Publié le 18 Sep 2019 - 18:33
AISSATOU DIALLO CONDAMNEE A 5 ANS POUR INFANTICIDE

La détresse d’une femme délaissée

 

La Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Kolda a jugé deux affaires, hier, dont celle d’Aissatou Diallo. Une douloureuse affaire d’infanticide.

 

Après sept heures d’horloge, les magistrats ont fini par terminer les trois procès des six accusés. Il s’agit d’Aissatou Diallo, Amadou Tidiane Ba, Mamadou Saliou Diallo, Mouhamadou Kébé, Boubacar Bassène Baldé et Abibou Baldé poursuivis pour trafic intérieur de drogue et complicité.

Aissatou Diallo est la femme d’un émigré établi en Italie. La jeune femme, âgée de 26 ans, est mère de 2 enfants. Elle a été jugée hier devant la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Kolda pour infanticide. Aissatou a été arrêtée le 15 décembre 2017, vers 16 h, au village de Darou Salam Guèye, département de Médina Yoro Foula, par les éléments de la brigade de gendarmerie de Kolda. Les pandores avaient été alertés par le chef du village, suite à la découverte macabre d’un nouveau-né jeté dans une fosse septique.

A leur arrivée, ils ont été informés que la nommée Aissatou Diallo venait de mettre au monde un bébé de sexe masculin, sans assistance. Après l’accouchement, elle avait emballé son bébé dans un pagne avant de le jeter dans une fosse septique, à l’insu des membres de la famille parti aux champs.

Hier, devant la barre, elle a déclaré que le bébé est mort-né. ‘’Mon bébé n’avait pas crié. Il n’avait ni bougé ni respiré. Ce qui m’a poussée à l’emballer dans un tissu blanc pour le jeter dans la fosse septique’’. A la question de savoir pourquoi elle l’a fait sans attendre les membres de sa famille, elle a révélé : ‘’Depuis le départ de mon mari Youssouf Camara, les membres de sa famille m’ont délaissée. Je n’ai plus bénéficié du soutien familial. Personne ne s’occupe de l’habillement de mes enfants, de leur scolarité, de leur nourriture et leurs frais sanitaires. J’ai eu la charge de mes enfants pendant trois bonnes années.’’ Elle a ajouté qu’elle n’avait pas l’intention de le tuer.

‘’Faux’’, a rétorqué le procureur qui a expliqué qu’à ‘’l’enquête préliminaire, Aissatou Diallo avait dit aux enquêteurs qu’après l’accouchement, le bébé avait poussé un seul cri’’. D’ailleurs, le certificat de genre de mort, a-t-il renseigné, atteste que ‘’le bébé, à sa naissance, était bel et bien vivant. Mais, après avoir été jeté dans la fosse septique, les narines et la bouche ont été bouchés par des déchets, du fait que le bébé voulait respirer.’’

Fort de ce constat, le ministère public a requis la perpétuité contre Aissatou Diallo. Une peine jugée lourde par l’avocat de l’accusée, Me Térence Senghor, qui soutient que les parents du mari d’Aissatou Diallo l’ont poussée à commettre cet acte. ‘’Car elle a été complètement délaissée et laissée sans secours’’. Il a demandé une application bienveillante à l’encontre de sa cliente.

Au finish, elle a été condamnée à passer 5 bonnes années en prison pour infanticide.

Condamnation et acquittement pour trafic de drogue

La Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Kolda a aussi statué sur le sort d’Amadou Tidiane Ba, Mamadou Saliou Diallo et Boubacar Bassène Baldé, Abibou Baldé et Mouhamadou Kébé. Ils ont été jugés pour association de malfaiteurs, trafic intérieur de drogue et complicité de trafic intérieur de drogue. Devant la barre, ils ont tous balayé d’un revers de main les crimes pour lesquels ils sont poursuivis. Ils disent qu’ils ne connaissent pas, mais surtout qu’ils ne s’adonnent pas au trafic de drogue. Ils avaient quitté Kafoutine pour se rendre à Kolda, via Sédhiou. Mais les gendarmes de Bounkiling et de Sédhiou-commune les ont alpagués, avant de les conduire en prison.

Devant les enquêteurs, ils avaient tous reconnu les crimes. Hier, ils les ont rejetés en bloc, sous le prétexte qu’ils ont été bastonnés et mis sous pression par les enquêteurs. Ce qui leur a valu de tenir les propos consignés dans les procès-verbaux.

Mais, selon le procureur, ‘’leurs déclarations ne peuvent pas prospérer, du fait qu’ils ont été pris en flagrant délit, à des heures tardives de la nuit, au moment où ils étaient à bord de leurs motos chargées de sacs remplis de drogue’’. Il a requis une peine de 15 ans de travaux forcés pour chacun et une amende de 10 millions de F Cfa pour chacun aussi.

Les avocats de la défense, Mes Prosper Djiba, Papa Samba So et Kaoussou Bodian ont, eux, plaidé l’acquittement de leurs clients, faute de preuves. ‘’La matérialité des faits n’a pas été apportée et des contradictions ont été notées dans les procès-verbaux’’, ont-ils dit, avant de solliciter de la chambre criminelle une application bienveillante de la loi, au cas où elle estime que les accusés sont coupables.

Finalement, Amadou Tidiane Ba et Boubacar Bassène Baldé ont été condamnés chacun à 10 ans de travaux forcés pour trafic intérieur de drogue. Boubacar Bassène Baldé devra également payer une amende de 2 millions de nos francs. Mamadou Saliou Diallo a écopé de 5 ans de travaux forcés. Tandis qu’Abibou Baldé et Mouhamadou Kébé ont été acquittés de tous les chefs d’accusation. Ils regagnent ainsi leur liberté, après avoir passé trois ans derrière les barreaux.

EMMANUEL BOUBA YANGA

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