Publié le 15 Nov 2019 - 21:00
BOY DJINNE DEVANT LA COUR D’APPEL

‘’J’avais peur pour ma vie’’

 

Baye Modou Fall, communément appelé ‘’Boy Djinné’’ a comparu avant-hier, devant la Cour d'appel, pour tentative d'évasion. Il a souligné les conditions inhumaines dans lesquelles il avait été traité en prison, par le passé. Il sera édifié sur son sort, ce 4 décembre.

 

L’affaire Boy Djinné est partie pour battre le record de longévité d’un feuilleton judiciaire au Sénégal. Baye Modou Fall alias ‘’Boy Djinné’’ avait été relaxé, il y a plus d'un an, pour tentative d’évasion. Mais le parquet avait interjeté appel. Car convaincu qu’il avait tenté de s’évader de prison pour la énième fois, en creusant un trou dans sa cellule.

Mais Boy Djinné conteste et évoque les maltraitances qu'il subissait en prison. Il soutient que tout ce qu'il voulait, c'était attirer l'attention de la justice.

‘’J’avais peur pour ma vie. J'ai tenté de parler aux autorités de la prison de mon cas, mais ils ne voulaient rien entendre. J'avais décidé de creuser ce trou, faire une chose qui allait les intriguer pour qu'ils puissent me prêter une oreille. J'ai creusé un trou dans la chambre, j'ai brisé les carreaux avec le couvercle d’une boite de corn bœuf, juste pour les provoquer. Je ne creusais pas pour m'évader. Je voulais être jugé à nouveau et j'ai eu gain de cause, puisque j'ai, depuis lors, le même traitement que les autres‘’. Tout en ajoutant avoir été menotté pendant 8 mois, sans drap, ni couverture.

‘’Il a créé un tohu-bohu géant au niveau de l’Administration pénitentiaire‘’

 ‘’Lors de sa dernière évasion, il a été arrêté au niveau de la frontière sénégalo-gambienne. Il ne peut pas avoir le même régime que les autres détenus et c’est une aberration judiciaire en nous faisant croire qu'il voulait alerter sur son état de santé‘’, a observé le représentant du parquet qui a trouvé la tentative avérée, puisqu'un trou de 7 mètres a été creusé, selon le procès-verbal. ‘’C’était pour avoir un moyen de sortir de prison gratuitement‘’, a-t-il martelé et d’ajouter que la tentative est punissable et qu'il y a un commencement d’exécution. Il a requis une peine de 6 mois ferme à son encontre.

Un réquisitoire qui sidère Me Abdoulaye Tall de la défense. A ses yeux, son client s'est vu attribuer tous les noms d’oiseaux et, maintenant, on veut le prendre pour un rat. ‘’Un trou de 7 mètres est un puit ! Comment il peut être menotté à une main et creuser un trou de cette profondeur ?‘’, s’est-il écrié, avant d’ajouter que c’est un acte légitime de vouloir se faire entendre, puisque son client était entre la vie et la mort. ‘’J’ai eu à dénoncer par écrit, dans un article, informant que Baye Modou était en isolement, subissant les affres de la prison dans des conditions inhumaines‘’.

Ainsi, il a demandé au tribunal de confirmer la première décision et de le renvoyer des fins de la poursuite. Où, au pire des cas, lui amputer la destruction de biens appartenant à l’État. Il a déploré la persécution que subit son client par le parquet et a demandé à ce dernier et au tribunal de respecter sa dignité.

La décision sera rendue le 4 décembre 2019.

FAMA TALL (STAGIAIRE)

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