Publié le 31 May 2012 - 08:21
COMMENTAIRE

À l'État de choisir !

 

''Un Boeing qui tombe, chaque mois, quelque part, avec à son bord 450 000 personnes'', sans qu'il n'y ait un seul survivant. L'image est saisissante. Mais, le chiffre avancé par le Dr Abdoul Almamy Hann, chef de service de pneumologie de l’hôpital Fann, est bien le reflet de la triste réalité des méfaits du tabac.

 

Ce chiffre renseigne sur la pandémie mondiale et interpelle fumeurs et décideurs. Car, il faut le dire, le tabagisme est une épidémie qui ruine les populations pauvres et tue de manière lente et dans d'atroces souffrances. En cette journée mondiale sans tabac, les nouvelles autorités sénégalaises sont interpellées au premier chef. Car, il urge de corriger l'anachronisme qui consiste à accueillir deux usines de tabac en terre sénégalaise, alors que ce pays est signataire de la convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac. En l'espèce, l'argument fallacieux selon lequel les gens sont libres de fumer ne saurait tenir. L'État a le devoir de protéger ses populations, s'il le faut contre leur gré, au nom du principe sacro-saint de la protection civile qui lui échoit.

 

En agréant la diminution du prix de la cigarette au Sénégal, en 2011, le régime libéral avait perdu une formidable occasion de porter un coup fatal au tabagisme déjà durement frappé par la crise économique. Au lieu de cela, la cigarette a fini de faire une fulgurante percée au niveau de la gent féminine et ne s'est jamais aussi bien comporté au niveau des jeunes. Du tabac à la drogue, il n'y a qu'un pas allègrement franchi par une jeunesse déshéritée, en manque de repères et qui se complaît dans les abus et les expériences dangereuses. L'histoire récente des lesbiennes de Grand-Yoff est là pour montrer que les dérapages ne sont pas un vain mot.

 

Aujourd'hui, il est clair que l’État doit prendre à bras le corps cette question de santé publique, en mettant en place des mesures coercitives à même de freiner la consommation du tabac. L'heure est venue de choisir entre quelques milliards de redevance qui tombent chaque année dans les caisses du Trésor et la santé de sa population.

 

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