Publié le 23 Dec 2023 - 00:15
CATASTROPHE DANS UN PORT DE CONAKRY

Une explosion fait 13 morts et des centaines de blessés

Dans la nuit du dimanche au lundi, le dépôt d’hydrocarbures de la Société guinéenne de pétrole a pris feu, dévastant une bonne partie du centre d'affaires de la capitale guinéenne.

À Kaloum, beaucoup de Guinéens ont dormi hier à la belle étoile. Et pour cause ! Une puissante explosion qui a fait fuir certains habitants de la capitale de leur habitat. Aux environs de minuit, rapportent les médias guinéens, un dépôt d’hydrocarbures de la Société guinéenne de pétrole (publique), dans le quartier administratif et des affaires, non loin du port, a pris feu. ‘’C’est un bruit assourdissant qui nous a réveillés. Nous qui logeons près du marché Niger, les vitres de notre habitation et celles de nos voisins ont volé en éclats. On est parvenu à nous éloigner de l’endroit’’, a confié une habitante de Kaloum sous le choc.

Un premier bilan officiel a été établi par les autorités. Selon le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Oumar Diouhé Bah, “la situation est déjà sous contrôle et nous dénombrons, à cette heure-ci, 178 personnes prises en charge, dont 10 dans les structures privées. Sur les 178 personnes reçues, 89, soit 50 %, ont regagné leur famille avant 6 h. Tout le personnel médical est mobilisé et tous les moyens sont mis à disposition et pour cela, je précise que la prise en charge est intégralement gratuite. Malheureusement, dans les deux hôpitaux nationaux, nous avons reçu 13 dépôts de corps, dont deux décès à l’arrivée aux alentours de midi”.

Le président de la transition guinéenne a présenté ses condoléances aux familles des victimes.

Le plus grand du pays, un point névralgique de Conakry

Situé dans le centre administratif, une sorte de presqu'île dans laquelle se trouvent les ministères, les banques, les bureaux de l’Administration, des ambassades, le dépôt de la Société guinéenne de pétrole est le plus grand de tout le pays, dans un véritable point névralgique de toute l’administration guinéenne.

Selon des informations fournies par BBC, les bâtiments de la Fédération guinéenne de football, le tribunal qui a tenu le procès du massacre du 28 septembre et plusieurs bâtiments gouvernementaux ont été touchés.

Si la cause de cette catastrophe reste encore inconnue, l’incendie a provoqué une véritable panique chez les habitants de la zone. Des habitants de Kaloum ont quitté leurs domiciles par vagues successives pour rallier la banlieue ou le bord de mer. ‘’Pour éviter la panique qui commence à s'emparer des populations, des stations-service sont fermées jusqu'à nouvel ordre, excepté pour les services d'urgence qui vont pouvoir s'approvisionner’’, ont soutenu les autorités.

En ce moment, la mosquée Fayçal offerte par l'Arabie saoudite et le palais du Peuple (lieu des grands événements à Conakry) sont remplis de victimes et de volontaires apportant de la nourriture et de l'aide médicale aux blessés.

Selon des sources locales, le ministre de la Sécurité, le général Bachir Diallo, a révélé que le Sénégal avait envoyé une équipe de médecins et de spécialistes des incendies. Le Mali a également annoncé qu'il enverrait de l'aide, tout comme d'autres pays.

Le Sénégal a envoyé une équipe pour aider les autorités guinéennes

Aussi, rapporte le porte-parole du gouvernement, ‘’une cellule de crise qui a été constituée sous la direction du Premier ministre, qui est à pied d'œuvre pour mobiliser les informations, apporter les premiers soins aux victimes et faire face à cet incendie’’. Ousmane Gaoual Diallo signale également qu’un mécanisme d'évacuation de ceux qui sont à proximité vers le Grand Palais du peuple a été mis en place. Et l'esplanade du palais sert de lieu d'abri provisoire pour ces victimes.

Malgré ces mesures, le quartier de Kaloum a connu une journée fantomatique hier. Les autorités ont déclaré la journée sans travail. Les écoles et les fonctionnaires de l’État sont sommés de rester à la maison. À Corinthie, quartier le plus touché de la presqu’île de Kaloum, quelques habitants défoulent leur colère. ‘’Je le dis tout le temps. Ça, c'est dangereux ! On n'est pas en sécurité avec tout ça. Les camions-citernes sont partout. Le dimanche, tu ne peux même pas circuler. On ne sait même pas s'ils sont bien fermés. On s'attendait à ce que ça arrive. Ce dépôt doit être installé à l’extérieur de la ville’’, témoignait Bineta sur RFI, une habitante du quartier de Corinthie, après l'explosion.

Beaucoup de foyers restent encore à éteindre, dans la soirée d’hier. Selon un pompier interrogé par la presse guinéenne, ‘’il ne sera pas facile d’éteindre le feu avant trois ou quatre jours en raison de la vétusté de nos équipements. Nous ne voulons pas que les flammes se propagent à d’autres endroits. C’est un feu de classe B’’.

Lamine DIOUF

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