“Mes 20 ans de carrière…”

L’artiste Carlou D sera, le 14 décembre prochain, en concert live à l’Institut français de Dakar. En effet, cet événement s’inscrit dans le cadre de la célébration des vingt ans de sa carrière. Dans cette interview avec EnQuête, il a évoqué les quatre grandes dates marquant cette célébration. Ensemble, nous nous sommes souvenus de quelques moments de sa carrière.
Quelles sont les grandes lignes de la célébration de vos 20 ans de carrière ?
Nous avons prévu quatre grandes dates pour fêter ces vingt ans. La première a eu lieu au Terrou-bi le 4 août dernier. Pourquoi cette date ? Parce que le premier album, le premier CD de Carlou est sorti un 4 août 2004. Ainsi, le 4 août 2024 marquera exactement mes vingt ans. Il fallait fêter cela et nous l’avons fait. Maintenant, nous préparons la première grande date à l’Institut français de Dakar (IFD) pour les mélomanes, ceux qui aiment écouter Carlou. Cette date est pour ceux qui aiment voir Carlou jouer de la musique avec sa guitare.
Pour la deuxième date, nous retournons aux Parcelles assainies. Nous irons au terrain Acapes. Tout a commencé aux Parcelles avec mes amis d’enfance. Nous avons évolué avec le temps depuis et cela fait 20 ans. Pour moi, c'est très normal d’y retourner. Ensuite, nous nous produirons avec l’orchestre le 28 décembre prochain. C’est le grand rendez-vous de Carlou. Nous nous retrouverons dans la salle du Grand-Théâtre pour faire ce qui nous réunit tous. Enfin, nous aurons l’opportunité d’animer le rendez-vous annuel du Terroubi, ce sera le 31 décembre.
Qui seront les invités pour ces grandes dates ?
Nous avons sorti récemment un single avec Duggy Tee, car j’ai démarré par le rap, c’est ma porte d’entrée dans la musique. Inviter quelqu’un comme Duggy Tee est très représentatif et important pour moi. C’est quelqu’un de talentueux. Il sera présent aux quatre concerts que je compte donner, si Dieu le veut. Il y aura également Sidi Diop et Pape Diouf, car ils sont dans le label Soubatel. Matar Diop Soubatel est quelqu’un avec qui je travaille beaucoup ces derniers temps et qui me soutient. Il est donc normal que ces deux artistes soient présents. Il y a aussi Viviane, car il nous faut une dame. C'est important, et Viviane est la reine. Nous avons fait appel à notre grande diva, et elle a répondu présente comme d'habitude. Je pense qu’elle sera là. La nouvelle génération ne sera pas en reste. Obree Daman sera également présent. Nous préparons ensemble un single. C'est quelqu'un de très talentueux et nous partageons cet univers gospel.
Qu’en est-il d’Awadi ? C’est lui qui vous a tendu la perche en quelque sorte ?
Je cherche à inviter Dj Awadi depuis longtemps. Je le fais presque chaque année, mais il n’est jamais là. Vous savez, Didier voyage beaucoup. Je ne sais pas s’il sera là samedi. Je ne veux pas prendre le risque de le citer.
Le single avec Duggy Tee rappelle énormément vos débuts dans le rap. Est-ce un retour aux sources ?
Nous avions tellement envie de refaire ce que nous savons faire le mieux. À un moment, nous avons voulu sortir et faire autre chose. C’est ce que nous avons fait et cela nous a donné beaucoup d'opportunités. Aujourd’hui, nous n’avons plus de challenge ni de comptes à rendre. Nous pouvons nous permettre de faire ce que nous aimons. C’est pourquoi j’ai appelé Duggy. Je me suis dit que nous allions faire du rap, du rap pur et dur. Si c’était un battle, le trophée irait directement à Duggy. Je suis fan de lui.
Quelle sera la part de la danse, qui fait partie de votre carrière, au cours de cette célébration ? Comment s’est faite la transition de danseur à rappeur ou chanteur ?
