Le porte parole adjoint de l’APR risque six mois de prison dont trois mois fermes

Le porte-parole adjoint de l’Alliance pour la République (APR, opposition), Pape Mahawa Diouf, a comparu lundi devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Il est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles à la suite de propos tenus lors de l’émission Faram Facce, diffusée le 17 septembre 2025 sur la Télévision futurs médias (TFM). Le jugement est attendu le 13 octobre prochain.
L’affaire trouve son origine dans des déclarations du responsable politique, qui avait évoqué au cours de l’émission un prétendu « scandale à l’Aser portant sur 37 milliards FCFA sourcés, tracés et détournés ». À la barre, la vidéo a été projetée, mais le prévenu a nié avoir utilisé le mot « détournement ». « Je n’ai jamais parlé de détournement de deniers publics à l’Aser. J’ai simplement dit que le scandale devait être clarifié », a-t-il expliqué, précisant s’être appuyé sur les propos du député Thierno Alassane Sall et sur des articles de presse.
Le représentant de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser), Mbaye Diouf, conseiller technique du directeur général, a rejeté ces justifications. Selon lui, Thierno Alassane Sall n’a jamais évoqué un détournement de fonds et, si cela avait été le cas, l’Aser aurait aussitôt porté plainte. Des propos renforcés par le directeur de la communication de l’agence, Ousmane Dièye, qui a ironisé : « Le détournement dont il parle, il est le seul à en connaître le secret ». Les avocats de l’Aser, Maîtres Ousseynou Gaye et Khadim Kébé, ont dénoncé l’attitude du prévenu, estimant qu’il a « joué sur les mots sans faire amende honorable ». L’agence réclame 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts pour atteinte à son image. « L’Aser a été victime de ces fausses nouvelles. Il a fait un détournement de vérité », a soutenu Me Gaye.
La défense, assurée par un collectif composé de Maîtres Oumar Youm, Aliou Sow, Moussa Diouf, Adama Fall et El Hadj Amadou Sall, a pour sa part plaidé la relaxe pure et simple de leur client. Les avocats estiment que les faits reprochés à Pape Mahawa Diouf ne peuvent être poursuivis sur la base de l’article 255 du Code de procédure pénale. Ils ont également demandé la diffusion d’un extrait de l’émission Diano-bi sur Sud FM, dans laquelle le prévenu aurait, selon eux, précisé sa pensée.
Interpellé par le juge sur d’éventuels regrets, Pape Mahawa Diouf a répondu calmement : « je n’ai pas le sentiment d’avoir fauté. Je n’ai jamais accusé le directeur de l’Aser. Si mes propos ont pu heurter, je les retire, mais je ne les regrette pas ».
Dans son réquisitoire, le procureur de la République a requis une peine de six mois d’emprisonnement, dont trois mois ferme, assortie d’une amende de 300 000 francs CFA. Après les plaidoiries, le tribunal a mis le dossier en délibéré. Le verdict sera rendu le 13 octobre prochain.
MAGUETTE NDAO