Du nouveau dans l'affaire de la célèbre Librairie Clairafrique. Il nous revient que les personnes citées dans ce scandale ébruité par L'As risquent bien de se retrouver dans les prochaines heures en prison. En effet, le Parquet a non seulement requis le mandat de dépôt contre l'ex-directeur général de la Librairie Clairafrique, Jean-Charles Faye, mais aussi contre le Directeur administratif et financier (Daf) Guy Anoma, le chef-comptable Théophile Coly et l'informaticienne Liliane Thiaw. On les accuse avec des charges différentes de détournement et de complicité de détournement de fonds. Et les sommes incriminées dépassent de loin les 500 millions avancés, même si elles n'atteignent pas, d'après le décompte des audits, le milliard de francs. On reproche à ce groupe d'avoir non seulement organisé le pillage financier de cette boîte, mais aussi d'avoir procédé, grâce à l'intervention de l'informaticienne Liliane Thiaw, à la destruction des données comptables, pour ne pas laisser de traces. Ce qui est clair, c'est que cette affaire est partie pour chauffer la place. Car, si l'enquête établie, sur la base de rapports d'audit, que de multiples détournements ont eu lieu à la librairie Clairafrique, les personnes incriminées dénoncent le non respect du principe du contradictoire dans les rapports ayant servi à faire tomber Jean Charles Faye et Cie. ''Le non respect du principe du contradictoire constitue la cause de la nullité de l'expertise.'' Or, fait remarquer un des conseils de l'ex-Dg, ''les rapports établis par l'expert comptable M. Cheikh Fall sont en réalité des rapports définitifs entachés par la violation systématique du principe du contradictoire''. Lors de son interrogatoire par les gendarmes de la Section de recherches de la Gendarmerie, Jean-Charles Faye n'a de cesse de rappeler qu'il n'a pas été associé dans les opérations d'audit.

La lettre électrique du Cardinal Théodore Adrien Sarr

Le dossier paraît quand même bien accablant pour l'ancien Directeur général de Clairafrique, qui a eu à soutenir un bon bras de fer avec...son patron, le Cardinal Théodore Adrien Sarr, archevêque de Dakar. Dans le dossier de Clairafrique, il y a cette lettre électrique, rédigée par le chef de l'Eglise à Jean-Charles Faye, en janvier 2011. ''Les divergences apparues entre vous et moi depuis plusieurs mois prouvent que vous n'avez pas toujours nourri la préoccupation de vous référer à l'autorité diocésaine, avant la prise de certaines décisions importantes, ni attendu son aval. Un exemple : le changement de votre traitement à partir de vos 60 ans'', écrit le Cardinal Sarr. Le verdict est sans appel : ''C'est à se demander même ce que représente pour vous cette autorité, qui vous a nommé (Ndlr, l'Eglise) à la tête de l'institution''. Les points de désaccord concernent aussi la passation de service, car Jean-Charles Faye avait suscité une ''proposition de documents à établir et processus pour une éventuelle passation de service. Le ton utilisé par le Cardinal Théodore Adrien Sarr est là aussi, martial. ''Puisque donc vous ne voulez pas effectuer ce qui vous revient pour une passation de service en bonne et due forme, je vous demande de bien vouloir libérer votre bureau, dans les 48 heures après réception de la présente, afin que nous installions la nouvelle direction de la Librairie Clairafrique''. Et cette injonction de taille consistant à laisser le véhicule de fonction sur place ; les clefs avec la Secrétaire...'' A suivre...