Publié le 9 Jan 2015 - 18:20
APRES L’ATTENTAT A CHARLIE HEBDO

Des incidents anti-musulmans signalés 

 

Alors que les représentants de la communauté musulmane de France appellent à la solidarité et à la condamnation de l’attentat contre Charlie Hebdo, des actes ciblant des lieux de culte et des personnes de confession musulmane sont signalés à travers le pays. Plusieurs mosquées ont été visées et la voiture d’une famille musulmane a été la cible de coups de feu dans le Vaucluse.

 

Depuis mercredi soir, trois villes françaises ont été le théâtre d’actes criminels contre des lieux de culte musulmans : au Mans, à Port-La-Nouvelle et à Villefranche-sur-Saône. Dans cette dernière, ce jeudi matin, une explosion d’origine criminelle a été signalée dans un restaurant kebab près d’une mosquée. Pour le maire de la ville, Bernard Perrut, « c'est lié a priori à la situation dramatique » après l’attentat contre Charlie Hebdo.

Par ailleurs, des coups de feu ont été tirés dans une salle de prière musulmane à Port-La-Nouvelle dans le sud de la France. Par chance, le site était vide. L’incident a eu lieu une heure après la prière qui réunit environ une trentaine de personnes. Dans l’ouest du pays, au Mans, ce sont trois grenades d’exercice qui ont été lancées en direction de la mosquée de quartier des Sablons, dans l’est de la ville.

Enfin, mercredi soir, une voiture d’une famille musulmane a aussi été visée par des coups de feu. Elle se trouvait sur la voie publique dans une rue de Caromb. Tous ces incidents n’ont fait aucune victime mortelle.

En revanche, à Poitiers, un suspect a été interpellé ce jeudi pour avoir tagué le portail de la grande mosquée de la ville en inscrivant « Morts aux Arabes », mercredi soir. Aussitôt, le recteur de la mosquée avait déposé plainte. Les propos haineux ont été rapidement effacés.

Appel à une condamnation généralisée du terrorisme

Dans son communiqué publié ce 8 janvier, le Conseil français du culte musulman (CFCM), réuni à la grande mosquée de Paris avec l’ensemble des organisations musulmanes de France, invite les 3,5 à 5 millions de musulmans de l'Hexagone à se joindre au grand rassemblement national prévu dimanche 11 janvier à Paris.

Dans ce communiqué, signé du président du CFCM Dalil Boubakeur, les imams de toutes les mosquées de France sont appelés à « condamner avec la plus grande fermeté la violence et le terrorisme d’où qu’ils viennent, lors du prône de la grande prière de vendredi. » Dans la foulée, un rassemblement « digne et silencieux à la mémoire des compatriotes, victimes du terrorisme » est aussi prévu.

Dès mercredi, des musulmans de France ont spontanément participé aux manifestations à travers le pays pour affirmer leur soutien au journal et au combat pour la liberté d’expression. Un manifestant déclarait d’ailleurs à l’AFP : « Je suis musulman, je suis Charlie. »

La crainte d'une montée de l'islamophobie

Ce que plusieurs observateurs craignaient, tout comme les musulmans de France, semble se dessiner : une possible montée de l’islamophobie. Celle-ci a été soulignée dès mercredi soir. Les journaux arabes comme le quotidien Al-Charq l’écrivaient aussi dans leur édition de jeudi matin : « L’attentat met les musulmans dans l'embarras, car les groupes extrémistes européens vont exploiter l'incident pour attiser l'islamophobie. »

El Watan, le journal algérien met en garde aussi contre « les regards [qui] vont de nouveau être braqués sur la communauté musulmane de France et de la majorité des pays d'Occident comme ce fut le cas après le 11-Septembre. »

La chasse à l'homme suspendue pour la nuit

Neuf personnes sont en garde à vue, au lendemain de l'attaque meurtrière qui a frappé l'équipe de Charlie Hebdo. Après l'attentat qui a fait douze morts et onze blessés, dont quatre graves, la police recherche activement deux suspects, les frères Kouachi, qui ont été repérés dans l'Aisne (Picardie), à moins de 100 kilomètres au nord-est de Paris. Une autre attaque au fusil mitrailleur a eu lieu dans le sud de la capitale ce jeudi matin, faisant un mort, sans qu'aucun lien ne soit fait pour l'heure avec l'attentat contre le journal satirique. L'auteur de cette fusillade est toujours en fuite, deux personnes ont été placées en garde à vue.

(Rfi.fr)

 

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