Publié le 31 Jul 2013 - 19:45
CONSÉQUENCES DE L’AUTOROUTE À PÉAGE

La complainte des populations

 

Le prolongement de l’autoroute à péage n’a pas fait que des heureux, dans les zones qu’elle traverse en  banlieue dakaroise. Maisons inondées, enclavement et insécurité sont le lot quotidien de certaines populations.

 

La livraison de l'autoroute à péage est prévue pour le 1er août. Si l'ouvrage est salué par les populations, d'une manière générale, celles des zones de la banlieue que traverse l'autoroute ne partagent pas cet enthousiasme.

Avec les premières pluies qui se sont abattues à Dakar et sa banlieue, les habitants des localités de Guinaw Rails, Diamaguène, Sicap Mbao ont perdu leur calme et font savoir le calvaire qu’ils endurent depuis la création de cette autoroute.

Ibrahima Hanne, Président du collectif des habitants de Diamaguène, Sicap Mbao, expose leurs doléances : ''Nous avions adressé une correspondance au Premier ministre pour lui expliquer les problèmes auxquels nous sommes confrontés et qui ont pour noms : enclavement, inondation, etc. Mais sans retour. Nous avons aussi un problème de mobilité, car après le passage de l’autoroute à péage, nous avons la route principale qui est complémentent coupée. Finalement, on  a érigé ici une passerelle. Le lieu est très obscur la nuit et favorise l'insécurité. Présentement, on a plusieurs cas d’agressions.''

''Les autorités ont annoncé par voie de presse qu’elles ont effectué le curage de tous les caniveaux, et que par conséquent il n’y aurait pas de problèmes liés aux inondations. C'est faux ! Le canal qui traverse les quartiers Sam Sam et Nasroulahi n’est pas curé. En plus, la station de pompage est en panne.''

A l’en croire, une frange de la population est coupée du monde. Il lui faut aller de l’autre côté, pour avoir accès aux services de la police, de la gendarmerie, et des autres structures sociales de base. ''Ce que nous voulons, c’est qu’on facilite notre mobilité. ''De ce côté de la route, il n'y a aucune infrastructure. Rien du tout ! Nous ne demandons pas la destruction de cette passerelle, mais qu’on construise une autre rampe, à défaut de faire un tunnel, comme c'est le cas à Dalifort, pour nous permettre d’avoir une bonne mobilité'', a indiqué Ibrahima Hanne.

La dame Rokhaya Niang, handicapée, se déplace grâce à un bâton. Elle est habitante du quartier de Touba Diamaguene-Sicap Mbao. Elle déplore le manque de structures pouvant permettre aux handicapés une meilleure mobilité. ''En construisant cette autoroute, les concessionnaires n’ont pas pris en compte les handicapés. On ne sait pas s'y prendre pour traverser cette autoroute à péage. C’est un véritable calvaire. Nous voulons une passerelle qui tienne compte des handicapés’’, a tonné Rokhaya Niang.

 

''Sur le qui-vive''

 

Dans ce concert de récriminations, Coura Bass, une mammy d'une soixantaine, entre dans une colère noire, dès qu'on mentionne le nom autoroute. ''Nous n’avons pas d’électricité la nuit. Personne n'ose sortir à cause des malfrats qui guettent et n'hésitent pas à te faire la peau. Nous vivons sous la hantise des agresseurs qui nous dictent leur loi. Lorsqu'il pleut, on ne sait plus à quel saint se vouer. On est tout le temps sur le qui-vive, à cause de plusieurs facteurs dont l’autoroute à péage'', a fulminé ''grand-mère'' pour les intimes.

À Guinaw Rails, une autre localité traversée par l’autoroute à péage, c’est le même triste constat. Sauf qu’ici, outre les cas d’agressions et d’insécurité, les eaux stagnent à chaque fois qu’il pleut, à cause de l'infrastructure. ''Cette autoroute a fait plus de mal que de bien. Nous sommes très enclavés depuis qu’elle est passée par là. Mais le plus cocasse, ce sont les eaux stagnantes nauséabondes, chaque fois qu'il pleut, du fait d’un mauvais système de canalisation'', a confié une vendeuse de poissons séchés qui a requis l’anonymat. ''À cause des passerelles  inadéquates, on a constaté plusieurs cas de jambes brisées et d'entorses'', a confié la dame. ''C’est bien de construire cette autoroute pour une meilleure mobilité. Mais, les autorités doivent également prendre en charge la question de l’assainissement, du drainage des eaux usées et de la construction de bonnes passerelles'', a conclu notre interlocuteur.

 

IDRISSA DJIBIRA, RESPONSABLE À EIFFAGE

 

''Normalement, c’est l’État qui doit s'en charger''

 

''Eiffage, l’État, et APIX le maître d’ouvrage de l’autoroute à péage, se sont réunis pour voir dans quelle mesure ils peuvent faire quelque chose. En dehors du contrat qui définit deux passerelles, Eiffage a fait un don. À propos de ces zones, il faudra voir s'il est prévu de faire des travaux supplémentaires. Les deux parties devront définir comment cela va se faire.

Eiffage a un cahier de charges, par rapport à son client qui est l’État. L’autoroute à péage est un projet de l’État qui doit définir ‘’le remboursement que le gestionnaire doit avoir’’. Par exemple, sur le premier tronçon, Eiffage en est à 50 milliards FCfa. C'est à l’État de dire : ''Tu vas faire l’autoroute avec ça. Il faut faire deux passerelles, etc''. Une telle entente va faire l’objet de discussions C’est cela qui définit ce que le client doit faire.

Mais tout ce qui est à côté, ce sont des avenants. Le contrat est figé. S’il définit qu'il y aura deux passerelles à Guinaw Rail, il y en aura deux. S’il doit y avoir une troisième passerelle qui doit coûter un milliard, Eiffage peut dire qu'une telle chose ne figure pas dans le contrat. S’il y a des problèmes sur l'autoroute, c’est le concessionnaire qui s'en occupe, l’État ne s’occupe pas de son fonctionnement et de son entretien. Si les populations réclament des ouvrages, c’est l’État qui doit s'en charger. Après, le concessionnaire a tout intérêt à faire en sorte de toujours améliorer la qualité de l’autoroute.''

 

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