Publié le 15 May 2025 - 19:41
CHANGEMENT CLIMATIQUE

Les raisons des ravages de plus en plus violents dans les pays africains

 

Les conditions météorologiques extrêmes et les effets du changement climatique touchent tous les aspects du développement socioéconomique en Afrique, aggravant la faim, l’insécurité et les déplacements de populations, prévient l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un rapport publié hier.

 

Dans un rapport intitulé ‘’État du climat en Afrique 2024’’, l’agence onusienne basée à Genève note que la température moyenne à la surface de l’Afrique en 2024 était supérieure d’environ 0,86°C à la moyenne de la période 1991-2020. L’Afrique du Nord a enregistré la température la plus élevée, soit 1,28°C au-dessus de la moyenne 1991-2020. C’est la sous-région qui se réchauffe le plus rapidement sur le continent africain.

Les températures de surface de la mer ont également été les plus élevées jamais enregistrées. ‘’Des hausses particulièrement importantes des températures de surface de la mer ont été observées dans l’océan Atlantique et la mer Méditerranée’’, a indiqué l’OMM dans le rapport.

Les données montrent que la quasi-totalité de la zone océanique entourant l’Afrique a été touchée par des vagues de chaleur marine d’intensité forte, sévère ou extrême l’année dernière, en particulier dans l’Atlantique tropical.

Inondations, sécheresses, pénurie d’eau… : l’Afrique pas vernie

La cheffe de l’OMM, Celeste Saulo, avertit ainsi que le changement climatique demeure un problème urgent et croissant sur le continent africain, certains pays étant confrontés à des inondations exceptionnelles dues à des précipitations excessives, tandis que d’autres subissent des sécheresses persistantes et une pénurie d’eau.

Soulignant la vulnérabilité particulière du continent face au réchauffement climatique causé principalement par les pays riches qui brûlent des combustibles fossiles, l’agence onusienne souligne que les inondations, les vagues de chaleur et les sécheresses ont forcé 700 000 personnes à quitter leur foyer sur le continent, l’année dernière.

L’OMM note également que le phénomène El Niño a été actif de 2023 jusqu'au début de 2024 et qu’il a ‘’joué un rôle majeur dans la répartition des précipitations’’ en Afrique. Rien que dans le nord du Nigeria, 230 personnes sont mortes en septembre dernier dans des inondations qui ont balayé la capitale de l’État de Borno, Maiduguri, déplaçant 600 000 personnes, gravement endommageant des hôpitaux et contaminant l’eau dans les camps de déplacés.

Au niveau régional, la montée des eaux provoquée par des pluies torrentielles a ravagé l’Afrique de l’Ouest et touché quatre millions de personnes. À l’inverse, le Malawi, la Zambie et le Zimbabwe ont connu la pire sécheresse depuis au moins deux décennies, avec des récoltes de céréales en Zambie et au Zimbabwe respectivement inférieures de 43 % et 50 % à la moyenne quinquennale.

Vagues de chaleur, la menace permanente

Les vagues de chaleur constituent également une menace croissante pour la santé et le développement en Afrique, indique l’OMM, soulignant que la dernière décennie a été la plus chaude jamais enregistrée. Selon l’ensemble des données, 2024 a été l’année la plus chaude ou la deuxième année la plus chaude.

Les températures caniculaires ont déjà un impact sur l’éducation des enfants. En mars 2024, les écoles ont fermé au Soudan du Sud lorsque les températures ont atteint 45°C. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), au moins 242 millions d’élèves dans le monde ont manqué l’école en raison de conditions météorologiques extrêmes en 2024, dont une grande partie en Afrique subsaharienne.

Au-delà de l’éducation, la hausse des températures sur le continent aggrave la pénurie d’eau et l’insécurité alimentaire, les pays d’Afrique du Nord étant les plus durement touchés. L’OMM explique que l’irrégularité des conditions météorologiques en Afrique nuit également à l’agriculture, aggrave l’insécurité alimentaire et provoque le déplacement des populations qui ont déjà dû fuir la guerre.

En octobre dernier, par exemple, des inondations ont touché 300 000 personnes au Soudan du Sud, un chiffre considérable pour un pays de 13 millions d’habitants, marqué par des années de guerre civile et où les infrastructures sont insuffisantes. La catastrophe a anéanti le bétail, soit entre 30 et 34 millions d’animaux de ferme, environ deux par habitant, et l’eau stagnante a favorisé l’apparition de maladies. Les familles qui étaient autosuffisantes ont dû à nouveau chercher de l’aide. ‘’Lorsque quelqu’un recommence à être nourri, cela affecte sa dignité’’, souligne Meshack Malo, représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour le Soudan du Sud.

En première ligne du changement climatique, ce pays d’Afrique de l’Est est déjà confronté à une crise économique paralysante, à des déplacements massifs de populations aggravés par la guerre au Soudan voisin, ainsi qu’à une escalade des tensions internes et à une violence omniprésente. Les combats au Soudan ont déraillé l’économie sud-soudanaise, qui dépend des exportations de pétrole pour 90 % de son revenu national brut, selon les rapports.

Cycles de destruction

Lorsque le Soudan du Sud n’est pas frappé par des inondations, il est en proie à la sécheresse. ‘’Ce changement cyclique entre les inondations et la sécheresse fait que le pays est touché presque toute l’année’’, indique M. Malo. Les inondations se sont aggravées et sont devenues plus intenses et plus fréquentes ces dernières années. ‘’Cela signifie que toute petite pluie peut facilement déclencher des inondations, car l’eau et le sol restent très saturés. Cette intensité et cette fréquence ne font qu’aggraver la situation’’, ajoute M. Malo.

Les routes n’étant plus accessibles aux camions d’aide, les agences humanitaires de l’ONU, telles que le Programme alimentaire mondial (PAM), doivent transporter l’aide alimentaire par avion, une solution coûteuse et peu pratique, alors que les fonds humanitaires s’amenuisent. Dans la ville de Kapoeta, au Soudan du Sud, la FAO a ainsi contribué à réduire le nombre de mois secs de six à deux, en récoltant et en stockant l’eau pour protéger les cultures menacées par le changement climatique.

Dans les pays qui manquent de ressources en eau pour l’irrigation des cultures, la résilience et l’adaptation au climat sont essentielles, a déclaré à la presse Ernest Afiesimama du bureau régional de l’OMM pour l’Afrique à Addis-Abeba. Si le dessalement, qui consiste à extraire le sel de l’eau de mer, peut être une solution pour certains, il n’est pas viable pour de nombreux pays africains.

Plutôt que de considérer le dessalement comme une panacée, il est urgent d’investir dans des mesures d’adaptation, notamment dans des systèmes d’alerte précoce permettant d’agir et de se préparer, affirment les spécialistes de l’environnement. ‘’Compte tenu des difficultés rencontrées en Afrique subsaharienne, [le dessalement] représente un défi économique, environnemental et social complexe, et l’on peut s’interroger sur sa durabilité et son équité à long terme. L’Afrique est confrontée à une facture élevée en matière de changement climatique. Imaginez un continent en proie à des difficultés économiques qui doit faire face à un multiplicateur de risque supplémentaire’’, lance Dawit Solomon, qui travaille pour un projet relatif aux impacts de la recherche climatique pour l’Afrique.

CHEIKH THIAM

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