Publié le 18 Nov 2021 - 19:52
AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Les envois de fonds des migrants estimés à 45 milliards de dollars en 2021

 

Les envois de fonds des migrants vers l’Afrique subsaharienne ont repris de la vigueur en 2021. Selon la dernière note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement rendue publique hier, ils ont progressé de 6,2 %, pour atteindre 45 milliards de dollars.

 

Les envois de fonds des migrants vers les pays à revenu faible et intermédiaire devraient connaître une forte augmentation de 7,3 % et s’élever à 589 milliards de dollars en 2021. La dernière note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, publiée hier, révèle, en effet, que ce rebond est supérieur aux prévisions antérieures. Il confirme la robustesse des flux déjà observée en 2020, quand les remises migratoires n’ont baissé que de 1,7 %, en dépit de la grave récession mondiale provoquée par pandémie de Covid-19.

‘’Les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne ont repris de la vigueur en 2021. Ils ont progressé de 6,2 %, pour atteindre 45 milliards de dollars. Au Nigeria, premier bénéficiaire de la région, le rebond est modéré, en partie du fait de l’influence croissante des politiques destinées à canaliser les transferts d’argent par l’intermédiaire du système bancaire. Les pays où le volume des remises migratoires en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) est conséquent, sont la Gambie (33,8 %), le Lesotho (23,5 %), le Cap-Vert (15,6 %) et les Comores (12,3 %). En 2022, les envois de fonds devraient augmenter de 5,5 %, grâce à la poursuite de la reprise économique en Europe et aux États-Unis’’, rapporte le document.

Concernant les coûts des transferts, la Banque mondiale informe qu’ils étaient en moyenne de 8 % au premier trimestre de 2021, contre 8,9 % un an plus tôt. ‘’Bien que les migrations intra-régionales représentent plus de 70 % des mouvements transfrontaliers de population, les frais sont élevés en raison des faibles quantités de flux formels et de l’utilisation des taux de change du marché noir. (…) Pour la deuxième année consécutive, les transferts d’argent vers les pays à revenu faible et intermédiaire (hors Chine) devraient excéder la somme des investissements directs étrangers (IDE) et de l’aide publique au développement (APD)’’, poursuit la note.

Selon la base de données de la Banque mondiale sur les coûts des transferts dans le monde, le tarif pour l’envoi de 200 dollars entre pays reste élevé et représente en moyenne 6,4 % des flux du premier trimestre 2021. Ce chiffre est plus de deux fois supérieur à l’objectif de 3 % à l’horizon 2030 fixé par les Objectifs de développement durable. C’est en Afrique subsaharienne qu’il est le plus coûteux d’envoyer de l’argent (8 %) et en Asie du Sud que le tarif est le plus bas (4,6 %). Les données révèlent que les frais sont souvent plus élevés quand les fonds sont transférés par l’intermédiaire de banques, plutôt que via des canaux numériques ou des opérateurs offrant des services de transfert d’espèces.

D’après la même source, ce constat souligne l’importance de ces flux qui constituent une ‘’véritable bouée de sauvetage’’, en permettant aux ménages de financer des produits essentiels tels que la nourriture, la santé et l’éducation pendant les périodes de difficultés économiques dans les pays d’origine des migrants. ‘’Les remises migratoires ont largement complété les programmes gouvernementaux de transferts monétaires pour aider les familles souffrant de précarité économique pendant la crise de la Covid-19. Faciliter ces envois de fonds pour soulager les budgets des ménages mis à rude épreuve, devrait être un élément clé des politiques nationales visant à soutenir un redressement global après la pandémie’’, fait observer le directeur mondial Protection sociale et emploi à la Banque mondiale, Michal Rutkowski.

Les experts de la BM estiment que la détermination des migrants à venir en aide à leur famille, en cas de besoin, est à l’origine de la forte progression des remises migratoires, de même que la reprise économique en Europe et aux États-Unis qui a été stimulée par les programmes de relance budgétaire et de soutien à l’emploi.

Dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et en Russie, le rebond des envois de fonds a également été facilité par la hausse des prix du pétrole et la reprise de l’activité économique qui en a résulté.  Les flux ont enregistré une forte progression dans la plupart des régions : ils ont augmenté de 21,6 % en Amérique latine et dans les Caraïbes, de 9,7 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, de 8 % en Asie du Sud, de 6,2 % en Afrique subsaharienne et de 5,3 % en Europe et en Asie centrale.

L’impact immédiat de la crise sur les remises migratoires a été ‘’très important’’, souligne l’auteur principal de la note et directeur du programme Knomad, et le rebond étonnant des flux d’envois de fonds est, pour lui, une ‘’bonne nouvelle’’. ‘’Pour que les fonds continuent de circuler, en particulier par les canaux numériques, il est essentiel de permettre aux migrants et aux opérateurs de transferts de fonds d’accéder à des comptes bancaires. Les réponses politiques doivent également continuer à faire une place aux migrants, notamment dans les domaines de l’accès aux vaccins et de la protection contre les défauts de paiement’’, affirme Dilip Ratha.

MARIAMA DIEME

 

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