Publié le 17 May 2012 - 20:05
CARTE DE SÉJOUR OBLIGATOIRE EN MAURITANIE

Des Sénégalais prêts à plier bagages

Mohamed Ould Abdel Aziz président de la République de Mauritanie

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, reste intransigeant sur la question de la carte de résidence pour tous les étrangers, y compris les Sénégalais. Les tractations de l’Ambassadeur du Sénégal et de ses pairs de Gambie et du Mali n’ont pas empêché l’instauration de ce sésame pour tout étranger vivant sur le sol mauritanien.

 

L’ambassadeur du Sénégal en Mauritanie, SEM Mamadou Kane a reçu ce 13 mai une note indiquant qu’il a été bel et bien institué une carte de résidence pour tous les étrangers désirant vivre en Mauritanie. Aussitôt, il a convoqué, le lundi 14 mai, les responsables de la communauté sénégalaise pour leur notifier officiellement la nouvelle.

 

Désormais, les Sénégalais qui désirent vivre en Mauritanie doivent prendre la carte de résidence. Il faut aux candidats une copie de la pièce d’identité en cours de validité, un acte tenant lieu de titre de travail ou une inscription au registre de commerce, un contrat de bail ou une facture d’électricité ou d’eau (facultatif) et une quittance de 30 000 ouguiyas l’équivalent de 50 000 F Cfa. Les enfants âgés de 5 ans sont également soumis à cette réglementation, ainsi que les Sénégalaises mariées aux Mauritaniens. La date butoir est maintenue au 1er juin prochain. La communauté sénégalaise espère que les autorités mauritaniennes en tiendront compte, dans la mesure où elles qualifient les Sénégalais ''d’étrangers privilégiés''.

 

''Tous ceux qui peuvent le faire pourront, dès maintenant, se rapprocher des services compétents. Toutefois, nous allons continuer à travailler pour que les choses se passent normalement et nous allons tout faire, en rapport avec les autorités mauritaniennes, pour que l’échéance prévue au 1er juin soit reportée jusqu’en janvier prochain'', a laissé entendre l’ambassadeur du Sénégal. En ce qui concerne les Sénégalais qui ont perdu leurs pièces d’identité, ''nous allons demander une dérogation jusqu’après les élections législatives, afin qu’une commission du MINT effectue une mission en Mauritanie à cet effet'', promet le diplomate sénégalais. La carte de résidence a une validité d'un an renouvelable. Et, elle permet aux détenteurs de voyager librement sans être contraints de présenter la caution de 50 Euros, devise exigée jusqu’à présent à la frontière comme formalité d’accès au territoire mauritanien. Avec l’obtention de cette carte, vous êtes considéré comme légalement installé en Mauritanie.

 

 

Les Sénégalais préparent le retour au bercail

 

Les réactions n’ont pas tardé dans le milieu des Sénégalais notamment chez les marchands ambulants et les femmes restauratrices. ''Il me sera impossible d’avoir ce montant de 50 000 F pour la simple raison que je ne gagne pas ça dans le mois. Je serai contraint alors de retourner au Sénégal'', se désole Assane Diop, un marchand ambulant qui vit depuis plus de 10 ans en Mauritanie. Même son de cloche chez Nabou, une restauratrice. ''Je crois que je vais commencer à plier bagages, dès à présent. Parce que je connais bien la police mauritanienne, en cas d’expiration de la date limite pour l’obtention de cette carte''. En tout cas, la majorité des Sénégalais vivant en Mauritanie adopte ce principe de retour au bercail. Certains responsables de famille se trouvent confrontés à ce problème de quittance, surtout pour leurs enfants. ''Je vais peut-être envoyer mes enfants au pays, auprès de la famille. Je ne pourrai pas supporter tous ces frais'', lance Mamadou Ndoye, la quarantaine, ouvrier de son état, avec plus de 5 enfants en charge.

 

Les choses sont devenues donc claires. D’ici peu de temps, les Sénégalais seront contraints à prendre le chemin du retour au bercail, du moins, les moins nantis, eu égard à cette mesure restrictive. Certains se posent la question de la réciprocité. Ayant séjourné du 22 au 24 avril dernier en Mauritanie, le ministre des Affaires étrangères, Me Alioune Badara Cissé déclarait à cette occasion: ''La réciprocité ne me semble pas être une bonne attitude. Nous avons des voies et des moyens pour élever la voix et protester quand nos compatriotes ne sont pas bien traités''. Cependant, les Sénégalais vivant en Mauritanie y pensent déjà, quelle que soit l’attitude qu’adopteront les nouvelles autorités de Dakar.

 

Ibou Badiane

(Correspondant en Mauritanie)

 

Section: 
VISA POUR LES USA REFUSÉ AUX LIONNES : Sonko hausse le ton, entre souveraineté revendiquée et critiques acerbes
BATAILLE DE POSITIONNEMENT : Pastef vs Pastef 
APRÈS AVOIR PARTICIPÉ AU DIALOGUE L'opposition demande à Diomaye de créer un comité inclusif de suivi
Arrestation de Moustapha Diakhaté
ARRESTATIONS POLITIQUES Entre rupture judiciaire et continuité répressive ?
Tas accuse Pastef de "Clanisme"
PUBLICATION DES RAPPORTS D’EXÉCUTION BUDGÉTAIRE : Diomaye et Sonko font pire que Sall
VOITURE DES DÉPUTÉS À 54 MILLIONS F CFA : La fracture morale
VISITE DE SONKO À PÉKIN : Une diplomatie économique au service de la souveraineté
LIBÉRATION DES DÉTENUS, HAUTE COUR DE JUSTICE, LIBERTÉ DE LA PRESSE : Ces mesures fortes attendues par l'opposition républicaine
FIN DIALOGUE NATIONAL : Mi-figue mi-raisin
SITUATION PARTI SOCIALISTE : Les responsables de Dakar appellent à la réunification
JET PRIVÉ DU PM : Entre fantasmes et réalité
DIALOGUE NATIONAL AU SÉNÉGAL : Incertitudes autour du statut du chef de l’opposition
POURSUITE DES TRAVAUX DU PORT DE NDAYANE : Plus de 480 milliards F CFA  investis  en 2025
POUR LA LIBÉRATION DE MANSOUR FAYE : La Cojer départementale de Ndar  se mobilise
MANQUE D’EAU À NDIOSMONE-PALMARIN : Les populations marchent contre la Se’o
MACKY SALL DANS LA COURSE POUR L'ONU : Ambition personnelle ou défi diplomatique africain ?
APR ET GSB PRENNENT LE CONTRE-PIED DU POUVOIR : Le dialogue parallèle des opposants
SÉNÉGAL BINU BOKK : La nouvelle voie politique de Barthélemy Dias