Publié le 26 Aug 2021 - 00:33
BEACH SOCCER AU SENEGAL

Un grenier inépuisable inexploité 

 

Chassés des quartiers par la boulimie foncière, le développement sauvage de l’immobilier, le manque d’espace, les passionnés de foot, dans certaines localités, n’ont plus que la plage pour pratiquer. Cette passion, devenue une culture, fait du Sénégal une nation avec des potentialités énormes en Beach Soccer. Mais force est de constater que ce potentiel n’est toujours pas pleinement exploité, malgré les performances de l’équipe nationale de foot de plage. 77 082 23 98

 

Comme chaque dimanche matin, Mbaye Ndiaye vient à la plage de Diamalaye pour se consacrer au foot de plage, plus connu sous l’anglicisme Beach Soccer. Âgé d’une vingtaine d’années, cet habitant des HLM Grand-Médine enchaine les matches et les victoires depuis son arrivée, tôt le matin. De teint noir, vêtu du maillot du Barça imbibé de sueur, jambes couvertes de sable et une bouteille d’eau à la main, Mbaye s’apprête à rentrer chez lui.

Accroché, il exprime sa passion pour le football au bord de la mer. “Chaque dimanche, dit-il, je viens à la plage avec mes amis pour jouer au foot. Nous faisons cela depuis maintenant 10 ans. Le football est une vive passion pour moi. Nous sommes dans un pays où tout le monde le pratique, que ce soit dans les quartiers ou dans les terrains de foot. Mais nous, nous avons choisi la plage, car il y a plus d’espaces et c’est plus passionnant”.

Tout comme Mbaye, des centaines de jeunes viennent de partout pour jouer au Beach Soccer, en cette matinée de dimanche. Sous un soleil de plomb, ils montent des “petits camps”, le long des plages, allant de Cambérène à Yoff. Formant des équipes de six, ces passionnés de foot jouent, pieds nus, avec ardeur, technicité et rapidité. Alors que certains rêvent de devenir des pros, d’autres y trouvent juste un moyen de s’évader. Pour eux, malgré les performances de l’équipe nationale, le Beach Soccer est l’un des parents pauvres du sport au Sénégal. L’invincible Mbaye Ndiaye regrette : “Il y a beaucoup de jeunes talents qui viennent chaque fois ici et qui font de grands matches. Beaucoup auraient souhaité faire leur carrière dans le foot de plage. Mais il n’y a aucun promoteur qui vient, ne serait-ce que pour superviser les jeunes talents.”

 

‘’Les moyens manquent’’

Quelques pas en direction de la plage de la BCEAO. Un groupe d’amis est en train de jouer au ballon rond au bord de la mer. Munis de dossards vert et jaune, l’air professionnel, ils jouent avec beaucoup d’engagement, dans le respect strict des règles du football. Assis à même le sol, Adama Ndoye figure dans l’équipe qui va jouer le prochain match. Casquette noire sur la tête, tenue de sport et genouillères bien serrées, il dit avoir pratiqué le Beach Soccer dans le championnat du Sénégal. Un sport qui, dit-il, est en net recul, malgré les performances des hommes de Ngalla Sylla.

“Les moyens manquent dans le foot de plage. Les équipes ne sont pas assez outillées. Elles sont dévalorisées. Avec tout ce que ce sport nous apporte comme gloire, les équipes auraient dû le sentir, mais il n’en est rien, malheureusement”, déclare-t-il en gesticulant. En sus du manque de moyens, il invoque un défaut de perspectives et d’intérêt du public. ‘’Les gens préfèrent suivre les championnats européens, la Ligue européenne des champions. Aussi, les pratiquants choisissent le football, parce qu’il y a beaucoup plus d’opportunités’’.

Par ailleurs, pour certains de nos interlocuteurs, il n’y a pas de grande différence entre foot de plage et foot sur terrain gazonné. Il est même beaucoup plus difficile de jouer sur le sable lourd de la plage. Ceux qui parviennent à y faire étalage de leur talent devraient être excellents sur le gazon. C’est du moins la conviction de Moussa Kane, venu des Parcelles-Assainies avec ses amis, à bord de sa voiture. Il déclare : “Il y a beaucoup de jeunes qui rêvent d’être footballeurs professionnels, de nos jours. Certains ont abandonné les études et n’ont que la plage pour s’adonner au football. Ils viennent ici tout le temps et s’entrainent durement. Il faut savoir que le foot de plage est plus difficile que le foot dans les terrains gazonnés. Les promoteurs doivent donc penser à suivre les matches de plage pour repérer les jeunes talents.”

Pour lui, les autorités devraient également penser à ce foot d’un autre genre. ‘’Elles (les autorités en charge du football au Sénégal) doivent venir en appui aux jeunes ici. Ils sont pétris de talent et ils méritent d’être recrutés dans les championnats ou dans les équipes nationales. Il y a du talent sur nos plages”.

MOUSTAPHA DIAKHITE (STAGIAIRE)

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