Publié le 18 Feb 2020 - 22:38
COMMEMORATION DES EVENEMENTS TRAGIQUES DU 16 FEVRIER 1994

Cheikhna Keïta réclame plus de protection pour les policiers

 

Le président du Mouvement national des policiers à la retraite du Sénégal, le commissaire Cheikhna Keïta, a profité, avant-hier, de la commémoration des évènements tragiques du 16 février 1994, pour interpeller les autorités étatiques sur la nécessité de protéger les forces de défense et de sécurité dans l’exercice de leurs missions.

 

Le 16 février 1994, comme le 15 avril 1987, jour de leur radiation, sont des dates que les policiers du Sénégal ne sont pas prêts à oublier. Avant-hier à Diourbel, ils ont rendu un vibrant hommage aux policiers tués le 16 février 1994, lors d’un meeting organisé au boulevard Général De Gaulle par l’opposant Abdoulaye Wade.

C’est, en effet, le camp des gardes qui loge la plupart des retraités de la police, qui a servi de lieu de souvenir aux policiers tués le 16 février 1994 au boulevard Général De Gaulle de Dakar. A cette occasion, Cheikhna Keïta, Président du Mouvement national des policiers à la retraite du Sénégal tous corps confondus, brigadier-chef des gardiens de la paix à la retraite, revient sur ce douloureux épisode de la police nationale.

‘’Ce 16 février, c’est une date historique pour nous les policiers. Abdoulaye Wade, alors opposant, tenait un meeting au boulevard Général De Gaulle. Des policiers étaient partis pour maintenir l’ordre, parce que l’ordre n’était pas perturbé. Quelque temps après, ils ont été surpris dans leur véhicule. Six d’entre eux ont été exfiltrés et froidement égorgés. Aujourd’hui, on les rend hommage en se rappelant cette cruauté’’, ressasse-t-il.

Le commissaire Cheikhna Keita et ses camarades n’ont pas manqué de déplorer l’insécurité grandissante dans ce pays. Ils ont fustigé ce qu’ils considèrent comme une politique de deux poids, deux mesures à l’endroit des policiers. ‘’Quand des policiers sont égorgés froidement ou assassinés, on n’en parle pas. Mais quand un policier égratigne un agresseur, on ameute tout le monde en disant que ce n’est pas normal’’, fulminent-ils.

Revenant sur les évènements de Fatick qui se sont soldés par la mort de Lamine Koïta, Cheikhna Keita dédouane ses collègues. ‘’On a accusé des policiers, or c’est tout le contraire. Celui-là, on ne l’a pas touché. En courant, il a vomi du sang. Les policiers l’ont transporté à l’hôpital, il en est mort. C’est le cas qui s’est passé à Thiès avec El Capo. Mais c’est tout le contraire. Le 23 juin 2011, on ne parle que de Mamadou Diop. Or (le policier) Fodé Ndiaye, armé qu’il était de pistolet, a préféré prendre la fuite. C’est un repli tactique, en trouvant refuge dans une maison pour demander leur protection. On l’a éconduit et remis à ses poursuivants qui lui ont écrasés la tête. On n’en parle pas. Ceux qui l’ont éconduit tombent sous la loi 49 avec le non-respect de l’assistance à une personne en danger’’, rumine-t-il.

Les policiers à la retraite ont, par ailleurs, dénoncé les conditions de travail de leurs collègues en activité. ‘’Aujourd’hui, l’insécurité s’est installée au Sénégal. Les gens ne savent plus à quel saint se vouer. Ils sont agressés de nuit comme de jour. Les bandes sont organisées et on demande aux policiers d’assurer leur sécurité. Comment peut-on assurer la sécurité des personnes au moment où celui qui est chargé d’assurer la sécurité n’est pas en sécurité ? Il faut d’abord protéger ces policiers. Protéger, c’est élargir la légitime défense. Ici au Sénégal, quand le policier est armé d’un pistolet et qu’il est poursuivi par quelqu’un qui est armé d’un coupe-coupe, il n’a pas le droit d’utiliser son arme, parce qu’on dit que ce n’est pas proportionnel. Mais on est dans quel pays ?’’, fulmine-t-il. Avant d’inviter les autorités compétentes à élargir la légitime défense et à protéger les policiers et les gendarmes qui ont en charge de sécuriser les personnes et les biens, pour que la paix revienne dans ce pays.

BOUCAR ALIOU DIALLO (DIOURBEL)

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