Publié le 13 Feb 2023 - 13:41
COOPÉRATION MALI - BURKINA FASO - GUINÉE

L’axe de la transition

 

Les 8 et 9 février derniers, les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée ont passé en revue d'importants projets qu'ils partagent en commun. Parmi eux, il y a la construction du chemin de fer Conakry - Bamako - Ouagadougou et le développement du commerce et des transports depuis le port de Conakry jusqu'au Burkina Faso, en passant par le Mali.

 

C'est à Ouagadougou que s'est tenue la réunion des ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée. Les trois régimes autoritaires issus de coups de force entendent mener à bien les projets qu'ils ont en commun.

Ainsi, Olivia Ragnaghnewendé Rouamba, Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabé de l'extérieur, Docteur Morissanda Kouyaté, Ministre des Affaires étrangères, de l'Intégration africaine et des Guinéens établis à l'étranger, et Abdoulaye Diop, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali ont échangé sur la vision commune que nourrissent les trois chefs d'État de transition.

Lors des séances, selon une note parvenue à ‘’EnQuête’’, les trois ministres ont passé en revue les sujets qui ont une importance majeure et d'intérêt commun pour eux. "Notamment la réussite des processus de transition devant conduire au retour à l'ordre constitutionnel apaisé et sécurisé ; la promotion de la bonne gouvernance ; la mutualisation des moyens pour relever les défis sécuritaire, économique et humanitaire ; le renforcement de leur relation tripartite par la dynamisation de l'axe Bamako - Conakry - Ouagadougou, ainsi que la concertation sur les questions sous-régionales, régionales et internationales".

En effet, la CEDEAO a condamné les putschs successifs dans ces trois pays et exigé le retour d'un gouvernement civil. Mais la priorité de ces chefs d'État militaires semble être ailleurs : lutter pour enclencher la montée en puissance de leurs pays. "Tout en réaffirmant leur attachement aux objectifs et principes de la CEDEAO et de l'Union africaine, ils se sont engagés à répondre aux aspirations des populations de leurs pays respectifs et à faire de l'axe Bamako - Conakry - Ouagadougou un domaine stratégique et prioritaire pour le développement du commerce, des transports, de l'approvisionnement en produits de première nécessité, de la formation professionnelle, du développement rural, de l'exploitation minière, de la culture et des arts, ainsi que de la lutte contre l'insécurité", indique la note.

Il ressort toujours de cette rencontre que les différentes parties ont l’engagement de mener à bien certains projets d'envergure. Entre autres, dit-on, il y a la nécessité de mettre en place et d'institutionnaliser un cadre permanent de concertation entre les trois pays, avec la tenue de consultations politiques et diplomatiques au plus haut niveau, afin de faire de ce partenariat Bamako - Conakry - Ouagadougou un axe gagnant pour le bien-être des populations. Il y a aussi le renforcement de la solidarité en vue d'assurer la sécurité, souligne-t-on.

 

Projet de construction du chemin de fer Conakry – Bamako -  Ouagadougou

Ainsi, les hauts représentants de ces gouvernements de transition ont prévu d'entreprendre la facilitation de la fourniture en hydrocarbures et en énergie électrique entre les trois pays, dont "le développement du commerce et des transports depuis le port de Conakry jusqu'au Burkina Faso, en passant par le Mali ; l'organisation de l'exploitation minière entre les trois pays ; la mobilisation des ressources nécessaires en vue de réaliser le projet de construction du chemin de fer Conakry – Bamako - Ouagadougou ; la réhabilitation et la construction des routes internationales entre les trois pays devant servir de leviers de croissance économique et faciliter la libre circulation des populations et de leurs biens".

D'autres initiatives sont également prises en compte telles que la dynamisation des échanges économiques et commerciaux ; le renforcement de la coopération dans le développement rural, de l'environnement et de la formation professionnelle.

Lutte contre le terrorisme

L'activité terroriste est l'un des phénomènes qui frappent certaines zones de ces pays. Ainsi, dans le cadre de la lutte contre l'insécurité dans la bande sahélo-saharienne, "les délégations burkinabé, guinéennes et maliennes ont relevé la nécessité de conjuguer leurs efforts et ceux des pays de la sous-région et de la région pour faire face à ce fléau", au regard de l'ampleur du défi à l'échelle régionale et l'interconnexion des sources de déstabilisation.

À cet effet, elles demandent "une mise en cohérence des actions au niveau régional sur la base des efforts bilatéraux déjà mis en œuvre".

Les différentes parties entendent aussi renforcer les partenariats au sein des instances des trois pays et encourager la recherche de solutions endogènes aux défis auxquels leurs pays sont confrontés. En même temps, elles ont réitéré leur attachement aux principes de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats.

Les ministres n'ont pas manqué à dénoncer les sanctions de la CEDEAO qui ont affaibli leurs nations et les empêchent de participer aux instances statutaires de la CEDEAO et de l'Union africaine et particulièrement celles traitant des défis majeurs auxquels ils sont les plus concernés tels que l'insécurité, les questions humanitaires et de développement économique durable.

Ayant été impactés par ces mesures contre la stabilité de leur pays respectifs, ils "appellent à un appui technique, financier, concret et conséquent aux efforts de sécurisation et à accompagner le processus de retour à un ordre constitutionnel normal". 

En ce sens, soucieux du principe d'équité, les ministres ont convenu de "mutualiser leurs efforts et d'entreprendre des initiatives communes pour la levée des mesures de suspension et autres restrictions". 

MOUHAMADOU RASSOUL KANE (STAGIAIRE)

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