Publié le 23 Dec 2020 - 17:26
ÉVENTUALITÉ DU TROISIÈME MANDAT AU SÉNÉGAL

Notre Démocratie dériverait-elle (...) ?

 

Faut-il le rappeler il n’ya pas de grande Démocratie qui ne soit assise sur le respect volontariste du citoyen des Lois et règlements,  des délibérations majoritaires et des institutions de la République que le peuple s’est librement donné. Elle s’apprécie à l’aune de la capacité des Acteurs à entretenir la Paix, la stabilité et la cohésion sociale condition sine qua non à son existence et à son épanouissement. De là est partie l’exception Sénégalaise en Afrique, à tout point de vue. Ce pendant la vigilance, la capacité de discernement et dépassement, doivent rester de rigueur dans un Monde de mutations vertigineuses avec une montée inquiétante d’acteurs de plus en plus anti- conformistes, libertins dans le propos et dans le geste, allergiques à l’ordre, à l’Autorité voir à la morale.

C’est justement cette précieuse Paix  qu’une certaine presse privée en quête de sensationnel et certaines organisations et Mouvements de la Société  Civile, aux antipodes de leur mission première qui reste la défense de la paix civile et des intérêts des populations, s’emploient quotidiennement, consciemment  ou inconsciemment, à fragiliser en instaurant de manière insidieuse un débat prématuré d’un éventuel Troisième mandat.

Le pêché réside dans le fait de vouloir rapprocher ce qui s’est passé  ailleurs du  cas Sénégalais qui s’il devait arriver devait être accepté comme une fatalité juridique résultant d’une absence de vigilance de la classe politique et de la Société civile avec le contenu du Référendum de 2016, alléchant mais avec une épine,  la Révision constitutionnelle qui réduit le Mandat. Cette Révision de facto a effacé juridiquement toute autre référence du Concept précis «  Mandat ».

Dans ce cadre l’Article 27 consacré à la question  du Mandat Présidentiel qui porte deux alinéas dont le premier définit le mandat par sa durée de 5ans et le deuxième qui verroue avec deux expressions dont l’euphémisme et l’emphase  n’ont réussi qu’à confondre certains citoyens  peu habitués à la légistique ou l’art d’écrire les textes réglementaires ( « Nul » et « consécutifs »). Si ce deuxième alinéa était un article à part, il n’y aurait pas de doute sur l’impossibilité du Président Sall de faire un deuxième mandat de 5ans, car le premier mandat de 7ans pourrait être envisageable dans le décompte. Mais dans un même article où le mandat est précisé,  le mot « consécutifs » ne peut  renvoyer à un autre  mandat qu4à celui de 5 ans,  celui de 7ans étant ignoré par l’article, gommé par la nouvelle Loi   et devenu une relique en mémoire .Tenir compte du Mandat de 7ans ôte à la Loi son caractère à la fois impersonnel et non Rétroactif.

 Malheureusement  le référendum  de 2016 était pour l’opposition d’alors un test grandeur nature, une « motion de censure » déguisée et tous leurs arguments, contre,  étaient plutôt fallacieux, fantaisistes et destructeurs ( avalisement de l’homosexualité, patrimonialisation déguisée des Ressources…) que techniques pendant que la majorité  gouvernante était préoccupée,elle, par  la préservation d’une légitimité. Ainsi contrairement au Libéria où la cour constitutionnelle a rejeté le projet de Wea, sous le prétexte que cela pouvait lui ouvrir la voie à un troisième mandat,  au  Sénégal le projet est passé comme lettre à la poste.

Ainsi les dés sont pipés  et ce n’est pas  étonnant que tous ceux qui opinent sur la question ou s’agitent, ne parlent pas Droit mais extrapolent sur les propos du Président  se positionnent  sur le terrain gluant et glissant de l’éthique et de la morale. Pourtant  aucun  homme politique et non politicien ne peut prendre à défaut le Président sur ce qu’il a promis depuis son avènement au Pouvoir et ce qu’il fait, excepté le décalage temporel et les formes choisies: il  a réduit son mandat de 7 à 5 ans, il a verroué  le nombre de mandats avec la nouvelle constitution à partir de laquelle personne ne peut plus faire plus  de deux mandats consécutifs et tout cela, il le fait en s’entourant de  légalité et  non de son  bon vouloir  ou  celui d’une quelconque frange de la société. Le troisième mandat n’existe donc que dans l’imaginaire, d’opposants pressés, sans  assise  sociale, ni de programme politique en dehors de celui du blâme.   

Du reste, il n’est pas juste de loger la Révision constitutionnelle du Sénégal  de 2016, à la même enseigne que  ce qui se passe  ailleurs  (Congo, Tchad, Togo, Guinée…) Ici celle-ci en plus de l’insertion de 15 autres questions majeures,  procédait d’une volonté de verrouillage des Mandats même si incidemment celle-ci ouvre une fenêtre juridique, pendant qu’ailleurs c’est des Révisions pour déverrouer la limitation de mandats. Toutes comparaisons relèveraient du nihilisme, d’un opportunisme politicien de mauvais aloi ou  d’un amalgame délibéré et subversif. Gardons notre lucidité !

Je persiste à croire qu’avec la déconfiture de la Démocratie avec ce à quoi nous assistons dans l’hexagone, particulièrement en France et récemment aux EU, notre pays ne doit plus nourrir de complexe devant aucun pays en matière de Démocratie. Nous avons une grande Démocratie à ne pas vendanger à l’autel d’ambitions personnelles ou partisanes, au détriment de l’intérêt supérieur du pays, la paix et la stabilité. Tout citoyen a la Liberté de candidater à la Magistrature, même ceux qui ont perdu leurs Droits civiques, il appartient à l’instance dédiée, à la Cour Constitutionnelle seule d’appliquer la  LOI aux candidats ( le cas récent de François Bozizé en RCA est illustratif). IL revient en dernier ressort au peuple d’accorder  ou non un mandat Présidentiel.

