La capitale de la Tidjania a accueilli ses fidèles et vibré hier matin, et durant toute la journée, au rythme de la célébration de la nuit du Prophète Mohamed (PSL). Pour l’occasion, un important dispositif sécuritaire a été déployé dans la ville sainte.

Dans un contexte marqué par la montée du terrorisme en Afrique et dans le monde, organiser un tel événement qui réunit des milliers de personnes nécessite le déploiement d’un dispositif sécuritaire pour prendre en charge cette question cruciale. De l’intersection de la voie de contournement de Thiès jusqu’à Tivaouane, on ne remarque qu’une chose : la présence tous les 100 m ou presque d’éléments de la gendarmerie et de la police nationale. On se croirait dans un champ de bataille. Un jalonnement qui témoigne de la volonté des forces de défense et de sécurité de veiller à la sécurité des pèlerins et d’assurer, en même temps, la fluidité du transport. C’est le même décor jusqu’à l’entrée de la ville de Maodo, où nous avons débarqué à 8h 25 mn.

Sur place, en plus des Wazifa (litanies), c’est le dispositif sécuritaire bien corsé qui campe le décor. Cette commune fondée en 1904 et qui accueille, chaque année, des milliers de fidèles qui viennent du Sénégal, d’Afrique et d’ailleurs, est quadrillée. Ici, les éléments de la police nationale déployés et qui, pour la plupart, détiennent dans leurs mains leur petit appareil noir de communication, contrôlent des véhicules et les va-et-vient des piétons. C’est vrai qu’il est peut-être difficile pour les agents de la police de contrôler tous les 7000 ha de la commune de Tivaouane. Cependant, les sites stratégiques sont ‘’bunkerisés’’ ; et difficile d’échapper au regard des policiers. En plus des éléments de la police, le bataillon du Train y est implanté juste à la sortie du marché de Tivaouane pour le même service.

Un geste salué à sa juste valeur par certains fidèles rencontrés dans la capitale de la Tidjania au Sénégal. ‘’Chaque année et avec toute ma famille, nous quittons Banjul pour venir prendre part à la célébration de la naissance du Prophète, à Tivaouane. Je remarque toujours la présence de la police sénégalaise. Mais cette année, je crois que le nombre a doublé voire triplé. C’est une très bonne chose. Car ce sont des milliers de pèlerins qui seront accueillis ici’’, lance avec fierté Malang Jallow. Trouvé en bas du domicile du défunt Khalife général des Tidianes, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, ce Gambien de nationalité estime que pour un événement d’une telle ampleur, toutes les forces de défense et de sécurité du Sénégal devraient y être déployées pour assurer la sécurité de tous. Parce que, dit-il, le monde est en perpétuelle insécurité.

‘’Je trouve que c’est très normal, parce qu’on entend des attaques djihadistes un peu partout à travers le monde. Ces genres de rassemblement demandent également le déploiement de milliers de policiers. Si on pouvait amener à Tivaouane tous les militaires sénégalais pour nous assurer la sécurité pendant les trois jours, ce serait une excellente chose. Je suis venu de la Gambie et il y aura forcément des gens qui viendront du Maroc, de la Mauritanie… Donc, j’invite les forces de défense et de sécurité à la vigilance. Ils vont avoir un événement compliqué à gérer’’, estime un habitant du quartier Mandiaye.

‘’La sécurité n’a pas de prix’’

Une autre rue, une autre présence policière. Nous sommes à ‘’Cogn diaka’’. Sur le chemin qui mène au complexe résidentiel Seydi El Hadj Malick Sy, deux véhicules de la police nationale de marque Foton y sont stationnés. A droite et à gauche de la chaussée, les agents de la police veillent tant bien que mal à la sécurité de la zone. Un quartier réputé dangereux, du fait de la présence massive des délinquants pendant la nuit. Croisée à sa sortie d’un magasin de vente de tissus importés, Mme Faye Sokhna Dieynaba recommande aux policiers de ‘’bien surveiller’’ ce quartier. ‘’L’initiative de la police est très pertinente et salutaire. Je leur demande de très bien surveiller cette zone, avant, pendant et après le Gamou. Je ne sais pas qui a pu les informer de la dangerosité de ce quartier, et surtout pendant la nuit. Mais c’est une très bonne chose. Nos enfants n’osent pas sortir la nuit, parce qu’il y a beaucoup d’agresseurs. Si la police pouvait effectuer des patrouilles permanentes dans notre quartier, ça serait mieux. En tout cas, avec cet important dispositif sécuritaire, on peut vaquer librement à nos occupations jusqu’au petit matin’’, se félicite Sokhna Dieynaba.

Tous les sites stratégiques de la ville de Tivaouane, notamment le complexe Seydi El Malick Sy, sont sécurisés. Ici encore, pour y accéder il faut brandir sa ou ses pièces d’identification. C’est la règle numéro 1. ‘’Parfois, en procédant au contrôle, les policiers nous font perdre énormément de temps. Je demande aux uns et aux autres de bien se comporter devant eux. Ils sont débordés. On doit les comprendre, parce qu’ils sont là pour nous assurer une bonne sécurité. Comme on dit, la sécurité n’a pas de prix. C’est comme la santé’’, conseille Ababacar Diagne, un jeune fidèle tidjane trouvé devant le complexe résidentiel Seydi El Hadji Malick Sy.  Aussi demande-t-il à tous les pèlerins de coopérer avec les forces de défense et de sécurité pour les aider à remplir la mission qui leur est assignée.

Cette présente édition du Gamou doit être célébrée dans la nuit du 30 au 1^er décembre 2017. Une première sans les Khalifes généraux des Tidianes Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Maktoum et Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine disparus au cours de l’année 2017, et dont les effigies illuminent Tivaouane, quadrillée par la Police.