Publié le 12 Mar 2023 - 01:56
DÉTENUS POLITIQUES, ABSENCE DE DIALOGUE, TROISIÈME MANDAT

Les analystes craignent le pire pour la démocratie sénégalaise 

 

Une réflexion globale et collective sur les réponses aux crises politiques et sécuritaires qui secouent et menacent la survie des États en Afrique de l'ouest, pour sortir des impasses et éviter le scénario catastrophe qui se profile à l'horizon. C'est l’objet du colloque organisé par le Think-Tank D'Afrikajom et clôturé, hier. Pour le cas du Sénégal, les intervenants notent un recul démocratique et craignent le pire.

 

''Repenser l’État de droit et les transitions démocratiques en Afrique : Crise de l’Etat de droit, de la démocratie, du suffrage universel et de la sécurité en Afrique de l’Ouest''. C'est le thème d'un colloque organisé par le Think-Tank D'Afrikajom dont l'objectif a été d'évaluer les transitions démocratiques en crise, pour les repenser par un grand débat sur la reconceptualisation, la redéfinition ou la réinvention de la démocratie sur le continent.

Parlant du cas du Sénégal, Mamadou Diouf qui enseigne l'Histoire et les études africaines à la Colombia, en New-York, a fait ce constat : ''Ce qu'on trouve en particulier, c'est que dans le pays qui nous semblait être le plus stable de la sous-région, tout le monde est sur le pied de guerre. Depuis une année, on ne parle que de la violence qui va advenir''.

Il note une défaillance des institutions et considère que les politiciens n'ont pas respecté leurs engagements. Il craint le pire : l'affrontement. ''Tout le monde considère que la seule solution aux problèmes, c'est la bataille politique. Ça, c'est l'indice qui montre de manière claire qu'on est dans une crise. Cette crise, on ne la pense plus comme une crise politique à résoudre, politiquement, on ne la pense qu'en termes d'affrontements. Et ça risque d'être très violent'', prévient Mamadou Diouf.

En effet, par rapport à l'un des sujets politiques à polémique qu'est la question du troisième mandat, les acteurs politiques semblent dans une position fixe. D'une part, la majorité présidentielle parle de deuxième quinquennat. D'autre part, l'opposition s'est réunie sur la base d'une autre idée totalement différente : pas de troisième mandat. Ainsi, Mamadou Diouf relève qu'il y a même une différence sur le champ schématique dans lequel les acteurs politiques s'affrontent.

''Une criminalisation'' de l'opposition

Et du point de vue d'Alioune Tine, l'on assiste de plus en plus à ''une criminalisation'' de l'opposition. ''Il y a des questions politiques qui sont transférées au Palais de Justice et ça crée des problèmes. Aux problèmes politiques, il doit y avoir une solution politique, mais pas judiciaire'', indique le fondateur D'Afrikajom. D’après lui, l'appel qui doit être lancé, à la fois et au pouvoir et à l'opposition, c'est de garder son sang-froid et d'apaiser.

 ''Nous voulons un débat substantiel. Ça doit venir des acteurs politiques, des médias et de la société civile. Donc, il faut qu'en tant que citoyens, on puisse exiger un débat qui nous permettra de faire des choix sur des offres politiques ou sur la demande sociale (ce qui est encore mieux)'', demande M. Tine.

D’autant que, dit-il, de plus en plus, dans la sous-région, il y a un rétrécissement, comme peau de chagrin, de l'espace civil. Parlant des arrestations dites arbitraires, au Sénégal, souligne-t-il : ''On arrête et met en prison des gens de la société civile, des politiciens, et des journalistes. En Guinée, au Mali, au Burkina Faso, et au Togo, c'est ce qu'ils font aussi''.

A cet effet, il relève, lui aussi, l'entrée du Sénégal dans une régression démocratique par rapport aux acquis des années 2000. Ainsi, Alioune Tine demande au chef du gouvernement de libérer tous les ''détenus politiques''. Sur la question de la limitation des mandats, il note que c'était un acquis pour consolider la démocratie qui peut se définir comme étant la capacité pour les peuples de changer leur gouvernement de façon pacifique.

Le directeur régional Afrique du National-Democratic-Institut (NDI), Christopher Fimunyoh, renchérit : ''Pendant des décennies, pour nous autres politicologues, nous avons toujours cité le Sénégal comme le pays phare sur le continent africain. A l'heure où nous sommes, le souhait que j'émets, en tant qu’Africain, c'est que l'ensemble des Sénégalais soient conscients de la place que le pays occupe sur l'échiquier politique africain, mais aussi mondial''.

D'après lui, c'est une place de choix qui devrait faire envier tout le monde. Mais cela vient avec des responsabilités qu'il faut sauvegarder.  Christopher Fimunyoh salut une jeunesse sénégalaise très débordante d’énergie, très engagée. Il soutient qu'il faut trouver des canaux pour qu'elle puisse canaliser cette énergie dans le processus de démocratisation et de bonne gouvernance. Pour avoir suivi la politique sénégalaise, depuis la transition de 1990, lui reste optimiste que ''les Sénégalais sauront sauvegarder cette place de choix, que le Sénégal continuera à servir aux Africains un pays de référence dans sa démocratie et sa démocratisation''.

BABACAR SY SEYE

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