Publié le 7 Aug 2025 - 11:33
AUTONOMISATION DES FEMMES À KANEL

Rougui Bocoum, une force au service de ses pairs

 

Le GIE Fédé Mamadou Baidy Bilel Bocoum est devenu, en l'espace de deux ans, un véritable label dans l’écosystème de l’autonomisation des femmes grâce à l’ingéniosité et à la vision de sa présidente Rougui Bocoum. Après avoir offert deux millions aux femmes pour le démarrage des activités, elle a mis ses terrains à disposition pour développer le maraîchage et l’élevage devenus des secteurs rentables pour les femmes membres.

 

Pour aider les femmes des milieux défavorisés, il n'est point nécessaire de distribuer des sommes astronomiques partout. C’est ce que la présidente du groupement d’intérêt économique Fédé Mamadou Baidy Bilel Bocoum a réussi à faire comprendre. Dès la création du GIE, Rougui Bocoum pose les bases de son engagement. Elle mobilise deux millions de francs CFA de ses propres fonds pour permettre aux premières adhérentes de démarrer des activités économiques. Elle met également ses terrains à la disposition des femmes, leur ouvrant la voie à des activités génératrices de revenus variées, de l’agriculture à l’artisanat, en passant par le petit commerce.

‘’Nous sommes très reconnaissantes envers Rougui Bocoum. C’est elle qui nous a ouvert les yeux, témoigne Athia Kouro, secrétaire générale du GIE. Elle a vraiment tout fait pour nous et avec beaucoup de générosité. Elle pouvait se contenter de vivre sa belle vie, car elle est à l'abri du besoin, mais elle a préféré s’engager auprès des femmes de Kanel pour les aider à sortir de la pauvreté. Au début des activités, elle a débloqué deux millions. Avec cet argent, on prêtait aux femmes individuellement 50 000 F CFA et elles remboursaient 55 000 F CFA. C’est ainsi que nous avons réussi à capitaliser la somme qu'elle nous a offerte. Ensuite, elle a mis ses terrains à la disposition du GIE pour que les femmes y développent des activités de maraîchage’’.

Un jardin pour le consommer local

À Kanel, les femmes n’avaient pas beaucoup d’activités. Elles se limitaient aux travaux domestiques. Mais depuis quelques mois, elles sont plus actives. Chaque soir, elles se donnent rendez-vous au grand jardin pour arroser les planches. «’’Nous travaillons avec plaisir, car on y trouve nos comptes, déclare Mariame Coulibaly. Au-delà de l'aspect économique, le travail au jardin nous fait sortir de la monotonie’’.

En effet, un grand jardin a été aménagé à quelques encablures du lycée. Ce lieu s'est transformé en un espace de prospérité où les femmes de Kanel peuvent cultiver, vendre et tirer leurs revenus, contribuant ainsi à subvenir aux besoins de leurs familles. Au moment de la récolte, les femmes membres achètent à moitié prix ; elles peuvent revendre au marché avec une marge de 50 % de bénéfice. ‘’Grâce au GIE, je parviens à subvenir à quelques besoins de mes enfants. Mon mari est un cultivateur, il ne me donne quasiment rien. Aujourd’hui, je peux acheter les couches pour ma fille et régler mes petits problèmes. Avant que j’intègre le GIE, cela était impossible’’, rappelle Mariame.

Ces actions pour le recul de la pauvreté dans la commune de Kanel constituent le fruit de la détermination et de la vision de Rougui Bocoum, épaulée par son époux Mamadou Oumar Bocoum, qui lui apporte un soutien précieux dans cette  entreprise. Il y a deux ans à peine, quand elle lançait le pari audacieux de fonder un groupement économique exclusivement féminin pour impulser une nouvelle dynamique d’autonomisation dans la région de Matam, son mari était à ses côtés. Aujourd’hui, Fédé Mamadou Baidy s'est imposé comme l’un des GIE les plus actifs et respectés de la région de Matam.

Un GIE avec ses antennes dans les villages

Les femmes travaillent et s’autofinancent. Une méthode qui a fait ses preuves au point d'attirer d'autres femmes des autres localités. C’est ainsi que pour un souci de proximité, le GIE s’est implanté dans plusieurs localités de la région de Matam, devenant un véritable réseau solidaire et productif. Lors de la dernière assemblée générale qui s’est tenue au mois de mai, 12 villages des départements de Matam et de Kanel étaient venus prendre part à l’activité. Le nombre d’adhérentes allant crescendo, la présidente Rougui Bocoum compte mieux structurer son GIE pour plus être au service des femmes.

Plébiscité par les autorités, le GIE est devenu plus qu'un groupement pour être un symbole de résilience féminine et de solidarité. Face aux débordements du fleuve qui avaient généré, l'an dernier, une kyrielle de dégâts, les femmes du GIE étaient allées apporter des habits et du matériel aux sinistrés. Un acte de solidarité qui avait été salué par l’autorité administrative.

Dans deux mois, le GIE soufflera ses deux bougies, une occasion pour la présidente Rougui Bocoum de réaffirmer sa volonté de pousser les femmes du département de Kanel vers l’autonomisation.

Djibril Bâ

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