMOA pour permettre aux Etats de s’endetter et de dépasser le seuil d’inflation de 3%, on doit se débrouiller pour injecter plus de liquidités dans l’économie sachant que la situation actuelle va s’estomper même sans aucune intervention de notre part. En effet, il suffit que Vladimir Poutine décide d’arrêter sa guerre contre l’Ukraine et que l’euro remonte face au dollar pour que les problèmes soient oubliés. Toutes ces deux conditions ne dépendent pas de nous ; donc évitons d’étouffer davantage nos entreprises qui sont déjà à bout de souffle, en ne leur imposant surtout pas des conditions d’accès au crédit plus drastiques ; ce serait comme ouvrir une plaie qui ne se refermera pas rapidement. 

Espérons que les 15 mesures qui viennent d’être annoncées par le gouvernement lors des concertations engagées avec les acteurs économiques aboutissent à du concret. Les 1000 volontaires qui doivent contrôler les prix doivent être bien payés ; comprenne qui pourra.

Abou KANE
Professeur Titulaire, Agrégé d’économie 
FASEG/Université Cheikh Anta Diop de Dakar

 

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