Publié le 1 Dec 2021 - 20:40
AWA ABDOUL BA (CANDIDATE W. A. PLATEAU)

La fille du président défie Alioune Ndoye

 

Seule candidate femme à la mairie de Dakar-Plateau, Awa Abdoul Ba, investie par Wallu Senegaal, ne compte faire aucun cadeau à ses rivaux, tous des hommes. Née au cœur de la capitale, la fille de l’ancien président de la Commission nationale de lutte contre la corruption et la concussion, le magistrat Abdoul Aziz Ba, se définit comme une fille de Wade et très soucieuse du devenir de son Plateau natal.

 

Dans les 19 communes de la ville de Dakar, elle est l’une des rares femmes à aller à l’assaut des hommes. Ça se passe dans le Plateau, où la libérale Awa Abdoul Ba espère barrer la route à un troisième mandat du maire sortant Alioune Ndoye, par ailleurs Ministre en charge de la pêche.

Pour elle, le bilan de ce dernier à la tête de la commune de Dakar-Plateau est tout simplement ‘’catastrophique’’, au terme de ses deux mandats consécutifs, de 2009 jusqu’à 2021. Elle peste : ‘’Je pense qu’il est temps que le Plateau essaie autre chose. En 12 ans et demi, Alioune Ndoye n’a rien fait ici, sinon donner des aides de 50 000 par-ci, des billets de pèlerinage par-là. Ce n’est pas comme ça qu’on va développer nos territoires qui manquent de tout. Nous devons apprendre à être exigeant avec ceux qui nous dirigent.’’

Méconnue du grand public sénégalais, Awa Abdoul Ba n’est plus à présenter dans son fief du Plateau, où elle multiplie les actes depuis quelques mois. Malgré les clichés ‘’d’être une fille de…’’, elle reste droite dans ses bottes et rétorque à ses détracteurs : ‘’Le plus important, c’est que je suis née et j’ai grandi à Dakar-Plateau. J’ai été bien formée, j’ai des compétences et je veux consacrer toutes mes énergies à ma commune et à tous les enfants de la commune de Dakar-Plateau. L’image qu’offrent aujourd’hui notre cadre de vie, nos écoles et nos rues est honteuse. Il nous faut choisir les hommes et les femmes qu’il faut pour la changer. Et ce n’est pas avec Alioune Ndoye, qui a déjà montré ses limites, après plus de 12 ans.’’

Environ la quarantaine, née à Dakar, la fille du magistrat Abdoul Aziz Ba (ancien Président du Conseil d’Etat, ancien Président de la Commission de lutte contre la corruption et la concussion) ne manque pas d’ambition pour sa commune. Mais la priorité de ses priorités, selon elle, c’est les femmes et les jeunes. Parlant de son vœu pour les femmes, elle compte dupliquer le modèle de ‘’Keur Jigen Ni’’ mis en place à Djida Thiaroye Kaw par son frère de parti le Dr Cheikh Dieng. Il s’agira, précise-t-elle, d’une maison pour former les femmes, les encadrer et les accompagner à mettre en œuvre leur projet. Elle justifie : ‘’Nous avons constaté une chose : au Sénégal, nous avons cette mauvaise habitude de donner des financements aux femmes sans formation préalable. Nous voulons changer la donne. Avant de donner des financements, il faut d’abord former et nous comptons le faire à travers la maison Keur Jigen Ni.’’

Une fois formées, souligne-t-elle, les bénéficiaires vont être financées et la maison permettra également de les installer et de démarrer leurs activités de production. En ce qui concerne les jeunes, Awa Abdoul Ba estime qu’il est capital de leur offrir plus d’espaces de loisirs, pour la pratiquer de sport, le divertissement avec notamment plus d’activités culturelles dont des festivals. Sur le plan environnemental, la candidate de Wallu Senegaal mise sur des aires de stationnement aériennes pour un nouveau souffle de la commune.

Longtemps absente de son pays et de sa ville natale, Awa Abdoul est rentrée définitivement au Sénégal en 2003. Elle s’engage par la suite au Parti démocratique sénégalais. La tête bien faite, elle a très vite été adoptée par Wade qui voit en elle plus une fille qu’une simple militante, en raison des liens profonds qui le liaient à son pater de magistrat. Un magistrat qui, selon les témoignages, a dû souffrir durant toute sa carrière de cette amitié avec l’opposant des années d’avant 2000. Sous Wade, il eut tous les honneurs en devenant respectivement vice-président du Conseil constitutionnel, président du Conseil d’Etat, avant de finir sa carrière à la tête de la Commission nationale de lutte contre la corruption et la concussion.

Convaincue que seul le libéralisme peut aider ce pays à arpenter les rampes de l’émergence, l’économiste de formation s’engage et gravit très rapidement les échelons au sommet du régime d’alors. Nommée conseiller technique chargée de la sécurité alimentaire, elle siège aux conseils d’administration de grandes organisations internationales comme la Fao, le Programme alimentaire mondial. En 2007, la libérale quitte la sphère publique et décide de migrer vers le secteur privé.

Elle achète ainsi une entreprise de la place qu’elle a réussi à rendre beaucoup plus prospère. Un motif de fierté pour la candidate. ‘’J’ai repris l’entreprise avec une quinzaine d’employés. Aujourd’hui, j’en ai une soixantaine. J’ai de l’expérience dans le privé comme dans le public qui pourrait servir à la tête de notre institution. Ce qu’il faut combattre dans ce pays, c’est valable pour le Plateau comme pour beaucoup d’autres collectivités territoriales, c’est la politique-politicienne. Il faut mettre la compétence au cœur de la gouvernance. C’est ma philosophie’’, s’est réjouie la candidate titulaire d’un Master 2 en management public, avec pour spécialités les marchés publics et les finances publiques.

Elle explique : ‘’Après mon Bac obtenu au Sénégal, je suis partie en France pour mes études supérieures. A mon retour, après avoir décidé de donner une tournure politique à ma carrière, j’ai pris la décision de m’adapter non seulement dans les domaines de la gouvernance publique, mais aussi d’adapter mes connaissances au contexte sénégalais.’’

MOR AMAR

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