Publié le 20 Nov 2019 - 17:51
APRES 30 ANS D’EXISTENCE, LA CONVENTION DES DROITS DE L’ENFANT FAIT LE POINT

Toujours rien de concret

 

La Convention des droits de l’enfant fête, ce 20 novembre, ses 30 ans d’existence. ‘’EnQuête’’ en a profité pour échanger avec des défenseurs de ces droits au Sénégal. Ils dressent un tableau peu reluisant.

 

Le 20 novembre 1989, la Convention relative aux droits de l'enfant (Cde) était adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies. Une année après, soit en 1990, le Sénégal l’a ratifiée. Aujourd’hui, on fête les 30 ans de cette convention qui repose sur quatre piliers, selon l’ancien président du Parlement des enfants Pèdre Ndiaye : la participation, l’intérêt supérieur, la non discrimination et le développement ainsi que la survie de l’enfant.

Pour la secrétaire exécutive de la Coalition nationale des associations et Ong en faveur de l'enfance au Sénégal (Conafe), Justine Laison, ce texte est un instrument juridique spécifique aux enfants. ‘’Cette convention est née suite aux nombreux constats faits dans différents pays après des guerres où les enfants n’étaient pas totalement pris en charge. Il y a eu plusieurs discussions avant qu’elle ne soit adoptée par les Nations Unies’’, informe-t-elle.

Tous les pays ayant ratifié cette convention doivent respecter ce qui a été consigné dans le texte. Le Sénégal, signataire de cette dernière, doit donc honorer un certain nombre d’engagements, notamment celui relatif aux droits de l’enfant. Mais le constat est que dans les faits, tel n’est pas le cas.  Même s’il est noté quelques efforts consentis pas l’Etat. Dans plusieurs domaines, il y a des cas de maltraitances et de viols. Il est également relevé le cas des enfants de la rue ou le mariage précoce. ‘’Disons que des progrès sont faits, mais jusque-là, ils restent poussifs’’, déclare Justine Laison.

Pèdre Ndiaye est du même avis. ‘’S’il faut évaluer le niveau de réalisation des droits de l’enfant au Sénégal, beaucoup d’indicateurs montrent à suffisance qu’ils ne sont pas respectés. Les enfants sont négligés, tant au niveau familial, communautaire, qu’institutionnel. On peut même dire que ces enfants sont sacrifiés, en particulier les talibés. Et quand on parle de la convention, dans son article 3, l’intérêt supérieur des enfants est mis en avant. Mais ici, nul ne le respecte’’, s’offusque-t-il.

‘’Nous avons une vue qui n’honore pas le Sénégal’’

La place des enfants dans la politique étatique n’est pas bien ressentie. Il n’existe pas beaucoup de mécanismes juridiques et institutionnels mis en place pour les protéger. ‘’À ce niveau-là, il y a souvent des défaillances qui font que, souvent, les enfants ne sont pas protégés à la mesure des engagements qui sont pris par l’Etat’’, affirme Mme Laison. Pèdre Ndiaye, lui, estime que ‘’le président de la République a manifesté une volonté politique claire pour offrir aux enfants un environnement protecteur et efficace à travers les directives données aux différents ministères. Aujourd’hui, la question qu’il faut se poser est celle de savoir pourquoi les ministères concernés ne respectent pas les instructions du président. Si on prend l’exemple de la mendicité au Sénégal, le président a clairement dit, en Conseil des ministres, qu’il ne voulait plus voir un enfant dans la rue et qu’il fallait revoir le cadre institutionnel de la protection de ces enfants’’. Et M. Ndiaye d’interpeler les différents ministères dont ceux de la Femme, de la Justice, de l’Intérieur et des Affaires étrangères, pour éradiquer ce phénomène.

Rien n’est fait pour sortir les enfants de ce cadre. Ce que Justine Laison trouve bien dommage. ‘’Nous avons une vue qui n’honore pas le Sénégal. Quant aux mesures qui sont prises, elles ne sont pas encore concrétisées. Nous attendons toujours l’adoption du statut des ‘’daara’’ pour pouvoir prendre en compte cette question, tout comme le Code de l’enfant qui n’est toujours pas adopté’’. ‘’Les organisations de défense des droits des enfants se battent pour l’existence d’une loi sur le statut des ‘daara’. Pour l’instant, c’est une mesure spéciale qui est prise et qui tarde à être effective, parce qu’il y a un problème de coordination entre ceux qui devaient prendre en compte cette question’’, souligne la secrétaire exécutive de la Conafe.

Pour Pédre Ndiaye, dans cette afffaire, les gens sont allés trop vite en besogne. Ils ne proposent qu’une évaluation de l’application des mesures prises. Alors qu’‘’Il faut, par exemple, voir combien d’enfants le ministère de l’Intérieur a retirés de nos rues’’, propose-t-il.  

ROKHAYA NDOM (STAGIAIRE)

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