Fatou Diop Guèye Diaw risque 20 ans de réclusion criminelle

Il y a des histoires qui laissent un goût amer, même dans les murs froids d’un tribunal. Celle de Fatou Diop Guèye Diaw en fait partie. À 27 ans, cette jeune couturière originaire de Bargny comparaît pour un crime qui a bouleversé sa famille et endeuillé tout un quartier. Elle est accusée du meurtre de sa cousine Fatou Boye.
Le drame remonte au 12 mars 2021. Ce jour-là, une simple dispute, comme il en éclate parfois entre proches, dégénère et devient une tragédie irréversible. ‘’C’est ma cousine. On s’est disputé ; elle m’a insultée, j’ai perdu le contrôle’’, lâche l’accusée d’une voix tremblante. À la barre, elle dit ne pas avoir prémédité son geste, mais les faits, eux, laissent croire à un tout autre scénario.
Selon le mari de la victime, la tension était montée d’un cran, la veille. Fatou Diop aurait menacé sa cousine après une altercation liée à un différend entre elle et la mère de la victime. Le lendemain, elle serait allée acheter un couteau à la boutique du coin, avant de le dissimuler sous ses vêtements. Lorsqu’elle a croisé Fatou Boye dans le couloir du domicile familial, elle lui aurait planté la lame dans le ventre, en pleins préparatifs du déjeuner.
Face aux juges, l’accusée nie avoir prémédité le meurtre. Elle soutient avoir saisi le couteau sur la table du restaurant où elles se trouvaient. ‘’Ce n’était pas prévu. Si je pouvais remonter le temps, je ne serais même pas allée là-bas. Je demande pardon à sa famille, à ses enfants, à la justice’’, souffle-t-elle, les yeux embués.
L’avocat de la partie civile, représentant les héritiers de la défunte, ne mâche pas ses mots. Pour lui, il ne s’agit pas d’un simple débordement. ‘’Elle a essayé trois fois. Elle a insisté. C’est une attitude haineuse. Cette femme a privé quatre enfants de leur mère, dont une petite fille de moins de 2 ans. Le préjudice moral est énorme’’, plaide-t-il, réclamant 50 millions de francs CFA de dommages et intérêts.
Le parquet, de son côté, parle d’un crime mûrement réfléchi. Les faits, initialement qualifiés d'un meurtre, ont été requalifiés en assassinat. ‘’Elle a volontairement donné la mort. Elle a eu le temps de réfléchir ; elle a persisté malgré les premières tentatives ratées’’, a souligné le représentant du ministère public. Il a ainsi requis 20 ans de réclusion criminelle contre l’accusée.
Mais du côté de la défense, Me Daff tente de faire entendre une autre vérité. Celle d’une jeune femme sans éducation, débordée par ses émotions, incapable de mesurer la portée de son geste. ‘’Elle n’a jamais voulu tuer. Elle n’a pas visé une partie vitale. Elle pensait se défendre. Aidez cette jeune fille à se relever. Elle aura 45 ans à sa sortie, si vous la condamnez à 20 ans. Elle mérite une seconde chance’’, a plaidé Me Daff.
L’affaire est mise en délibéré. Le verdict sera rendu le 6 mai prochain.
MAGUETTE NDAO