Que ce soit sur scène ou en dehors, je serai en train de bouger. Nous allons danser, que ce soit ici ou aux Parcelles. Je ne peux pas monter sur scène sans danser, ce n'est pas possible. La danse, c’est ma vie. Je danse, je bouge tout le temps. Concernant ma transition de la danse au rap, cela s’est fait naturellement. Nous avons commencé par la danse, puis est venue l’urgence de danser sur ce que nous voulons entendre. Il me fallait créer ma propre musique, car c'était urgent. C’est vrai que nous prenons de l’âge et que le corps ne répond plus comme quand nous étions jeunes. Mais nous n’en sommes pas encore arrivés là. Je danserai donc sur scène.
Pourquoi avez-vous décidé de vous ouvrir à d'autres styles que le rap pur et dur afin de toucher un public plus large ?
Je pense qu'il faut évoluer. On peut commencer jeune en se disant que l’on fait du rap pur et dur. Mais le rap pur et dur n’existe pas au Sénégal. Ici, les conditions et les réalités ne sont pas les mêmes. Il n’y a pas de gangster ici. Nous aimons le rap pur et dur, mais je n’ai pas envie d’être gangster. J’écoute du rap dans ma voiture, chez moi, mais je n’en fais pas. Je fais le rap que j’ai envie de faire. Je suis hip-hop, et ça, personne ne peut me l’enlever. Chacun gère ce qu’il doit gérer.
Qu’est-ce qui vous vaut cette longévité sur la scène ? Est-ce cette ouverture, car les rappeurs de votre génération ne se produisent plus, ou du moins pas au même rythme que vous ?
Si je ne l’avais pas fait, je serais dans le même bateau que ceux qui veulent encore faire du rap pur et dur mais ne peuvent plus. Ils sont coincés dans un cadre et ne peuvent plus bouger. Je suis artiste avant tout, j’aime le rap, je suis rap et j'ai la chance de faire plaisir à travers ma voix. Je ne vois pas ce qui pourrait m’en empêcher. Aujourd'hui, combien de gens ai-je fait plaisir juste parce que nous savons chanter dans tel ou tel registre ? Ce public, qui achète ce que nous produisons et qui vient nous voir chaque fois que nous faisons appel à eux, est important pour nous.
Aujourd’hui, comment définissez-vous votre musique ?
Je dirais que je fais de la musique. On ne peut pas ranger dans un style la musique faite par un Africain. L’artiste africain est la musique en personne. Ceux qui sont venus ici pour exporter notre musique essaient de la définir. Dans leurs limites, ils appellent cela un style. Aujourd’hui, nous faisons de tout et nous sommes la musique. Nous explorons et nous n’avons pas de limites.
Vous n’avez pas de limites, mais vous ne touchez pas à l’afrobeat. Pourquoi ?
C’était avant. Venez me voir samedi et vous verrez. Je ne fais pas cet afrobeat qu’on entend partout, mais l’afrobeat pur. Je vous le promets. Ce que nous entendons tous les jours, je sais le faire. Mais je n’ai pas envie de faire cela. J’aurais pu sortir un titre chaque semaine, mais je n’en ai pas envie. Par ailleurs, je compte revisiter mes anciens morceaux, car c’est important de faire ce que j’ai envie de faire. Que les gens le ressentent exactement comme ça.
Êtes-vous conscient que les moyens de communication sont différents et qu’il vous faut les explorer ?
Oui, vraiment. Nous avons sorti un morceau il y a cinq ans, mais c’est récemment qu’il a eu un succès fou. On entend la chanson partout. C’était le challenge du moment sur TikTok, et tout est parti de ce réseau social. Nous sommes donc conscients qu’il faut toujours travailler, se donner et s’ouvrir. TikTok est un nouveau moyen de communication.
Thecia P. NYOMBA EKOMIE