Publié le 16 Jan 2021 - 18:43
ARRESTATION DE BOUBACAR SEYE

Horizon sans frontières dénonce un harcèlement et de l’imitation contre son leader

 

Le président de l’ONG de défense des droits des migrants a passé la journée d’hier entre les mains des agents de la Section de recherches. Il lui est reproché des propos qu’il aurait tenus sur les fonds de l’Union européenne et leur utilisation par le gouvernement du Sénégal.     

 

Quel message les autorités souhaitaient faire passer, en allant cueillir hier le président de l’organisation internationale des migrants Horizon sans frontières, à sa descente d’avion à l’aéroport international Blaise Diagne ? Vu les retours à l’annonce de cette nouvelle, il est tout sauf positif. Boubacar Sèye a été, par la suite, conduit manu militari à la Section de recherches où il a passé la journée d’hier. Une méthode vigoureusement dénoncée par l’organisation de défense des droits des migrants.

Dans un communiqué, Horizon sans frontières se dit ‘’profondément préoccupée par les méthodes indignes et de persécutions utilisées contre son président au Sénégal, interpellation et arrestation opérées sur la personnalité morale de HSF, comme s’il s’agissait d’un malfaiteur en fuite. Ce qui viole les principes du respect de la dignité humaine’’.

Cet excès de zèle, l’organisation ne se l’explique pas. Surtout que, soutient-elle, le président d’Horizon sans frontières ‘’s’était mis d’accord avec le responsable de la Dic (Direction des investigations criminelles) qu’à son retour de voyage, il se rendrait lui-même dans leurs locaux pour répondre à la convocation. Des agents ont eu à discuter en amont avec monsieur Boubacar Sèye’’.

C’est pourquoi HSF dit considérer ces actes comme de sérieuses atteintes au droit à la dignité, à l’intégrité morale et à la liberté d’opinion et d’expression.

Plus tard dans la journée, le mis en cause a confirmé avoir reçu un appel d’une personne qui s’est présentée à lui comme un gendarme et lui aurait demandé de se mettre à disposition pour être interrogé sur ce qu’il a dit sur la lutte contre l’émigration clandestine. Malgré sa disposition à coopérer, c’est une mauvaise surprise qui l’attendait à l’aéroport Blaise Diagne.

Du côté de la police, l’on explique une procédure de routine. En répondant à une sollicitation d’une partie de la presse en ligne, le responsable de la communication de la police nationale, le commissaire Mohamed Guèye, a soutenu que ‘’c’est dans le cadre d’une collaboration entre la police et la gendarmerie qu’il a été arrêté. En clair, il fait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire. La Section de recherches (SR) a adressé une demande d’opposition de sortie du territoire à la police le concernant’’.

Dans toutes les mesures, la forme a été dénoncée par HSF qui considère que ces actes n’ont pour but ‘’que de museler les personnes qui luttent contre la mauvaise gouvernance et surtout la mauvaise gestion du phénomène de l’émigration clandestine au Sénégal. HSF condamne fermement ces actes d’intimidation, d’arrestation, d’interpellation arbitraires et de traitements inhumains de son président’’.

Le Sénégal a connu, en fin 2020, une recrudescence de l’émigration irrégulière marquée par de nouvelles vagues de départs vers l’Europe de migrants à bord de pirogues. Beaucoup de jeunes ont perdu la vie en mer, victimes du chavirement de leurs embarcations. Malgré l’indignation générale au sein de la population, le gouvernement n’a pas reconnu les chiffres annoncés sur le nombre de morts survenus dans l’Atlantique.

Pour lutter contre l’émigration irrégulière, qui a déjà connu une crise similaire dans les années 2000, des financements ont été accordés au gouvernement du Sénégal par l’Union européenne. Face au manque de résultats dans la maitrise des départs, Boubacar Sèye aurait tenu, lors d’une sortie médiatique, des propos selon lesquels, ‘’ces fonds sont rentrés dans des trous sans fond. Le gouvernement se partage les fonds injectés par l’Union européenne pour lutter contre l’émigration clandestine’’.

Mais l’organisation de lutte pour les droits des migrants estime que son leader est victime de harcèlement et d’intimidation, et appelle le gouvernement du Sénégal à ‘’respecter et à garantir le droit à la dignité et à l’intégrité morale, les droits à la liberté d’opinion, la liberté d’expression et, enfin, à la liberté de circulation’’. Tout en exhortant les autorités sénégalaises à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin aux actions contre son président et d’œuvrer pour ‘’sa libération immédiate et sans conditions’’.

Lamine Diouf

 

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