Publié le 17 Jun 2021 - 18:39
CARENCE EN FER

50 % des enfants et moins de 30 % des femmes touchés

 

La carence en fer touche plus de 50 % des enfants qui sont âgés de moins de 10 ans et 20 à 30 % de femmes en âge de procréer. C’est ce qui pousse des spécialistes à lancer un appel à l’endroit de la communauté pour une meilleure sensibilisation, afin de juguler les mille et une conséquences chez les patients.

 

La carence en fer est la carence en micronutriments la plus répandue en Afrique centrale et de l’Ouest. Elle constitue la principale cause de l’anémie, notamment chez les jeunes, les enfants et les femmes en âge de procréer au Sénégal. La plupart des personnes qui en souffrent ne le savent pas. Elles en ignorent les causes et les conséquences.

Conscients que les populations méconnaissent que la consommation d’aliments enrichis en fer est une solution abordable et réaliste à ce problème de santé, des spécialistes ont organisé une journée de consultation et de sensibilisation hier. Lors de cette dernière, la médecin-cheffe du district sanitaire de Dakar Sud a déclaré que la maladie atteint en particulier 50 % des enfants et 20 à 30 % des femmes en âge de procréer.

Selon le docteur Maty Diouf, les femmes enceintes sont particulièrement touchées, avec plus de la moitié d’entre elles qui présenterait une anémie ferriprive après leur 25e   semaine d’aménorrhée. Ainsi, la future maman a besoin d’une attention particulière, car la grossesse entraine une augmentation des besoins en fer liée à l’élévation de la masse sanguine, à la croissance fœtale et au développement placentaire. La carence en fer est aussi associée à une augmentation de la prématurité, un petit poids de naissance et plus grave encore, une augmentation de la mortalité périnatale et de morbidité maternelle, dans les situations les plus graves.

Les enfants constituent l’autre couche vulnérable. D’après le Dr Diouf, ils sont particulièrement exposés à cette maladie au cours des trois premières années de leur vie, en particulier chez certaines populations à risque, à savoir celles à revenus faibles des villes et des campagnes.

L’adolescent, également, n’est pas épargné, en particulier les jeunes filles. Pour ces dernières, la croissance importante et les pertes menstruelles expliquent leurs besoins élevés en fer.

D’après elle, 1,5 million d’enfants ont un rendement scolaire inférieur à leurs capacités réelles, à cause de l’anémie. Ainsi, la carence en fer affecte le développement intellectuel, la capacité physique et celle d’apprentissage des élèves.  ‘’Malheureusement, la plupart des personnes ne savent pas qu’elles en souffrent ou que leur progéniture en souffre. C’est la raison pour laquelle cette campagne de sensibilisation sur la malnutrition, notamment sur la carence en fer en ciblant les jeunes et les femmes en âge de procréer, vise, entre autres, avec la collaboration de Nestlé-Sénégal, à mettre au centre des préoccupations des autorités politiques, religieuses et administratives, mais surtout au niveau des parents l’impérieuse nécessité d’élargir le champ de la lutte contre la carence en fer et la malnutrition. Ceci, en mettant l’accent sur une alimentation riche en oligo-éléments et en vitamines, mais surtout en fer’’, soutient-elle.

L’appel du Pr. Saliou Diouf à l’endroit de la communauté

De son côté, le spécialiste en santé communautaire et nutrition estime que les patients qui souffrent de cette carence ont une alimentation pauvre en protéines d’origine animale et en fruits et légumes. Pour le Pr. Saliou Diouf, malgré ses conséquences néfastes sur la croissance, le développement cognitif et la santé des enfants, la carence en fer isolée ou associée à l’anémie reste largement méconnue ou négligée.

Résoudre le problème de la carence, selon le Pr. Diouf, demeure l’un des défis majeurs en matière d’alimentation et de nutrition, de santé et d’apprentissage des enfants. Les mesures de prévention, renseigne-t-il, doivent être accompagnées par une vaste campagne d’information et de sensibilisation de la population, surtout des mères, sur les risques liés à cette maladie, en mettant à contribution tous les moyens disponibles pour combattre ce fléau.

Ainsi, le chef de service à l’hôpital Dalal Jamm a lancé un appel à l’endroit des décideurs, à la société civile et aux médias, afin qu’ils participent davantage à la lutte contre la carence en fer, en mettant l’accent sur les facteurs contributifs et les moyens de prévention, afin que nul n’en ignore.

CHEIKH THIAM

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