Publié le 17 Jan 2015 - 01:45
COUR DE REPRESSION DE L’ENRICHISSEMENT ILLICITE

Mathiaco Bessane charge Karim Wade et les autres

 

Hier, trois témoins ont défilé à la barre de la Cour de l’enrichissement illicite (CREI). Il s’agit de la notaire Tamaro Seydi, de l’ex-directeur de l’aviation civile Mathiaco Bessane et Véronique Manga, domestique de la mère de Pape Mamadou Pouye, un des présumés complices de Karim Wade.

 

A la suite de la notaire qui a réaffirmé n’avoir jamais créé de société pour les prévenus, c’est l’ancien directeur de l’aviation civile, Mathiaco Bessane, qui a témoigné. Contrairement à la notaire, l’ingénieur en aviation a fait un témoignage à charge, surtout contre Karim Wade, Mbaye Ndiaye et Alioune Samba Diassé, en ce qui concerne les sociétés BMCE, ABS, et AHS. S’agissant de BMCE, le témoin a expliqué qu’il s’agit d’une banque d’affaires qui a travaillé dans la recherche de financement du projet de l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD).

« Le choix de BMCE était retenu à la demande d’Ousmane Masseck Ndiaye en 2005, sans appel d’offres », a-t-il précisé. La mission consistait exactement à mettre en place un système de redevances permettant de préfinancer le projet de l’AIBD. A ce titre, BMCE était chargée de rédiger les documents juridiques et de faire lever des fonds avec une commission tournant autour de 3%.

Et d’après les précisions faites par le substitut du procureur spécial, comme ce fut le cas avec Senelec, ce partenariat n’a pas apporté grand-chose à l’Etat. « BMCE avait pour contrat le développement des infrastructures, mais je ne crois pas qu’elle ait pu créer la redevance sans nous, car nous avions commencé à y travailler », a confié M. Bessane. Pis, selon le développement fait par Me Moustapha Mbaye au cours de son échange avec le témoin, l’Etat semble avoir plus perdu.

En fait, alors que le contrat initial fixait les honoraires à 50 millions de francs CFA, ceux-ci sont passés à 240 millions de francs, avec l’arrivée de Karim Wade. Selon l’accusation, BMCE appartient à Karim Wade, dans la mesure où les deux actionnaires, Bibo Bourgi et son frère Karim Bourgi, seraient des prête-noms. Outre la hausse des honoraires, le contrat stipulait que BMCE pouvait recourir à des experts externes que l’Etat devait payer, ainsi que les frais de ceux-ci. BMCE était aussi exonérée de toute responsabilité, en cas de dommages et c’est l’Etat qui devait tout payer.

Ce n’est pas le partenariat avec BMCE uniquement qui donne le tournis à la CREI. Le contrat avec Daport soulève moult interrogations, car selon le témoin, c’est bien après la signature du contrat qu’ils se sont rendu compte que Daport n’était plus une filiale de Friport, car elle n’avait que 10% du capital. En outre, il y a le fait que, selon l’ex-DG de l’aviation civile, Daport devait participer à la certification et faire augmenter les recettes. Mais celles-ci n’ont pas atteint les résultats escomptés.

Ainsi, le témoin s’est inscrit en faux contre les allégations du prévenu Mbaye Ndiaye qui a affirmé que Daport a permis à l’aéroport de progresser vers le niveau C concernant le classement. « La progression vers une catégorie obéit à des critères d’ordre physique et non grâce aux recettes », a asséné le témoin. Qui a lancé à l’endroit du substitut spécial Antoine Diome : « La catégorisation des aéroports est relative aux longueurs des pistes et types d’avions reçus ».

Actionnariat de Sénégal Airlines et AHS

Le témoin a aussi démenti Pierre Agboba, concernant les codes utilisés en matière d’aviation. Le prévenu avait soutenu qu’ils servaient à identifier les fonctions, notamment ceux qui sont dans le Top management. Le témoin a affirmé qu’ils sont utilisés pour les postes et non pour les personnes. Interpellé sur l’actionnariat des sociétés Sénégal Airlines et AHS, M. Bessane a laissé entendre qu’il ignore si Karim Wade dispose d’actions.

Tout ce dont il est sûr, c’est qu’il a fait l’objet d’un avertissement verbal pour avoir demandé « banalement » les actionnaires de Sénégal Airlines. Egalement, il a dit avoir fait l’objet de plusieurs menaces de la part de Karim Wade qui, dit-il, protégeait ASI, mais aussi AHS, ABS. La preuve, en 2008, le fils de l’ex-président lui avait demandé de ne pas arrêter l’exploitation d’ABS, alors que la société, dont Alioune Samba Diassé réclame la propriété, n’avait pas d’agrément. A propos d’AHS, le témoin a répondu sur interpellation de Mamadou Pouye que celle-ci évoluait par rapport à ses engagements. 

Domestique de la mère de Mamadou Pouye, depuis 1997, Véronique Manga a clôturé l’audition des témoins. La dame a réitéré ses déclarations faites à l’instruction. Alors que son nom figure dans l’actionnariat d’ABS, elle dit ignorer les activités de la société et même la société elle-même. Car son ex-copain, un ressortissant allemand, lui avait promis le mariage, ainsi que des actions dans la société qu’il allait créer. Ensuite, son petit ami l’a mise en rapport avec Alioune Samba Diassé pour la signature des papiers.

Où ? « Nous nous sommes rendus au Café de Rome et chez un notaire établi non loin du Café de Rome », a précisé Véronique Manga. Qui affirme n’avoir jamais reçu d’argent, mais un chèque de 1,957 million qu’elle a versé à Alioune Samba Diassé, après retrait de l’argent. Sur sa lancée, elle a révélé qu’une fois rentrée, Wolf lui a fait savoir qu’elle se devait de restituer les actions qu’elle portait.

Véronique Manga revient lundi pour poursuivre son témoignage.

FATOU SY

 
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