‘’Vous aurez en face de vous tous les pays africains’’

Préparez-vous à affronter les géants d’Afrique plutôt que de vous focaliser sur le Maroc. Telle est en substance la réponse que le chef de l’Etat a servie hier au patronat sénégalais au sujet de l’adhésion du royaume à la Cedeao.
Au conseil présidentiel sur l’investissement, il n’y avait pas que du dialogue et de la commande publique. La question de l’adhésion du Maroc à la Cedeao s’est aussi invitée au débat. Rappelant au chef de l’Etat le mémorandum que lui ont adressé les forces vives de la nation, Mansour Kama a invité Macky Sall à y porter une attention particulière, avant l’avis définitif des chefs d’Etat, le 16 décembre prochain à Lomé. ‘’Rarement préoccupation n’a été aussi largement partagée au Sénégal’’, dixit M. Kama.
Le chef de l’Etat, qui n’a pas évité la question, a fait comprendre au patronat que la question n’est pas marocaine, mais africaine. Il a révélé que les leadeurs africains travaillent pour une Zone de libre échange continentale (ZEC). Sous peu donc, il n’y aura plus de droits de douanes, en plus d’une liberté de circulation des biens et services. Selon le chef de l’Etat, le processus a d’ailleurs déjà démarré, avec les prélèvements communautaires (destinés à financer le fonctionnement de l’UA) qui se portent uniquement sur les importations extra-africaines.
‘’Donc, ce n’est pas bientôt que le Maroc que vous aurez en face de vous, vous aurez la Tunisie, le Kenya, l’Egypte. Vous aurez tous les pays africains, puisque nous travaillons pour que 2018 soit l’année où le marché unique africain sera réalisé’’, prévient-il. De son point de vue, le vrai débat n’est pas de savoir si les Marocains seront là ou pas, mais de faire en sorte d’être aussi compétitif que le royaume. Macky Sall dit donc travailler pour que la performance du secteur privé puisse préserver les emplois nationaux face à la concurrence. Macky invite donc les opérateurs privés à se projeter sur l’Afrique de demain.
‘’Si nos économies sont en péril, nous prendrons les mesures de sauvegarde’’
S’agissant du dossier marocain, le chef de l’Etat déclare que la Cedeao a commis une commission d’experts qui a été au Maroc et qui va soumettre un rapport aux chefs d’Etat, avant toute décision finale. ‘’Il faut quand même respecter les chefs d’Etat et considérer que c’est des êtres au moins dotés d’intelligence minimale pour pouvoir défendre les intérêts de leur pays et de leur région. Nous n’avons absolument rien à dépendre du Maroc. Si l’analyse et les études montrent clairement que nos économies sont en péril, nous prendrons les mesures de sauvegarde nécessaires’’, renchérit-il.
Outre le Maroc, le chef de l’Etat reconnaît le retard du Sénégal sur d’autres pays. Selon lui, l’industrie nigériane est sans commune mesure avec celle du Sénégal. De même que celle ivoirienne, mais il pense qu’il faut mettre en œuvre des mécanismes qui permettent d’être résilients, tout en mettant en avant les avantages compétitifs du pays.
BABACAR WILLANE