Toute autre posture serait  illégale  et anti-Démocratique. Par conséquence il ne doit pas y avoir de quoi tuer une  mouche en 2024, il faut que les uns et les autres arrêtent les  manèges périlleux qui vont dans le sens de vouloir  faire d’un éventuel troisième mandat un combustible ou un comburant en  2024. C’est à la cour Constitutionnelle de dire qui est candidat et au  peuple de donner un mandat à travers les urnes. Restons Démocrates jusqu’à la moelle des os !

Etre démocrate c’est savoir faire preuve de discernement,  d’objectivité, d’humilité et de sportivité  dans toutes situations et refuser de céder aux Emotions, aux passions qui constituent les plus grands périls pour toute Démocratie.  Une grande Démocratie secrète des citoyens avertis, respectueux  des Lois et Règlements, des Institutions , mais aussi de prototypes d’hommes d’ Etat.

IL n’y a pas de véritable homme d’Etat ou de femme d’Etat en dehors de celui ou celle qui sache garder des secrets,  avaler des « couleuvres », savoir se mettre au service de son peuple et enfin adopter  une posture stoïque à toutes situations. IL faut le constater pour s’en désoler, l’homme d’Etat devient de plus en plus un oiseau rare dans le landerneau politique Sénégalais,  en  particulier,  au niveau des acteurs  publics. Certaines pratiques telles, les déballages, les indiscrétions, les digression, certaines postures, égoïstes, égocentristes, séditieuses, identitaires, régionalistes jurent d’avec le patriotisme, crédo  de tout homme d’Etat. Tous ces manquements  et ces discours outranciers, malveillants, devenus monnaie de singe pour se faire une place au soleil, desservent et renseignent plus sur la typologie  de  leurs Auteurs que sur les cibles,   créent l’imposture chez beaucoup de citoyens et discréditent la politique qui est par essence un art noble, une Académie de civilités

Au regard de cette esquisse de la posture d’homme d’Etat se refusant d’être vulgaire et  de se noyer dans la marre insalubre  où  seuls peuvent se délecter grenouilles et crocodiles, il ne fait aucun doute  que le président de la République, reste une référence à tout point de vue.  Que de couleuvres n’a-t-il pas avalées du Régime précédent, de son mentor politique mais  aussi de ses compagnons et anciens camarades frustrés  ne plus faire partie de ses convives? De tout cela sa réponse a été le mépris, l’engagement pour son Pays et le bien être de tous  à travers un programme à la fois  d’équité Territoriale, d’équité sociale et de Modernisation.

Quelqu’un l’a-t-il surpris entrain  de débiter des propos  malveillants, proférer des menaces contre ses Adversaires, même étant agressé ou offensé ?   Par quel génie a-t-il réussi à fédérer autour de lui   en gommant les disparités, les  antagonismes politiques, idéologiques, des icônes politiques que l’histoire politique a toujours confinés dans des certitudes souvent inconciliables ? Comment a-t –il réussi à avoir l’onction de tous les chefs religieux et traditionnels malgré les sensibilités différentes et  des rivalités de préséance  perceptibles ça- et- là ? De quel Sénégal a-t-il hérité, au plan social, économique et  même politique avec une République à genoux et un projet de « Monarchisation » L’on vient de loin

Le débat sur l’éventualité d’un troisième mandat est vraiment prématuré, vicié, inopportun, parasité de l’extérieur, n’intéresse que des partis politiques en panne de programmes ou une partie d’une jeunesse désœuvrée, mais non le peuple. Celui-ci réclame des DAC, attend la poursuite du PUDC, de l’électrification rurale, l’hydraulique rurale,  l’extension du réseau scolaire, sanitaire et leurs équipements, du réseau routier et autoroutier, le TER et le BRT. C’est là où se situe  le débat utile où était attendue une presse professionnelle et une Société Civile engagée et  « clean ».

Au demeurant  le Chef  de l’Etat  a  fait preuve de responsabilité et de sagesse d’homme d’Etat, en refusant de donner son avis sur la question,  d’une part parrespect à l’institution habilitée et d’autre part  par respect au Peuple Sénégalais,  utile au pays pour  autre chose que la politique et qui a besoin de répit, de quiétude, le temps de travailler. Aurait-il révélé un coin du voile de ses intentions au regard de récentes sorties de certains de ses anciens affidés et des tribulations , spéculations et prophéties déjà en cours, non  seulement son camp se serait transformé  en arène d’intrigues,  voir  de pugilats politiques  (un Lamb Golo) et tout le pays serait en ébullition politique,  au grand dam de la stabilité, de la paix  sociale  et de la  sérénité pendant 4 ans au moins. Une situation qui serait préjudiciable à  la production et à la productivité et découragerait les partenaires techniques et financiers,  hypothéquerait les opportunités d’investissements, affecteraient lourdement l’économie nationale, suffisamment éprouvée par la COVID-19. 

Aussi devons nous rester, démocrates,  vigilants, concentrés et mobilisés sur l’intérêt supérieur du pays qui aiguise des appétits  de forces extérieures qui n’attendent qu’on leur crée une faille, à partir  de nos divergences sédimentées,  au regard du potentiel de Ressources dont le pays est accrédité.

Walmaakh Ndiaye,

Observateur politique ,

militant du Droit pur et de la Paix. 

Wandiaye@gmail.com

 

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