Publié le 18 Dec 2014 - 14:30
AFRIQUE MONDE

Le pape François, principal artisan du rapprochement américano-cubain

 

Le nouveau succès obtenu par le pape François dans la réconciliation américano-cubaine est le dernier en date d'un pape mondialement populaire. Celui qui a succédé à Benoît XVI en février 2013 sait user de ce prestige pour renforcer le poids du Vatican sur la scène mondiale.

Le pape François est discrètement intervenu, en personne, dans le dossier américano-cubain dont un tournant historique a été amorcé mercredi 17 décembre. Une entremise déterminante qui remonte à l'été 2014.

Alors que des négociations secrètes entre le régime communiste et le géant américain sont entamées s le printemps 2013, sous l'égide du Canada, et avec l'aval de Barack Obama, le pape François, tout auréolé par la communauté internationale par ses prises de position sur différents dossiers chauds, décide d'y mettre son grain de sel. Du gros sel même, puisque c'est bien le Souverain pontife que le président américain a tenu à remercier personnellement dans son discours à la télévision, mercredi 17 décembre : « Je veux remercier Sa Sainteté, le pape François, dont l'exemple moral nous montre l'importance de rechercher un monde tel qu'il devrait être, plutôt que de se contenter du monde tel qu'il est. »

Deux lettres

Barack Obama et François se sont rencontrés en mars dernier au Vatican, officiellement consacrée à d'autres sujets. La question de Cuba est discutée par les deux dirigeants. A ce moment, raconte un haut responsable américain sous couvert d'anonymat, « le pape François a compris que le président Obama envisageait cette série de changements », a raconté le responsable américain.

L'action à mettre au crédit du Vatican s'incarne alors dans deux lettres adressées séparément par le Saint-Père aux deux présidents cubain et américain « pour les inviter à résoudre les questions humanitaires d'intérêt commun, parmi lesquelles la situation de certains détenus, afin de lancer une nouvelle phase dans les rapports entre les deux parties », comme l'a expliqué le Vatican dans un communiqué.

Une initiative sans précédent, selon Washington, et décrite comme décisive. « Cela a renforcé l'impulsion et l'élan pour aller de l'avant », explique un responsable américain, qui a souligné l'importance de l'origine sud-américaine du pape argentin.

La deuxième étape clé intervient à l'automne. Des délégations américaine et cubaine sont accueillies au Saint-Siège en octobre, en présence de responsables catholiques. L'objectif : finaliser les termes de la normalisation, notamment l'échange de prisonniers. Le processus arrive à son terme.

Bien que les discussions aient été accueillies par le Canada, le Vatican fut « le seul gouvernement à participer aux discussions », a précisé Washington.

Un retour en force de la diplomatie vaticane

Le premier pape latino-américain de l'histoire suivait de près le dossier cubain depuis son élection en mars 2013, après les voyages à la Havane de ses deux prédécesseurs Jean-Paul II (en 1998) et Benoît XVI (en 2012).

Tous deux avaient choisi le pragmatisme en ne refusant jamais le dialogue avec le régime communiste. Aussi le présent succès de la diplomatie vaticane est-il le fruit d'une longue médiation du Saint-Siège et de l'Eglise cubaine dans le récent processus de démocratisation sur l'île.

Secrète et silencieuse, la diplomatie vaticane n'a jamais cessé d'œuvrer, le réseau diplomatique des nonces étant un des plus étendus du monde. Mais avec le pape théologien Benoît XVI, plus en retrait, moins médiatique, et avec des prises de parole moins fortes, cette diplomatie avait quelque peu perdu de sa vigueur.

Cet indéniable succès de François, clairement salué par le président américain, permet à la diplomatie vaticane de retrouver la visibilité qu'elle avait avec Jean-Paul II, au moment de la chute du Rideau de fer.

(Afp)

 

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